Tous les isolants vont continuer d’évoluer !

Maxime Roger*, rapporteur du GS 20 (2) dévoile les grandes tendances des familles des isolants.

Une famille de produits riches en innovations qui s’inscrivent également, et de plus en plus, dans une approche système de l’ouvrage.

 

 

  1. Maxime Roger :  « Aujourd’hui, il y a un enjeu fort sur la performance environnementale. Le secteur des isolants est très impliqué dans les démarches de déclarations environnementales (type ex fiches FDES) qui deviennent un critère de choix important pour les maitres d’ouvrage ».

 

Bâtirama : Quelles sont les tendances en matière d’isolants ?


Maxime Roger : Nous assistons de plus en plus à une approche système. Il faut regarder l’ouvrage isolé  avec l’ensemble de ses performances thermiques mais aussi acoustiques, sans oublier l’étanchéité à l’air et sa résistance à la vapeur d’eau afin de pouvoir concevoir des murs, planchers globalement performants. Il s’agit d’une solution complète pour traiter une paroi.

Comment évoluent les caractéristiques des produits isolants ?


Le GS 20 a formulé une soixantaine d’avis techniques en 2014 incluant des demandes de révision ou d’additifs. Les produits continuent de s’améliorer avec de meilleures conductivités thermiques et donc des épaisseurs d’isolants moins importantes. Ces innovations évitent de devoir positionner plusieurs couches d’isolants sur les supports. Les matériaux composant les isolants évoluent également avec l’arrivée  d’une génération de super isolants. Ces produits ont des conductivités thermiques 5 fois meilleures qu’un isolant traditionnel.

Quels sont ces produits super isolants ?


Cela concerne deux grandes familles de produits : les aérogels de silice et les produits sous vide. Le GS 20 a finalisé un Guide pour constituer un dossier d’Avis Technique concernant les produits isolants sous vide et des AT sont attendus prochainement. Leurs performances thermiques devraient être de 3 à 5 fois meilleures qu’un produit isolant classique. Ainsi, un ouvrage complet de 5 cm (plaque de plâtre + ossature + isolant) pourrait remplacer un doublage de 11 cm d’un isolant moyen de 40 mW/m.K avec plaque de plâtre collée.

Ces produits sont-ils uniquement utilisés avec des plaques de plâtre ?


Non, ils peuvent être intégrés dans une maçonnerie, entre deux rangées de blocs ou de briques, comme n’importe quel isolant mais avec des conditions particulières de pose. Ils peuvent aussi être utilisés dans des sols ou des éléments de façade.

En termes de mise en œuvre, quelles sont les innovations constatées ?


Le baromètre IFOP réalisé pour le CSTB en janvier 2015 indiquait que la facilité de mise en œuvre était l’un des premiers objectifs des innovations. L’idée étant de diminuer le temps de pose sur chantier grâce à des accessoires qui facilitent la pose tout en améliorant la performance des parois. Il peut s’agir d’ossatures particulières (lisses, appuis) pour les plaques de plâtre, mais aussi de produits projetés in situ (mousse expansée, produits en vrac soufflés ou insufflés, etc.). Que ce soit sur le produit ou ses accessoires de pose, l’objectif est de raccourcir le temps de pose et de limiter les déchets sur chantier.

Existe-t-il des pistes en préfabrication ?


Oui, une piste concerne aussi la préfabrication de systèmes de parois isolées en atelier. Il s’agit par exemple de murs en bois complets, isolés et étanches à l’air, assemblés ensuite sur chantier. Ces systèmes sont issus d’un savoir faire industriel où l’on travaille avec un système de contrôle qualité très poussé et l’intérêt réside d’ailleurs dans ce contrôle, en atelier et à la livraison sur le chantier. Il est possible de monter plusieurs étages sans problèmes avec ce type de système.

Quel est l’avenir des produits minéraux, laine de verre par exemple ?


Sur le marché on trouve maintenant des produits très innovants, en rupture technologique, mais aussi des produits très classiques qui présentent eux aussi des innovations. Les isolants minéraux ont par exemple beaucoup évolué depuis qu’ils existent, et je pense qu’ils continueront à évoluer. Aujourd’hui pour faire une maison, il ne faut pas nécessairement utiliser le produit qui a le meilleur lambda. Dans un comble perdu par exemple, l’épaisseur n’est pas limitée. Il faut donc tenir compte d’un ensemble de paramètres pour choisir son isolant, y compris le prix, et chaque famille a ses avantages et ses inconvénients.

*Directeur opérationnel en charge de l’isolation et des revêtements au CSTB et rapporteur du Groupe Spécialisé (GS) 20 de la Commission chargé de formuler les avis techniques.




 

  1. Weber.therm LockPlate se compose de deux couches de sandwich PSE contenant chacun une âme en isolant sous vide. Les deux couches sont décalées de manière à éviter le pont thermique à la jointure des plaques © P. Poggi

 

 

Source : batirama.com / Propos recueillis par F. Leroy

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