Le 22 septembre dernier, l'entreprise Lifteam a fêté ses dix années d'existence en organisant au Théâtre du Gymnase Marie-Bell à Paris un colloque exceptionnel Générations Bois.
Spécialisé dans la construction bois, le groupe CBS/Lifteam a été créé en 1991 par Jean-Luc Sandoz avec l'ouverture des BE CBS en Franche-Comté et CBT en Suisse. Le Groupe s'est ensuite étendu en Haute-Savoie avec l'usine de fabrication Ecotim (2005) et l'entreprise de suivi de réalisation Lifteam (2006) qui a ouvert un bureau en région parisienne en 2012.
Le colloque a été marqué par la présence de deux conférenciers exceptionnels, l'ingénieur Julius Natterer, ancien professeur à l'EPFL de Lausanne et l'architecte Roland Schweitzer.
Ce dernier a présenté avec brio les multiples facettes prises par l'architecture en bois au travers des âges et des cultures, en rendant en particulier hommage aux temples japonais, à leur durabilité et à leur très grande qualité de finition ainsi qu'à l'ingéniosité des habitations vernaculaires d'Autriche et de Suisse.
Regain d’intérêt du bois en Occident
Pour sa part l'architecte et philosophe Ivan Le Garrec de l'agence DLA Architecture, s'est interrogé sur l'image de la durabilité de la pierre et de la maçonnerie en Occident, qui a démarré avec les temples antiques égyptiens ou grecs.
Le bois s'est aussi largement discrédité avec les innombrables incendies qui ont ravagé les villes européennes durant deux millénaires, le coup de grâce ayant été donné par l'incendie de Londres en 1666.
« Le bois connaît néanmoins un regain d'intérêt en Occident pour plusieurs raisons », affirme Ivan Le Garrec. « L'une est la découverte du Japon au XIXe siècle, qui a montré que l'architecture du pouvoir et du sacré pouvait être faite de délicatesse, une autre est la polyvalence de l'architecture en bois américaine comme celle de Lloyd Wright. Enfin en Scandinavie, des architectes d'avant-garde comme Alvar Aalto ont construit en bois sur des bases traditionnelles ».
Une réponse adaptée à de nombreux projets
SI le bois est un matériau apprécié pour sa faible empreinte environnementale, sa résistance mécanique n'a rien à envier aux autres matériaux. Le professeur Julius Natterer a détaillé une partie des nombreuses structures et charpentes bois sur lesquelles il a travaillé lors de sa longue carrière, dont certaines de très grandes dimensions.
Les outils modernes comme le calcul de structure, l'accélération de la fabrication de plans grâce aux logiciels métiers comme Cadwork, le tri du bois par ultra-sons et le développement des bois techniques permettent des réalisations audacieuses.
« Un des enjeux de la conception est de simplifier en réduisant le nombre de nœuds, en enlevant des poteaux grâce aux plafonds suspendus ou en réduisant l'acier des assemblages », précise Julieux Natterer.
650 projets traités en 15 ans
L'ingénieur structure Marc Laracine a détaillé les différents concepts constructifs développés par CBS-CBT. Des modules, poutres et panneaux sont ainsi préfabriqués dans leur usine Ecotim, pour une pose rapide sur chantier.
« Le groupe a traité 650 projets en 15 ans. Avec cette expérience nous sommes à même d'intervenir en amont d'un chantier pour répondre aux besoins y compris en acoustique, en logistique ou en sécurité incendie », confie Marc Laracine. Les intervenants ont aussi pointé la responsabilité de la profession pour répondre aux défis écologiques et de solidarité auxquels le monde doit faire face.
Ivan Le Garrec a mis en avant le travail récent de son agence pour un centre pour handicapés situé près de Besançon « où le choix du bois avec son odeur, sa finesse et sa chaleur, se rapproche de l'écriture d'un spa de luxe au Vietnam. Le bois favorise une déhiérarchisation des corps et des lieux... »
"Retisser en ville des liens avec la nature"
À Montreuil, sur un chantier de logements collectifs pour l'OPH, pour des familles fragiles en parcours d'intégration, l'agence LA Architecture a travaillé avec CBS Ingénierie et Mecobat Ingénierie sur une réponse en ossature bois pour les planchers et murs.
L'architecte Axelle Acchiardo (LA Architectures) explique que « nous avons choisi sur ce chantier un bardage bois sans entretien, qui vieillit et devient gris avec des variations dans la teinte. Les clients posent la question récurrente de l'aspect du bois et de son vieillissement. La réponse est de retisser en ville des liens avec la nature, avec la charge émotive du bois ».
Légende photo : Ivan Le Garrec a opposé l'architecture disruptive (Musée des Confluences) à l'architecture organique (Pavillon chinois à Milan 2015) © F.Ploye
Source : batirama.com / François Ploye