Boostées par un marché de la douche en croissance, et du receveur ultra-plat qui séduit pour son esthétique, les bondes siphoïdes apportent confort et sécurité.
Difficile de chiffrer le marché des nouvelles bondes et siphons destinés à équiper les douches accessibles. Mais une chose est sûre : « leur croissance est corrélée au succès des douches à grand débit et des receveurs de plus en plus plats chez les particuliers », explique Céline Boyer, directrice marketing et commercial Marché Pro chez Wirquin.
Au-delà de la réglementation accessibilité et de la demande pour du plain-pied, « clairement le marché de la douche a fait un boom et notamment pour remplacer une baignoire », abonde Pauline Sayet, chef de produits international chez SFA.
Les faibles ressauts idéaux pour prévenir les chutes – enfants en bas-âge y compris – apportent aussi une esthétique prisée dans la salle de bains, dans une multitude de formes et dans des dimensions XXL.
Des solutions antidébordements
Autre forte tendance : « dans une quête de bien-être, les particuliers optent pour des pommes de douches extra-larges ou de l’hydrothérapie », reprend Céline Boyer. Et c’est là où le bât peut blesser.
Car débits puissants et cuves extra-plates sont synonymes de pieds dans l’eau et même de débordements quand il faut réduire les hauteurs d’encombrement. En particulier en rénovation. D’où le développement de bondes aux débits pouvant dépasser les 40 l/min, quand le standard est de 27 l/min.
D’autant que si la norme NF EN 274, qui régit ces systèmes d’évacuation, impose pour l’instant un minimum de 50 mm de garde d’eau pour ces bondes siphoïdes, le marché, lui, pousse à plus de minceur, voire de l’ultra-minceur.
« La tendance est au développement de bondes à haut débit avec une garde d’eau de 30 mm voire 25 mm, et même à leur remplacement par une membrane en silicone pour bloquer les remontées d’odeur. Plus besoin de décaisser », ajoute la directrice marketing et commercial Marché Pro chez Wirquin.
Une affaire de pros
En outre, liées à l’évolution des douches de plain-pied, ces bondes à forte valeur ajoutée restent entre les mains des installateurs. « Il faut un savoir-faire que nous dispensons d’ailleurs au travers de formations adaptées », ajoute Pauline Sayet.
« Dans tous les cas, ces installations, même si elles restent simples à monter, demandent a minima de maîtriser la pose de douches de plain-pied voire à l’Italienne ». Conséquence : elles vont se retrouver majoritairement chez les négociants en sanitaire, et restent résolument une affaire de spécialiste.
COMMENT CONVAINCRE VOS CLIENTS ?
- Pourquoi choisir cette solution ?
Une bonde siphoïde (diamètre 90 mm) à grand débit augmente les performances d’évacuation du siphon en adéquation avec une profondeur de cuve du receveur de douche réduite. L’eau qui ne stagne pas dans le receveur grâce à la bonde haut débit évite les flashs glissants et les débordements. Si le fort débit de ces bondes est un atout pour aider à évacuer les impuretés, elles sont équipées de filtre anticheveux, de membrane silicone anti-odeur.
- Quel budget prévoir ?
De 30 € TTC pour une bonde extra-plate à plus de 50 €TTC pour des équipements très haut-débits, ces solutions à valeur ajoutée sont coûteuses. Lors de la réalisation d’une douche à l’italienne, un siphon fourni posé s’envisage entre 40 € et 70 €. À titre de comparaison, la rigole ou la canivelle tendance pour leur esthétique, et l’évacuation rapide des eaux, il faut compter entre 300 € et 550 € fourni-posé.
L'AVIS D'UN EXPERT
| Mickaël Linard, chef de produit chez Nicoll |
« Il faut installer des bondes réglementaires »
Comment explique-t-on l’évolution des bondes vers des hauteurs réduites et à haut débit ?
C’est pour répondre à la poussée des douches accessibles. D’abord, le développement du receveur extra-plat est très lié à celui de la douche à l’Italienne carrelée. Il y a eu un regain pour ces solutions.
