La région Rhône-Alpes compte quelque 60 édifices historiques en ciment naturel construits au XIXe et au début du XXe siècle. Suite à un programme de recherche, le Cercle des partenaires du Patrimoine* présente les mortiers « modernes » aptes à restaurer « à l?identique » ces monuments.
*avec le soutien de Vicat et du ministère de la Culture et de la Communication
Ces types de ciments (appelés « ciments romains » à ses débuts) étaient particulièrement utilisés dans le patrimoine dès le XIXe siècle et appréciés pour quatre raisons : leur rapidité de prise, leur résistance, leur esthétique (couleur chamois proche de la pierre de taille) et la durabilité des ouvrages. Leurs applications en restauration de bâti ancien comme en rénovation et en décoration sont nombreuses : réparation d’enduits sur les éléments de structures, moulages préfabriqués, corniches et moulures tirées au gabarit des décorations de façade, injections gravitaires.
Etudes et analyses à Grenoble
A Grenoble, les études des structures, des sculptures et des décors en ciments naturels ont porté sur les églises Saint-Bruno et de la Mure, le lycée Champollion et les piliers de l’ancienne cimenterie de Voreppe. Les analyses des échantillons ont été effectuées par carottage. Elles ont permis de caractériser les bétons anciens, les différentes natures de ciment (ciment prompt pour la construction de l’église St-Bruno et ciment Portland naturel à prise plus lente pour l’église de La mure) qui impliquent, dans le cas d’une réparation, de mettre au point des matériaux adaptés à chacun de ces liants anciens. On a observé peu de dégradations importantes, surtout de surface avec la disparition de la peau du béton (et de détails sur sculptures) et l’apparition de granulats.
Quatre mortiers sélectionnés
Après cette phase d’analyse, un deuxième programme est engagé pour mettre au point des mortiers de réparation spécifiques à chaque type d’altération. Ainsi, pour résister à l’érosion, certains devront être mis en œuvre sur de faibles épaisseurs pour reconstituer une peau au béton. Dans le cas d’écaillage, un mortier différent devra combler les épaisseurs plus importantes. Ce cahier des charges qui tient compte des caractéristiques des bétons, des types d’édifices et de la nature des dégâts est établi pour quatre mortiers sélectionnés : un produit prêt-à-l’emploi à base de ciment Portland artificiel, deux mortiers pré-formulés à base de ciment prompt et une formule de chantier à base de ciment prompt également.
"Il faut former les maçons"
Les tests ont défini pour chacun de ces produits ses propriétés physiques, mécaniques et chimiques. Des applications sur dallettes ont permis de vérifier leur compatibilité avec le béton, leur adhérence au support, leur maniabilité. Cependant, pour Denis Sommain, responsable application ciment naturel (groupe Vicat), « il demeure important d’impliquer l’équipe chargée de la restauration et d’assurer la formation de tous les maçons ».
Source : Batirama.com / C. Benassi