Trois ans après leur installation, les cuvettes suspendues des quatre sanitaires d?une salle d?activité polyvalente présentent des signes inquiétants d?affaissement avec rupture des faïences dans la zone basse de la paroi d?adossement. Le plombier est mis en cause. À qui la faute ?
Dans le cadre d’une opération de construction d’une salle polyvalente communale, destinée aux assemblées et repas des associations locales, le maître d’ouvrage a retenu la réalisation de sanitaires à cuvettes suspendues. Ce type d’installation présente des facilités d’entretien du sol et donc des conditions d’hygiène accrues. Après quelques années, les utilisateurs constatent, avec inquiétude, que les cuvettes se décollent de la paroi, que la base de celle-ci est enfoncée avec rupture des carreaux de faïence. À titre de précaution, les sanitaires sont condamnés et un expert intervient.
Le diagnostic
Lors de l’expertise, un sondage est effectué dans la paroi après démontage d’une cuvette. Il est constaté que la paroi, en plaques de plâtre cartonnées, passe devant le bâti support du réservoir de chasse, en ménageant un espace de l’ordre de 70 mm entre l’arrière de la plaque de plâtre et le bâti. Les plaques de plâtre auraient dû être fixées contre le bâti sur lequel la partie basse de la cuvette vient s’appuyer. Dans la configuration réalisée, les plaques de plâtre s’opposent seules à l’effort d’enfoncement dû au bras de levier que produit le porte-à-faux de la cuvette lors de son utilisation.
Porte-à-faux sur les tiges filetées
Bien que les montants de la cloison aient été rapprochés à 40 mm dans la zone d’appui, les plaques de plâtre ne peuvent résister à l’effort de fléchissement les sollicitant, ce qui entraîne l’enfoncement de la paroi en partie basse. L’espace de 70 mm provoque en outre un porte-à-faux accru sur les tiges filetées de fixation de la cuvette, porte à faux contribuant d’autant à la déstabilisation complète du système. Aucune sujétion d’ordre technique n’explique cette anomalie de position de la paroi. Il y a là seulement méconnaissance des notices de pose du fabricant.
Ce qu’il aurait fallu faire
La mise en œuvre des ouvrages en plaques de plâtre à parement cartonné relève du DTU 25.41 (NFP 72-203). Ce texte précise qu’en cas d’application de charges excentrées introduisant un moment de renversement, l’ossature doit être renforcée en conséquence. Par ailleurs, il est impératif de connaître et de respecter les stipulations des fabricants concernant le choix et la mise en œuvre de leurs produits. Il aurait ainsi été vu que les plaques de plâtre doivent être mise en œuvre en appui sur l’ossature du bâti réservoir, ce dernier se substituant localement à l’ossature de la cloison en en constituant, de fait, le renfort visé par le DTU 25.41.
Source : batirama.com / La Fondation Excellence SMA
Qui est responsable ?
Lors de la construction, le plombier met en place les bâtis supports avec réservoirs incorporés en les chevillant à la dalle béton. Puis, le plâtrier réalise la paroi d’adossement et le plombier, après faïence, revient poser les cuvettes en les boulonnant sur les tiges filetées en attente au travers de la paroi. La coordination et le dialogue technique entre les entreprises sont impératifs dans ce type de réalisation impliquant des métiers différents, faute de quoi le sinistre est inévitable. Dans le cas présent, la responsabilité du plâtrier et du plombier seront équivalentes pour ce sinistre d’un coût de l’ordre de 3?000?€?HT qui a nécessité la réfection complète des faïences et la mise en place de plaques de compensation en matériau dur pour éviter le démontage de tous les bâtis support des réservoirs et de la cloison d’adossement complète.