Pour coller à cette tendance, mais aussi au contexte réglementaire d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite, les fabricants se sont lancés dans le développement de receveur extra-plat et même ultra-plat. Désormais avec ces produits il est important d’avoir des bondes performantes en termes d’évacuation et de débit pour éviter les débordements.
Mais ces douches accessibles ne sont pas récentes, pourquoi ce décollage aujourd’hui ?
Il existe plusieurs facteurs de soutien. D’abord, on assiste à un vieillissement de la population qui se sépare de sa baignoire. Ensuite, les raisons sont normatives pour répondre aux besoins des personnes à mobilité réduite (PMR), avec la réglementation accessibilité.
En outre, une tendance lourde et moderne s’est ancrée. Les consommateurs préfèrent avoir chez eux un bâti-support et une douche de plain-pied pour des raisons de facilité d’accès qu’un WC sur pied et une baignoire. Enfin, pour des raisons d’économie, les modes constructifs poussent à la mise en œuvre de chapes rapportées de moins en moins épaisses.
Le cumul de tous ces facteurs soutient ce marché des bondes à haut débit alors que parallèlement le bâtiment est en décroissance. Les bondes, elles, trouvent leur débouché en rénovation et en réhabilitation.
La quête de minceur est donc inéluctable pour ces nouvelles bondes ?
Les industriels continuent de travailler à la réduction des hauteurs de garde d’eau. Mais pour l’instant, il faut qu’elles restent réglementaires à 50 mm et conformément à la norme NF EN 274. Cette hauteur garantit la rapidité du flux, évite les remontées d’odeur.
Une rédaction d’extension de la norme est en cours pour modifier les règles par rapport aux modes constructifs. Mais pour l’instant, il existe un cadre normatif établi et des règles techniques qui sont là pour assurer le bon fonctionnement de ces produits et ce n’est pas un hasard.
Ce qu’en dit la réglementation
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NF EN 274 systèmes d’évacuation
. Le dispositif de vidage ou siphon pour receveurs ou bondes doit pouvoir être raccordé aux systèmes de canalisation conformément à la norme EN partie 1 et 2. Résister à des eaux usées à une température comprise entre 20°C et 95°C.
Mais aussi respecter des dimensions spécifiques pour le raccordement aux appareils sanitaires et avoir une profondeur normée de garde d’eau d’au moins 50 mm, pour constituer une barrière efficace contre les remontées d’odeur et le désiphonnage.
Le débit doit être suffisant pour évacuer les eaux de la douche. Selon la norme, sous 24 l/min., la hauteur d’eau permise en cuve est de 15 mm. CQFD : il faut une bonde de douche à grand débit en dessous. Avec robinetterie à fort diamètre de type d’installation d’hydrothérapie, le débit peut grimper jusqu’à 33 l/min.
La bonde siphoïde à grand débit est encore une fois la réponse adaptée. Enfin, pour les installations sur vide sanitaire ou sur sous-sol avec évacuation en sous-face de plancher, il faudra opter pour une bonde à sortie verticale. Dans toutes les autres configurations, elle sera horizontale.
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NF DTU 60.11
. Quel que soit le type de siphon utilisé, il doit être mis en œuvre conformément aux dispositions du DTU 60.11 “Règles de calcul des installations de plomberie sanitaires et d’eaux pluviales”.
Parmi ses dispositions, il rappelle notamment que le raccordement du siphon à la canalisation au moyen de flexible est à proscrire puisqu’il peut devenir siphon en aval de la bonde. Idem pour les évacuations souples susceptibles d’occasionner un second siphon en aval de la bonde siphoïde.
À noter également : la ventilation primaire se met en place sur la colonne de chute et il faut s’assurer de sa présence. Le diamètre d’évacuation, par ailleurs, doit être au minimum de diamètre 40 mm entre la bonde de douche et la colonne de chute, soit sur toute la longueur de la conduite de branchement
Source : batirama.com / Stéphanie Lacaze-Haertelmeyer