Racket sur les chantiers marseillais : une remise en liberté

Mis en examen pour une extorsion en bande organisée commise au préjudice d'une entreprise de travaux publics, Karim Ziani a été remis en liberté.

Après six mois de détention provisoire, M. Ziani, président du club de football de la cité marseillaise La Busserine, a été placé sous contrôle judiciaire avec obligation de résider et travailler à Grenoble.

 

Cette libération ordonnée par la cour d'appel d'Aix-en-Provence intervient dans le dossier le plus emblématique de la lutte contre le racket sur les chantiers. Une forme de criminalité qui coûterait autour de 50 millions d'euros par an uniquement dans les Bouches-du-Rhône, selon la fédération départementale du BTP.

 

Le 26 janvier 2015, trois engins de chantiers, dont une foreuse sophistiquée de la société Bouygues Travaux Publics, étaient incendiés sur le chantier de la L2, le futur contournement autoroutier de Marseille, à proximité de la cité Picon-Busserine dans les quartiers nord de la ville.

 

Un devis pour assurer la sécurité du chantier

 

Le préjudice de cette destruction était évalué à deux millions d'euros. Trois jours plus tard, le responsable du chantier recevait le devis de la société Télésurveillance Gardiennage Intervention (TGI) pour assurer la sécurité du chantier.

 

Médiateur dans la cité Picon-Busserine, Karim Ziani avait fourni une liste de onze noms de jeunes à embaucher sur le chantier de la L2, "pour être tranquille", informant le responsable que "la pression montait dans la cité". Il aurait ajouté : "Sinon ce sera ingérable, cela peut provoquer des incendies d'engins et des atteintes à l'intégrité physique du personnel et des proches".

 

Selon le responsable du chantier, M. Ziani lui aurait confirmé que TGI était bien à l'origine de l'incendie des engins, ajoutant que s'il était fait appel aux services de TGI, il n'y aurait plus de difficulté.

 

Trois gérants de la société TGI écroués

 

Trois gérants de droit ou de fait de la société TGI restent écroués dans le cadre de cette enquête. En 2015, cinq enquêtes concernant des rackets sur les chantiers ont été ouvertes par le parquet de Marseille qui pilote un Groupe local de traitement de la délinquance (GLTD) spécifiquement dédié à cette forme de criminalité.

 

Cette instance regroupe les bailleurs HLM, les donneurs d'ordre et la fédération du BTP. La direction départementale de la Sécurité Publique a, de son côté, affecté une dizaine de policiers à un service d'enquête spécifique, le groupe Voie publique "Chantiers".

 

En décembre 2015, le tribunal correctionnel de Marseille avait infligé des condamnations de 18 à 30 mois de prison à trois hommes qui avaient extorqué leur embauche sur le chantier de réhabilitation d'une cité.



Source : batirama.com / AFP

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