Ils sont venus à l?appel de la Fédération française du Bâtiment et ont répondu à certaines questions jugées sensibles. Ils, ce sont les candidats de la primaire à droite?
Jean-François Copé, Bruno Le Maire, François Fillon, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et Nathalie Kosciusko-Moriset ont tous répondu présent à l’appel de la fédération française du Bâtiment. Du 20 au 25 octobre, ils sont venus passer un « grand oral » devant un public composé d’entrepreneurs du bâtiment réunis dans l’amphithéatre de la fédération.
Dans une atmosphère de campagne plutôt décontractée mais toujours sérieuse, chacun des candidats s’est prêté au jeu des questions-réponses posées par les adhérents présélectionnés issus du groupe des jeunes dirigeants de la FFB.
Une petite dizaine de chefs d’entreprises, hommes et femmes, représentant divers métiers et territoires ont pu poser les questions qu’ils estiment cruciales pour poursuivre leurs activités.
Ces questions ont notamment porté sur le maintien ou non du compte pénibilité, (très tôt contesté par les organisations professionnelles du BTP), la concurrence déloyale, la formation professionnelle et l’apprentissage (dont les effectifs ont fondu de moitié au cours des 5 dernières années). Extraits…
Unanimité contre le compte pénibilité
Sans réelle surprise, l’ensemble des candidats de la primaire à droite s’est prononcé en faveur de la disparition du compte de prévention pénibilité. Rappelons que ce dispositif oblige depuis le 1er juillet 2016 chaque entrepreneur à comptabiliser les périodes d’exposition des salariés à un ou plusieurs facteurs de risques professionnels*.
Le salarié ayant exercé des tâches pénibles (calculées à partir d’un seuil annuel) peut ainsi cumuler des points afin de partir plus tôt à la retraite, se former ou travailler à temps partiel sans perte de salaire.
La mise en application de ce compte oblige les entreprises (via leurs branches professionnelles) à construire des référentiels afin de faciliter le travail d’évaluation de l’exposition de leurs salariés aux facteurs définis par les décrets d’application.
Un référentiel « impossible » à construire, a rappelé, devant les candidats de la primaire à Droite, le président de la FFB, Jacques Chanut dont l'organisatioin patronale, n’a cessé dès le départ, de dénoncer « cette usine à gaz ». Dont acte a priori, si la droite remporte l’élection présidentielle en mai prochain, le dispositif devrait disparaître…
L’apprentissage, le "dada" des politiques ?
Autre thème fédérateur et dont les politiques de tout bord aiment s’emparer, celui de l’apprentissage. Le développement de l’apprentissage est souvent considéré comme une arme pour lutter contre le chômage des jeunes, à l’instar de l’Allemagne qui forme de très nombreux apprentis.
Or, les effectifs des apprentis ont dramatiquement chuté au cours des dernières années suite à la crise économique. Pour les professionnels du Bâtiment, le problème de fond demeure la rigidité du contrat d’apprentissage et l’Education nationale, qui n’oriente pas les jeunes vers les métiers dits manuels.
« Ce doit être une priorité absolue » affirme Alain Juppé qui veut rapprocher l’Education nationale, les Centres de formation des apprentis et les Lycées professionnels ». François Fillon et Bruno le Maire évoquent de leur côté la création de Lycées de métiers (avec la fusion des CFA et des lycées professionnels sous l’autorité des régions et des branches professionnelles). Objectif : simplifier le système et le rendre performant, en revoyant le financement de l’apprentissage… voire son fonctionnement paritaire (proposition de B. Le Maire).
Assouplir le contrat de travail
Concernant le contrat d’apprentissage, les candidats se disent prêts à l’assouplir pour mieux « coller » aux besoins et aux difficultés des entreprises. « Il faudra supprimer l’interdiction de licencier un apprenti », affirme Nicolas Sarkozy. Alain Juppé veut, de son côté, « créer un contrat de un an renouvelable et non de deux ans comme aujourd’hui ».
Cet assouplissement doit d’ailleurs s’inscrire dans le cadre d’une réforme du code du Travail globale évoqué par tous les candidats de la primaire à droite. Leur objectif : simplifier le code afin de faciliter les embauches tout en introduisant de la souplesse. En clair, les contrats de travail devront davantage s’adapter aux contraintes de l’activité économique des entreprises.
Auto-entrepreneur, rien ne changera !
La question de la concurrence déloyale a également nourri les échanges entre chefs d’entreprises et candidats réunis autour de la table-ronde. Pour les entrepreneurs, la concurrence déloyale se manifeste à travers le recours frauduleux aux travailleurs détachés sur les chantiers mais aussi à travers le système de l’auto-entreprenariat.
Concernant le statut de l’auto-entrepreneur, les candidats interrogés ne supprimeront pas le système « qui a fait ses preuves puisqu’il a permis de faire travailler un million de personnes », affirme pour sa part Nicolas Sarkozy.
« C’est un système vertueux et puissant, dont les effets pervers ne sont pas suffisants pour envisager de le détruire » reprend l’ancien président, qui envisage plutôt de l’améliorer et de l’encadrer dans le temps en le limitant à deux ans.
Directive travailleurs détachés : à revoir !
François Fillon veut même encourager l’auto-entreprenariat en France. Il avait déjà déclaré qu’il souhaitait doubler le nombre des auto-entrepreneurs (en visant les 2 millions) via une facilité d’accès au statut (de « prestataire indépendant ») et la mise en place d’une même fiscalité pour les artisans et auto-entrepreneurs.
Concernant la directive sur les travailleurs détachés, Nicolas Sarkozy veut faire changer les règles européennes jugées désastreuses. En attendant et s’il est élu, il propose d’augmenter les cotisations des employeurs qui embauchent des travailleurs détachés…
* manutentions manuelles de charges, postures pénibles, vibrations mécaniques, agents chimiques dangereux (y compris poussières et fumées), températures extrêmes et le bruit
Source : batirama.com / Fabienne Leroy