La FFB a testé la technologie RFID pendant toute la durée d?un chantier de construction de 47 logements sociaux à Bondy (93). Retour d?expérience.
Qualifié de véritable « fléau » et estimé à 1 milliard d’euros de préjudice par la Fédération française du Bâtiment, le vol sur chantier n’est pourtant pas une fatalité. Depuis 2008, l’organisation professionnelle s’est emparée du sujet en signant notamment une convention avec le Ministère de l’Intérieur, renouvelée en 2013.
« Nous avons aussi conçu et édité des outils de communication pour aider nos adhérents à identifier les risques et à s’organiser afin de prévenir les vols, confie Didier Brosse, président de l’Union maçonnerie gros œuvre. Pour aller encore plus loin, la FFB a organisé une opération pilote sur un chantier situé en zone « sensible » à Bondy (93).
Objectif : tester en situation réelle la technologie RFID. « L’idée était de trouver un système anti-vol qui ne dépende pas d’une décision collective (comme le gardiennage ou la vidéo surveillance, ndlr) et qui permette de protéger les petits chantiers, précise Sylvain Abbatucci, directeur des affaires juridiques et fiscales de la FFB. Le principe est simple : des marqueurs, appelés aussi tag, sont installés sur les matériels sensibles ou sur les accès aux zones de stockage.
Si une activité anormale est détectée alors que ces marqueurs sont actifs, la radio identification transmet une alerte par GSM à la société de télésurveillance qui prévient le responsable du chantier et-ou les forces de l’ordre.
Confidentialité indispensable
Sur le chantier de Bondy, 25 tags ont été utilisés pendant les 20 mois de travaux confiés par le bailleur social 3F à la société SACIEG. Si la technologie paraît simple, la gestion quotidienne des tags a été plus compliquée pour les équipes de l’entreprise. « Il y a eu des réticences au départ, confie Christian Waquiez, dirigeant de la SACIEG.
La manipulation des tags est subtile. De plus, nous nous demandions s’il fallait activer les marqueurs en journée ou pas, sur quel type de matériel les installer… Il a fallu qu’on se mette dans la tête d’un voleur. » Une formation du personnel a également été nécessaire.
« Il fallait déplacer les tags au jour le jour en fonction de l’avancement du chantier et modifier à chaque fois les plans de géolocalisation des marqueurs. En cas de déclenchement, les forces de l’ordre doivent pouvoir intervenir au bon endroit. »
Autre difficulté : la confidentialité. « Sur un chantier de cette envergure, il y a eu jusqu’à 15 entreprises sous traitantes. Bien souvent, les vols se préparent avec la complicité de personnes intervenant sur le chantier. Il fallait donc préserver la confidentialité du dispositif. »
Baisse des franchises vol
Ce chantier test a fait ses preuves puisque qu’aucun vol n’a été à déplorer. Convaincu, Christian Waquiez a depuis fait l’acquisition d’un système RFID et de 15 marqueurs pour environ 6000 euros d’investissement (+ le cout de la télésurveillance). Le dispositif est également disponible à la location.
Son cout peut être partiellement amorti dans la mesure où les assureurs consentent des baisses de franchise vol aux entreprises qui en sont équipées. Christian Waquiez, assuré à la SMABTP a bénéficié d’une réduction de 50%.
« Ce chantier a vraiment été concluant, affirme le chef d’entreprise. Je suis bien plus serein. Il y a quelques mois, je me suis vu dans l’obligation de reporter la réception d’un bâtiment car toutes les armoires électriques avec été soigneusement démontées dans la nuit précédant le rendez-vous avec le maitre d’ouvrage. Indépendamment du matériel à remplacer, les pertes d’exploitation et pénalités de retard sont couteuses. »
Source : batirama.com / Céline Jappé