Un carrelage qui fait des vagues

Après la mise en service d?un plancher chauffant, en hiver, le carrelage se déforme et fait des vagues. À l?origine du sinistre, l?absence de fractionne­ment de la chape conduira à la mise en cause de la responsabilité du carreleur, en charge de sa mise en ?uvre. Explications.

 

Plusieurs artisans sont intervenus lors de la réalisation du plancher chauffant de la maison de ce particulier. Le maçon a posé les poutrelles puis les entrevous du plancher avant le coulage de la dalle de compression. Par la suite, les gaines protégeant les fils desservant les points lumineux ont été disposées sur la dalle puis noyées dans un ravoirage en sable. C’est alors qu’est intervenu l’élec­tricien pour la mise en œu­vre des panneaux d’isolation thermique puis des câbles chauffants. Le carreleur a, enfin, coulé une chape en béton sur laquelle il a collé les carreaux.


Fissures et jours au niveau des plinthes


Après la mise en service d’un plancher chauffant, le premier hiver, le carrelage se déforme et fait des vagues. Des fissures s’ouvrent au fond des vagues et dans les angles que forme la chape. Des “jours” apparaissent au niveau des plinthes. Les sinistres de cette nature sont fréquents lorsque la chape d’enrobage de l’émetteur de chaleur a été formulée avec du ciment. Les planchers rayonnants électriques sont donc les plus souvent touchés puisqu’ils ne peuvent être enrobés qu’avec des chapes en ciment.


Plusieurs causes possibles


L’expert désigné par l’assureur réunit les intervenants. Plusieurs hypothèses sont émises :
le plancher a pu fléchir ; la dalle de compression manquait de planéité lorsque les panneaux isolants ont été mis en place ; le poids de la chape a pu, à la longue, faire se déformer l’isolant ; le revêtement de sol a suivi ; l’isolant manque de résistance et s’est affaissé sous la charge. Selon l’expert, ces interprétations ne peuvent être retenues. En effet, des sinistres de cette nature apparaissent lorsque le support des panneaux est constitué d’un dallage ne pouvant pas fléchir. De plus, la déformation des panneaux isolants, si elle doit se produire sous le poids de la chape, ne peut être qu’immédiate. Or les occupants ne se manifestent, en général, qu’au bout de plusieurs années. Enfin, un sondage va révéler que l’isolant choisi, de type polyuréthane, est de bonne densité.


Le retrait de la chape à l’origine des désordres


C’est le retrait de la chape qui est à l’origine des désordres. Avec son ­retrait, la chape ondule et provoque l’écrasement de l’isolant. Au contraire, et un carottage le met en évidence, un vide apparaît entre la surface de l’isolant et la sous face du mortier de pose au droit d’une bosse. L’expert explique aussi à ses interlocuteurs que la chape se dilate lors de sa mise en chauffe, ce qui ne peut qu’aggraver la pathologie. La réparation est onéreuse, il va falloir reprendre le chantier en totalité. Les meubles de cuisine et de salle de bains doivent être démontés. Les occupants vont devoir déménager. La dépense globale atteint en général 25 à 30 000 e pour une maison individuelle de 120 m². 


Fondation Excellence SMA

 

Qui est responsable

 

La réalisation de sondages est nécessaire si l’on veut bien analyser ce type de pathologie. La mesure de l’épaisseur de la chape permet d’apprécier la planéité du plancher support. L’isolant prélevé pourra faire l’objet de tests de compressibilité en laboratoire. L’expert pourra alors apprécier l’influence des différents facteurs qui ont pu contribuer à l’apparitiondes désordres et donner un avis sur les responsabilités. Un manque de fractionnement de la chape conduira à rechercher le carreleur en charge de sa mise en œuvre, essentiellement. C’est l’élément majeur dans ce type de pathologie. D’autres facteurs tels que ceux cités plus avant engageront la responsabilité de l’électricien voire, plus rarement, du maçon.

 

Que fallait-il faire ?

 

La prévention de tels sinistres passe par la maîtrise du retrait de la chape. Il convient de respecter les consignes suivantes :
 - il faut ménager des joints de fractionnement, au plus tous les 8 mètres, et limiter les surfaces entre joints à 40 m² ;
 - ces joints doivent être ménagés au droit des seuils de portes ;
 - les éléments chauffants ne doivent pas franchir ces joints ;
 - la chape doit être armée ;

- les angles dits rentrants doivent être évités. Ils sont source de fissuration.
Il demeure évident que le plancher support doit avoir une bonne planéité, gage de la régularité de l’épaisseur de la chape et de l’appui satisfaisant des panneaux. Enfin, bien sûr, les panneaux isolants devront être adaptés à l’emploi qui en est fait et donc avoir une bonne densité. La connaissance précise des règles de l’Art et une parfaite coordination entre le maçon, le chauffagiste et le carreleur, s’imposent.

 


 







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