EDF a suspendu les contrôles techniques menés sur le réacteur nucléaire EPR de Flamanville, car l'Autorité de sûreté nucléaire a détecté une irrégularité dans leur mise en oeuvre.
"Cette activité suspendue n'a pas un enjeu planning fort", a commenté Antoine Ménager, le directeur du chantier. "On tient notre calendrier", qui prévoit un "chargement du combustible et démarrage du réacteur au dernier trimestre 2018".
Cette suspension fait suite à une inspection de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en avril sur l'un des contrôles techniques du circuit primaire du réacteur et qui s'est avéré "non satisfaisant", selon un document publié par le gendarme du nucléaire sur son site internet.
EDF a, dans la foulée, suspendu tous ces contrôles, a confirmé Guillaume Bouyt, chef de l'antenne caennaise de l'ASN.
Selon M. Ménager, "la transmission des documents" demandés par l'ASN "est en cours". Et la reprise des contrôles est une question de jours, selon lui.
Concernant la cuve de l'EPR, sur laquelle une anomalie avait été repérée en 2015 par l'ASN et dont Areva, fournisseur d'EDF, tente de démontrer la résistance, "je reste totalement confiant sur l'issue de ce processus", a dit M. Ménager. "Ca n'empêche pas le chantier d'avancer", a-t-il souligné, en évoquant un "premier semestre très réussi".
L'EPR de Flamanville fait travailler 4.700 personnes (900 EDF et 3.800 salariés de sous-traitants), a précisé EDF. Le chantier est ainsi toujours à son effectif "maximal". "La baisse va s'amorcer à partir du deuxième trimestre 2017", a ajouté M. Ménager.
L'Autorité de sûreté nucléaire demande par ailleurs à EDF de mener des investigations complémentaires sur les générateurs de vapeur qui pourraient être affectés par une anomalie similaire à celle de la cuve de l'EPR.
"L'ASN considère que les premiers éléments de justification apportés, sur la base desquels EDF a maintenu les équipements concernés en service, doivent être confortés", précise l'ASN dans une note d'information publiée le 23 juin 2016.
Un audit de qualité a été lancé en 2015, à la demande de l'ASN, après la découverte d'un défaut dans la composition de l'acier de la cuve du réacteur EPR de Flamanville fabriquée à l'usine du Creusot. Le président de l'ASN Pierre-Franck Chevet avait indiqué le 26 mai, lors de son bilan 2015, que des anomalies du type de celles détectées sur la cuve de l'EPR avaient été repérées sur des réacteurs nucléaires en fonctionnement et concernaient notamment des générateurs de vapeur.
Certains de ces générateurs "pourraient présenter une zone de concentration importante en carbone pouvant conduire à des propriétés mécaniques plus faibles qu'attendues", précise l'ASN dans sa note.
EDF a depuis apporté les premiers éléments de justification et décidé, sur la base de ces analyses, de maintenir les équipements concernés en service.
Mais selon l'ASN ces premiers éléments "doivent être confortés" et EDF doit "mener des investigations complémentaires". Les générateurs de vapeur sont des échangeurs de chaleur qui transforment l'eau du circuit secondaire du réacteur en vapeur pour alimenter les turbines générant l'électricité.
L'EPR de Flamanville cumule au moins six ans de retard et son coût a déjà triplé à 10,5 milliards d'euros, après de nombreux déboires.
Source : batirama.com