Les conduits de fumée de dernière génération couplent techniques traditionnelles et adaptation aux générateurs modernes.
Résultat, haute technicité, polyvalence ou hyperspécialisation, le tout dans un contexte réglementaire et normatif exigeant.
Quelles que soient ses caractéristiques, un conduit de fumée doit toujours répondre aux critères suivants : évacuation des produits de combustion, résistance à la chaleur et à l’action chimique desdits produits et, s’il y a lieu, des condensats, assurance d’un tirage nécessaire au fonctionnement des appareils raccordés, étanchéité et stabilité mécanique.
Il existe encore des boisseaux traditionnels qui offrent toutes les garanties de qualité, mais l’offre se déplace vers des produits beaucoup plus sophistiqués, avec une approche industrielle systémique.
Industrialisation qui touche l’ensemble des matériaux habituellement utilisés dans ce domaine : terre cuite, béton et métal. L’objectif : répondre aux exigences environnementales et aux besoins des différents générateurs et à la réglementation thermique.
C’est le cas avec des conduits concentriques, qui assurent à la fois l’évacuation des fumées et l’apport en air pour offrir une combustion optimale.
Solution en kit
Résultat : les fabricants proposent de plus en plus de solutions en kit ou prêtes à poser, avec boisseaux isolés en sortie de toit, boisseaux en brique rectifiée, en inox double paroi, voire conduits d’un seul tenant mis en œuvre par grutage.
Ces grandes évolutions sont dues à celle, en parallèle, des générateurs. En effet, les conduits traditionnels ne sont pas toujours en mesure d’évacuer correctement les fumées aux températures de plus en plus basses ou de plus en plus élevées.
D’où l’essor de solutions spécifiques pour le bois ou les chaudières à condensation ou, à l’inverse, de conduits polycombustibles. Ces derniers, comme leur nom l’indique, s’adaptent à tous les combustibles et générateurs. Il est donc en théorie possible dans le temps de changer de générateur et/ou de combustible, sans adaptation type tubage.
Mais attention, cette caractéristique n’en fait pas des conduits universels, dans la mesure où leur section peut varier en fonction du combustible et de la hauteur. Donc en cas de changement de combustible ou de générateur, ils ne seront pas toujours réutilisables.?
Par exemple, un conduit de Ø 30 pour foyer fermé, même polycombustible, ne conviendra pas pour une chaudière (Ø 14 ou 16).
La norme DTU 24.1
Ces produits et systèmes sont très encadrés par des textes qu’il est important de connaître car leur respect en apporte toutes les garanties nécessaires à l’utilisateur comme à son assureur. Le plus important d’entre eux étant la norme DTU 24.1 Travaux de fumisterie (norme homologuée NF P 18-210).
Elle intègre la normalisation européenne et l’ensemble des systèmes et concepts modernes : les conduits multiparois, les composites maçonnés, les conduits métalliques, les raccordements, les conduits construits sur site (custom built), les conduits gaz et extraction mécanique basse pression et les conduits pour ouvrages d’âtreries.
Y figurent aussi les définitions très précises quant aux opérations de tubage, de chemisage, de raccordement et de diagnostic des conduits existants. C’est également ce texte qui formalise la plaque signalétique et la fiche de suivi, du conduit installé (voir encadré).
Attention aux mauvais choix
Ces contraintes réglementaires ont pour objectif de mettre en adéquation la compatibilité entre l’appareil et le conduit, tout en prenant en compte ces éventuelles évolutions (changement de combustible).
Car de mauvais choix peuvent entraîner des désordres importants, tant sur le plan de l’efficacité du générateur que sur le conduit de fumée lui-même. Ainsi, un mauvais dimensionnement ou une mauvaise isolation peuvent générer du bistrage, des phénomènes de condensation, une surconsommation d’énergie, voire un refoulement des fumées.
Loi sur l’air
Autre texte de référence, la loi sur l’air de 1996. Cette dernière impose la réversibilité du système de chauffage pour les constructions neuves. Cette obligation a pour conséquence la mise en œuvre systématique –obligatoire depuis le 1er septembre 2006– d’un conduit de fumée pour les maisons individuelles chauffées à l’électricité.
L’objectif étant de permettre un passage rapide, sans intervention lourde et à un moindre coût, d’un mode de chauffage à un autre en fonction du coût de l’énergie.
Plaque signalétique obligatoire
Mise en place au niveau du raccordement ou à proximité de la plaque de ramonage, la plaque signalétique est une véritable carte d’identité du conduit. Elle décrit l’ouvrage conduit de fumée avec ses performances. Les composants y sont mentionnés par l’indication des performances et par des lettres ou des indices :
T000 : température des fumées ; N, P ou H : étanchéité du conduit ; 1, 2 ou 3 corrosivité du combustible ; G ou O : sécurité au feu de cheminée ; Xxx : distance de sécurité. A titre d’exemple : pour un insert, le conduit sera désigné comme suit : T450 N1 D2 G050.
