L’année 2016 a été exceptionnelle pour le marché de l’immobilier français avec des hausses de respectivement 1,2% des prix et de 11% des mises en chantier (à près de 340 000).
Dans l’ancien, un niveau record a été atteint avec 845 000 ventes conclues l’an dernier (+5,2%). Les taux historiquement planchers des crédits à l’habitat, l’élargissement du PTZ+ à l’ancien et une modeste augmentation des prix ne sont bien sûrs pas étrangers à ce dynamisme.
Mais de l’avis des experts de Xerfi(1), l’euphorie est sur le point de retomber. En cause, l’inéluctable remontée des taux et des prix sur le plan national, qui progresseront de 2,6% en 2017 et de 2,1% en 2018 dans l’ancien. Ainsi, les transactions diminueront légèrement à court terme (-0,6% en 2017, -1,2% en 2018), tout en restant à haut niveau.
Et les disparités régionales sont toujours d’actualité. Le marché francilien a encore enregistré de bonnes performances en 2016 sur toutes ses composantes. Les prix dans la capitale ont ainsi augmenté de 3,3% l’an passé et la barre des 8 000€/m² a de nouveau été franchie après trois années de recul.
Un dynamisme qui devrait se confirmer en 2017 et 2018, avec des prix en hausse de plus de 4%, d’après les prévisions des experts de Xerfi. En petite et grande couronnes, les évolutions ont été moins spectaculaires mais la tendance restera positive.
Ainsi, les prix des appartements augmenteront avant de baisser en 2018 avec le durcissement des conditions de marché (+2,3% puis +1,4% pour les appartements anciens de la petite couronne).
Les régions littorales et du Sud (Bretagne, Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, PACA), celles disposant de grands pôles économiques (Auvergne-Rhône-Alpes) ou frontalières (Alsace) feront, elles aussi, preuve de dynamisme sur le plan immobilier grâce à une forte hausse de leurs populations.
C’est particulièrement le cas pour Lyon, où l’augmentation des prix constatée en 2016 (+3%) devrait se poursuivre en 2017 avant de décélérer en 2018, mais aussi pour Bordeaux et Nantes.
En revanche, la progression du marché immobilier dans les zones rurales ou les petites agglomérations sera timide, après une baisse des prix des appartements dans les villes de moins de 10 000 habitants en 2016 (-0,5%), mais aussi dans certaines agglomérations telles que Grenoble, Rouen, Reims, Dijon et Saint-Etienne.
Face à des conditions de marché encore favorables, les professionnels se frottent les mains. A commencer par les promoteurs de logements, qui ont profité d’une forte demande sur leurs deux principaux segments de marché, à savoir l’investissement locatif et l’accession à la propriété, à la faveur du dispositif Pinel et de la nouvelle version du prêt à taux zéro (PTZ+).
Pour les constructeurs de maisons individuelles, la reprise a été plus longue à se dessiner du fait de leur dépendance quasi unique au marché de l’accession. Là encore, le PTZ+ a donné un second souffle aux professionnels, qui ont par ailleurs misé sur l’industrialisation et la standardisation de leurs process pour gagner en compétitivité.
Les agences immobilières, elles, ont pu compter sur la forte progression du segment des biens anciens sur lequel elles font figure de leaders avec 70% des ventes.
Les professionnels n’ont pas relâché leurs efforts. Au contraire, ils en ont profité pour s’armer face aux bouleversements qui touchent leur activité : généralisation du numérique, excellence environnementale et essor de la valeur verte, innovation dans les logements...
Dans le secteur de la promotion, déjà concentré, les grands acteurs cherchent à atteindre une taille critique. C’est le cas de Nexity, Altarea Cogedim ou encore Kaufman & Broad qui ont poursuivi leurs emplettes.
Par ailleurs, ces opérateurs cherchent à capter l’innovation grâce à des incubateurs de start-up (Immowell Lab soutenu par Kaufman & Broad et Altarea Cogedim) ou à du capital-investissement. Et ce, pour enrichir leurs offres avec l’intégration de logements connectés, de l’économie collaborative via les parkings partagés ou encore de la 3D.
De leur côté, les agences immobilières ont fort à faire pour ne pas perdre du terrain face à l’apparition de réseaux ambitieux (Stéphane Plaza...) et la montée en puissance des agents mandataires.
Parallèlement, elles cherchent à s’adapter aux habitudes de leur clientèle (usage d’internet pour toute démarche, rôle des smartphones, consultation des grands portails d’annonces...) en renforçant leur présence sur le web.
Ainsi, Orpi a revu en profondeur sa stratégie digitale en intégrant de nouvelles fonctionnalités (chat avec un conseiller 7j/7, signature électronique, espace personnel permettant de suivre la vente de son bien etc.).
Le réseau devrait bientôt lancer son service de prévente ouvert aux particuliers, permettant de mettre un bien en vente directement pour tester son attractivité.
(1) Xerfi vient de publier une étude sous le titre : « L’immobilier de logements en France et en régions - Prévisions des marchés du neuf et de l’ancien pour 2017 et 2018 Activité, marges et axes de développement des différents métiers »