La France est le premier producteur au monde de ponts thermiques, selon Bernard Sesolis, directeur du bureau d?études Tribu Energie. En rappelant les enjeux de la RT 2012, B. Sesolis indique comment les métiers et les matériaux devront évoluer et s?adapter?
Quels sont les enjeux de la RT 2012 ?
Quelles sont les contraintes pour les métiers du gros oeuvre, second oeuvre et techniques ?
B. Sesolis : Certaines pratiques seront abandonnées ou devront s’adapter. Nous sommes les « premiers producteurs au monde » de ponts thermiques avec l’isolation rapportée par l’intérieur. Il sera donc capital de traiter cette question en structure traditionnelle, pour réaliser des bâtiments à plusieurs niveaux : par exemple, rapporter l’isolation par l’extérieur, ce que l’on sait déjà faire depuis plus de 30 ans ! Les entreprises vont donc continuer à faire ce qu’elles savent déjà faire et les autres vont apprendre… ou “souffrir” ! L’enjeu formation est aussi essentiel qu’inévitable.
Par ailleurs, il faut que l’on parvienne à une véritable coordination sur les chantiers afin d’offrir les seuils d’étanchéité à l’air requis par le label BBC-Effinergie. La mise en œuvre devra être exemplaire et cela génèrera de nouveaux métiers tels la mesure d’imperméabilité à l’air des bâtiments. Cette évolution ultra-rapide ne vise pas seulement les métiers de la mise en œuvre : les architectes et les bureaux d’études sont également concernés. A l’heure actuelle, beaucoup de projets existent, offrant du 50 kWhep/m²/an, mais peu sont encore sortis de terre et encore moins ont déjà fait leur preuve dans la durée.
Tous les matériaux peuvent-ils répondre aux contraintes de la RT 2012 ou certains seront-ils privilégiés par rapport à d'autres ?
B. Sesolis : En maison individuelle, les problèmes dus à l’isolation par l’intérieur sont déjà réglés par la pose de rupteurs de ponts thermiques, courants sur les chantiers BBC. En tertiaire où l’on utilise des poteaux-poutres, de l’ossature ou des murs rideaux, l’ITE sera plus souvent mise en œuvre dans le résidentiel collectif. Les isolants classiques atteignent aujourd’hui des performances étonnantes ; cependant, les petits producteurs d’isolants bio prennent des parts de marché souvent sans moyens de produire des Avis Techniques ou des FDES* afin d’offrir une plus grande « transparence » aux usagers. Du côté des baies, le triple vitrage va se standardiser et devenir aussi courant que le double vitrage aujourd’hui.
Et du côté des chaudières, comment ces équipements vont-ils évoluer ?
B. Sesolis : On constate que les chaudières à condensation sont « presque » déjà dépassées, avec l’arrivée des chaudières électrogènes ou des chaudières à zéolithes, ainsi que des systèmes de ventilation compacts trois en un, voire quatre en un. La cogénération va s’inscrire dans le tertiaire, le logement collectif, voire le lotissement raccordé, tandis que l’on va chercher à débarrasser les pompes à chaleur de leurs fluides frigorigènes (en leur apportant un fonctionnement au CO2 par exemple) : tout va très vite !
*Fiches de déclaration environnementale et sanitaire
Source : Batirama.com / M. Fourret