La RT2012 et la nouvelle directive européenne Eco-Conception (ErP) réoriente le marché de la production d?ECS vers le chauffe-eau thermodynamique, qui poursuit sa croissance.
Pour les constructions neuves, la RT2012 favorise les chauffe-eau exploitant une énergie renouvelable, comme le solaire et le thermodynamique, au détriment des appareils électriques à effet Joule.
En rénovation, le recours à un CET est plus compliqué car il faut tenir compte des contraintes d’encombrements des appareils, du gainage éventuel, etc. Néanmoins les fabricants proposent des CET dédiés rénovation, compacts, avec des bouches orientables comme l’Odyssée d’Atlantic.
D’après Uniclima, le marché du CET a connu plusieurs années de croissance à deux chiffres jusqu’en 2014 (+58%), avec un recul de -6% des chauffe-eau électriques classiques et de -9% du marché des chauffe-eau solaires individuels.
En 2015, le marché des CET a marqué un ralentissement de sa croissance, à seulement +4,5%, une croissance restée dynamique en neuf sur air/eau. Le prix de l’énergie fossile n’est néanmoins pas favorable aux ENR et le gaz résiste bien en collectif.
Et en rénovation, le marché du chauffe-eau demeure très majoritairement celui de l’électrique en maison individuelle, même si le taux de remplacement par les CET progresse.
Une régulation plus performante
Quel que soit le produit, l’innovation est essentiellement apportée par des régulations sophistiquées, voires connectées, telles qu’illustrées au dernier salon Interclima.
Les leaders du marché proposent généralement une offre aussi bien ENR avec le CET (ou solaire) que traditionnelle, gaz ou électrique, avec de nombreux fabricants comme Atlantic, Bosch et ELM Leblanc, Chaffoteaux et Maury (Ariston), De Dietrich, mais aussi Viessmann, Stiebel Eltron, Panasonic, Thermor, Aldes, Airwell…
Il existe de la place pour des petits nouveaux qui veulent innover comme Twido avec son chauffe-eau électrique qui optimise la quantité chauffée grâce à l’emploi de plusieurs cuves de stockage et une régulation sophistiquée.
En revanche le solaire thermique est pénalisé par le prix du fossile et se trouve mal pris en compte par la RT. La technologie est, par ailleurs, complexe à installer et à maintenir et a souffert de contre références dans le collectif par le passé.
À noter qu’en neuf, avec des habitations de mieux en mieux isolées, les besoins en ECS peuvent devenir prépondérants sur ceux pour le chauffage. Les systèmes hybrides qui produisent eau chaude pour le chauffage et ECS trouvent ainsi leur utilité. Un CET peut être utilement associé à une installation solaire thermique ou à une chaudière à granulés ou gaz à condensation.
COMMENT CONVAINCRE VOS CLIENTS ?
- Pourquoi choisir cette solution ?
Le chauffe-eau thermodynamique est un produit relativement facile à installer sur air ambiant, air extrait ou air extérieur et à paramétrer, et répond à la RT 2012 en exploitant une énergie renouvelable. Econome, de classe énergétique A ou A+, il peut couvrir la quasi totalité des besoins en ECS et peut être complété par un apport électrique ou gaz, ou même bois ou solaire.
- Quel budget prévoir ?
Le ballon électrique hors pose est vendu entre 300 et 1000 €, alors que le CET hors installation se situe entre 1800 et 2500 € (environ 1400 € après crédit d’impôt). La pose demande une demi-journée, voire une journée au maximum, soit 10 heures à 80 €/h. Avec une facture électrique annuelle de moins de 100 € par an, l’investissement pour un CET s’amortit en deux années par rapport au ballon électrique.
L’avis d’un représentant d’industriel
| Valérie Laplagne, responsable ENR, Uniclima |
« Dans le collectif, le CET est un marché émergent »
Quel est le produit qui connaît la meilleure croissance ?
Parmi les ENR, dans la maison individuelle, ce sont les CET qui progressent le mieux, en particulier dans le neuf avec la RT 2012, mais avec une progression plus faible à un chiffre au lieu de deux depuis le second semestre 2015. Dans le collectif, le CET est un marché émergent.
