Des peines de trois mois de prison et 20.000 euros d'amende, assorties de sursis, ont été requises à Strasbourg à l'encontre de deux responsables présumés d'une pollution à l'amiante.
Cet incident a exposé plus de 300 personnes à un risque potentiel de pathologie grave, selon l'enquête. Le procureur Sébastien Hauger a requis 20.000 euros d'amende avec sursis à l'encontre d'une entreprise de plâtrerie - qui selon lui avait "conscience du risque" de pollution à l'amiante mais n'a rien fait pour l'éviter.
Il a également requis trois mois de prison avec sursis à l'encontre d'un bureau spécialisé dans la coordination de sécurité du chantier - coupable selon lui de n'avoir pas "lancé de signaux d'alerte".
Dans ce dossier, trois prévenus au total sont poursuivis pour "mise en danger de la vie d'autrui", mais le procureur a requis la relaxe en faveur de la troisième prévenue, l'architecte d'intérieur qui intervenait en tant que maître d'oeuvre du chantier.
300 personnes exposées
A l'origine de ce procès, des travaux menés en février 2013, pour aménager de nouveaux bureaux dans le plus ancien bâtiment du Parlement européen de Strasbourg - construit dans les années 1970, lorsque l'amiante était couramment utilisée comme matériau ignifuge et isolant.
Lors de ce chantier, des ouvriers avaient démonté le coffrage de poteaux porteurs métalliques sans prendre de précautions particulières. Des analyses avaient pourtant confirmé deux semaines plus tard que ces matériaux contenaient bien de l'amiante.
Plus de 330 personnes, ayant fréquenté la zone du chantier au mauvais moment, se sont portées parties civiles. Elles doivent désormais vivre avec l'angoisse d'être atteintes d'un maladie grave d'ici à 20 ou 30 ans, du fait de cette brève exposition, a souligné l'un de leurs avocats.
Le Parlement Européen, partie civile
Le Parlement européen, maître d'ouvrage du chantier, n'est pas poursuivi dans ce dossier. Il s'est au contraire porté partie civile, notamment pour être indemnisé des frais de dépollution qu'il a dû engager.
L'institution affirme qu'elle avait fourni aux entreprises intervenant sur le chantier toutes les informations nécessaires, et notamment un document attestant que les poteaux litigieux, bien que n'ayant pas été analysés en détails, étaient susceptibles de contenir de l'amiante.
Lors des deux jours et demi d'audience, la manière dont les fonctionnaires européens ont géré ce dossier a cependant été longuement évoquée. Et l'un des avocats de la défense, Me Renaud Bettcher, a regretté que le Parlement ne figure pas sur le banc des prévenus. Le tribunal correctionnel devait mettre sa décision en délibéré à une date ultérieure.
Source : batirama.com / AFP