Traduction : le conduit est prévu pour une température de 450°C, il bénéficie d’un tirage naturel (N1), il n’est pas apte à recevoir de la condensation (D2), il a une distance au feu par rapport à un matériau combustible de 50mm (G050). A noter : l’installateur désigne l’ouvrage et l’industriel caractérise ces produits.
Température réglementée
La réglementation exige une température extérieure du conduit inférieur à 50°C dans les parties habitables et de 80°C dans les combles non aménagés. Le respect de ces valeurs est capital pour contrer le risque d’incendie, et pour ne pas perturber le niveau du tirage de la cheminée.
En effet, les fumées chaudes montent dans le conduit par différence de densité. Si l’on veut qu’elles montent bien, elles doivent conserver le plus longtemps une température élevée.
Solution 1 : Boisseaux terre cuite ou béton
Doc. Bouyer leroux
C’est la solution des maçons et elle a encore de beaux jours devant elle. Adaptés au neuf comme à la rénovation, les boisseaux répondent à toutes les problématiques.
Les boisseaux de terre cuite ou de béton simple paroi offrent des propriétés indéniables : grande pérennité dans le temps, insensibilité à la corrosion et adaptabilité à la plupart des générateurs. Un bémol toutefois pour les chaudières à condensation : avec ce type de générateur, il convient d’utiliser des boisseaux émaillés spécialement développés par les industriels.
En revanche, et contrairement aux idées reçues et aux demandes des assureurs, ces produits terre cuite et béton pouzzolane, montés conformément aux règles de l’Art –c’est le plus important– n’ont pas besoin de tubage lorsqu’ils sont utilisés avec un foyer fermé (insert, poêle…).
Ils résistent aux montées en puissance de température dues à un feu de cheminée, et ce jusqu’à 1000°C. Ils peuvent requérir une isolation complémentaire. Ce doublage peut être constitué dans les parties habitables d’une laine de roche et d’un habillage en plaque de plâtre, ou encore d’un habillage quelconque ménageant une lame d’air entre ce dernier et le boisseau. L’habillage au plâtre traditionnel directement sur le boisseau ne répond pas à la réglementation.
Intérêts :
mise en œuvre en simultané du gros œuvre. Résistance au feu de cheminée.Limites :
compatibilité chaudière à condensation.
Solution 2 : Conduits métalliques
Doc. Poujoulat
Légèreté, simplicité et rapidité d’installation, les conduits métalliques ne manquent pas d’atouts. Des gammes de produits techniques qui vont du plus simple au très spécifique.
Les conduits métalliques présentent l’avantage d’une grande rapidité de pose : les éléments du conduit sont emboîtés les uns aux autres et maintenus par un collier d’assemblage. Légers, ils s’adaptent sans difficulté aux structures légères des charpentes modernes.
Les gammes comprennent deux types de produits : inox-inox pour l’extérieur des bâtiments et inox-galva pour l’intérieur. Efficaces pour des températures de fumées élevées, ils souffrent davantage avec les chaudières à condensation qui ont des températures de fumée inférieures à 100°C. Cette augmentation du rendement entraîne une réduction de la température des fumées avec, pour conséquence, une diminution du tirage thermique et l’apparition de condensats susceptibles de provoquer la corrosion du conduit. Facteur aggravant, ils sont sensibles aux produits corrosifs tels que le sulfate de souffre contenu dans les fumées issues de la combustion du fioul.
Intérêts :
rapport qualité/prix. Facilité de mise en œuvre.
Limites : compatibilité chaudière à condensation.
Solution 3 : Conduit polycombustible isolé
Doc. Poujoulat
Métal ou boisseaux maçonnés, c’est la solution la plus complète pour être sûr, en une seule opération, de répondre à l’ensemble des contraintes, ou presque.
Concrètement, ces conduits reçoivent un prétubage en céramique réfractaire, un matelas de laine minérale haute densité et une enveloppe en béton allégé ou inox selon les fabricants. Avantages : résistance à haute température, faible porosité, résistance à l’acidité, insensibilité à la corrosion.
Naturellement isolés, ils ne requièrent donc aucune isolation complémentaire. La résistance thermique selon les conduits s’établit de 0,57 à 1,11 m2K/W. Des résultats qui autorisent la réduction des écarts feu à 2 cm pour les combustibles gaz et fioul et à 5 cm pour le bois et le charbon, entre l’enveloppe et tout matériau combustible.
Tous ces produits disposent d’un Avis technique. Côté mise en œuvre, leur montage s’avère rapide via des systèmes d’emboîtement, qu’ils aient une enveloppe en béton allégé ou en inox. Avec toute la gamme d’accessoires qui les accompagne –chevêtre en remplacement de la souche, té de ramonage, de branchement…– ce sont de véritables systèmes prêts-à-poser.
Intérêts :
réponse globaleLimites :
coût produit
Source : batirama.com / Stéphane Miget