Et pour le solaire ?
Le chauffe-eau solaire perd des parts de marché depuis le début 2012 avec une baisse d’environ 20% en 2015, qui s’est ralentie début 2016. Les produits qui résistent sont les monovalents optimisés avec un petit ballon et un seul capteur.
C’est une offre peu coûteuse qui peut rivaliser avec d’autres technologies. On peut aussi avoir une chaudière packagée avec le ballon solaire (colonne solaire) qui diminue le surcoût lié au solaire. Sur le solaire, des réponses sont attendues sur le crédit d’impôt car la profession manque de visibilité.
Par ailleurs, l’étiquetage énergétique est plus difficile à mettre en œuvre pour les équipements solaires qui sont majoritairement des packages et non des produits comme le CET.
Est-ce plus favorable en collectif ?
Il faudrait que la RT 2012 soit revue dans certains aspects de sa modélisation afin de revaloriser le solaire. Des travaux sont en cours avec Enerplan sur ce sujet. Sinon la plate-forme Socol fournit des outils aux bureaux d’études afin d’améliorer la qualité, en particulier une schémathèque contenant des schémas éprouvés d’installation et des règles de dimensionnement pour les installateurs.
Nous attendons aussi des textes réglementaires qui aillent au delà de la RT 2012, vers la RT 2012-20% ou le Bepos. Une annonce sur un nouveau référentiel Bepos est ainsi attendue pour juin.
Quelle innovation sur ce marché ?
Sur Interclima, nous avons vu beaucoup de régulation, du produit smart, avec de la commande à distance aussi pour la maintenance. Pour les nouvelles technologies, on peut citer le couplage avec le solaire PV, que ce soit au niveau du capteur (capteur PVT) ou du chauffe-eau (couplage CET et PV) ainsi que le couplage des énergies, avec des équipements hybrides gaz et PAC.
D’ici deux ans, on verra aussi apparaître des PAC à fluide CO2.
Ce qu’en dit la réglementation
©Chaffoteaux
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La RT2012
. Avec un objectif de consommation en énergie primaire (CEP) inférieur à 50 kWh/m²/an, le ballon électrique est défavorisé par un coefficient de conversion en énergie primaire de l’électricité de 2,58. Il est remplacé, dans la construction neuve, par des technologies plus performantes. L’Article 1 demande de recourir à de l’énergie renouvelable, ce qui favorise les chauffe-eau thermodynamiques ou solaires.
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Directive ErP (ou écoconception)
. Depuis le 26 septembre 2015, la directive écoconception impose des performances minimales pour la mise en marche des générateurs, des chauffe- eau et des ballons. On parle de rendement minimal saisonnier pour les chaudières et de profil de soutirage pour les chauffe-eau (ou préparateurs d’eau chaude).
La production d’ECS est soumise à l’étiquetage obligatoire et à un rendement minimum ?wh jusqu’à 500 litres en fonction du profil de soutirage, >= 30% pour les profils M,L, XL et >= 32% pour les profils XXL et 3XL. Si le volume ECS est entre 500 et 2000 litres, seul le rendement minimum comme décrit précédemment est obligatoire.
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Etiquetage Energétique
. La Directive “Eco-Design” est associée à une autre Directive Européenne “Etiquetage Energétique” (ou Labelling 2010/30/EU) destinée à informer les clients sur la classe de performance des appareils thermiques seuls ou assemblés, d’une puissance inférieure à 70 kW.
Le classement va du moins économe “G” au plus économe “A++”. L’étiquette énergie est obligatoire à partir du 26 septembre 2015, sur le modèle de ce qui existe déjà pour l’électroménager.
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La certification Qualisol
. Label attribué par l’Association Française pour la qualité d’installation des systèmes à énergie renouvelable (Qualit’EnR) en vue de l’amélioration des installations des systèmes solaires destinées au départ à l’habitat individuel et de la qualité des prestations de services rendus par les entreprises dans le domaine. Les entreprises qui installent des systèmes solaires dans l’habitat collectif peuvent, depuis l’automne 2015, accéder à la qualification Qualisol grâce au module Qualisol collectif.
Source : batirama.com / François Ploye / © photo d'ouverture : Atlantic