La reprise de l?activité est avérée en 2016 et sera meilleure que prévu, selon Jacques Chanut, président de la FFB. Attention à maintenir les mesures qui ont été efficaces, prévient-il.
C’est une bonne surprise pour les professionnels du Bâtiment : la croissance du secteur s’établit en effet à 1,9 % en volume contre 0,9 % annoncé en début d’année. Et deux raisons majeures expliquent ce retournement de situation, précise Jacques Chanut, lors de son point presse de fin d’année.
D’une part, la croissance des logements neufs s’est renforcée avec 380 000 mises en chantier, et d’autre part, l’arrêt de l’effondrement du non résidentiel neuf se confirme avec un recul de seulement 1,7 %.
Sur ce segment de marché, seuls les bâtiments publics continuent de souffrir et l’ouverture de la période électorale ne devrait pas profondément modifier la donne en 2017, selon la FFB.
Amélioration entretien : le parent pauvre
Quant à l’amélioration-entretien, l’activité reprend timidement avec + 0,5 % en volume. « C’est le parent pauvre de notre activité, on peut même parler d’atonie » commente Jacques Chanut. « Le marché de la rénovation énergétique nous déçoit malgré les dispositifs publics puissants mis en place » ajoute le président qui table sur une hausse de la production limitée à + 0,9 % en volume.
Petit espoir : les derniers chiffres communiqués par la chambre des notaires font état d’un nombre important de transactions dans l’ancien en 2016, fin juillet (+ 15%) "ce qui peut générer un volume de travaux possibles à la clé…"
« Il est certain que si l’on supprime les dispositifs mis en place, comme la TVA à taux réduit, le PTZ ou le dispositif Pinel, on menace directement plus de 100 000 emplois dans le Bâtiment » insiste Jacques Chanut.
Confirmation de la reprise en 2017
En tout cas, l’année 2017 devrait confirmer le mouvement de reprise amorcé globalement en 2016, notamment en ce qui concerne le logement neuf. L’organisation professionnelle prévoit ainsi une croissance globale de + 3,4 %.
Elle estime à 410 000 le nombre de logements mis en chantier l’année prochaine (soit 30 000 de plus qu’en 2016) et donc une activité en progression de + 8,7 %. Un niveau qui serait proche de celui de l’année 2010 avec ses 415 000 logements, précise Jacques Chanut.
Enfin, toujours en 2017, le non résidentiel connaîtrait une hausse des surfaces commencées de 5,6 %, et une croissance de + 4 %, ce qui le ramènerait à son niveau de 2014. « C’est aussi le secteur le plus impacté par la crise » reprend le président.
Sureffectif dans les entreprises
En volume, le niveau prévu en 2017 se maintiendra en deça de celui de 2013 en regard de la chute de l’activité de 21 % entre 2017 et 2015. « On devrait retrouver le niveau des années 2013-2014 avec 133 milliards d’euros au total, et créer 6000 postes de salariés et embaucher 4000 postes en intérim » précise J. Chanut.
Cette prévision de faible embauche tient compte du sureffectif actuel des compagnons dans les entreprises qui ont préféré conserver leur main d’œuvre qualifiée malgré la crise, selon la FFB. « On ne créera pas encore d’emplois nets avant que l’activité ne redémarre vraiment, le bémol demeurant la fraude au détachement des travailleurs, termine Jacques Chanut.
Source : batirama.com / Fabienne Leroy
Précisions sur le détachement des travailleurs
Selon Jacques Chanut, « La différence de coût réel entre un travailleur détaché et un salarié local, est de 15 % en moyenne, ce qui correspond au paiement des charges sociales (normalement assuré par son pays d’origine). Lors de l’embauche d’un travailleur détaché, il faut en effet rajouter les coûts de son voyage, d’hébergement et de restauration…
Ce qui pose problème est que la directive n’est pas appliquée, en raison du dépassement des horaires ou du non-paiement des cotisations sociales du travailleur dans son pays d’origine.
Il faut donc revoir la directive afin que sa mise en œuvre ne créée pas des conditions de concurrence déloyale dans un pays (…) Et en attendant, il faut des contrôles… Cela sera facilité par la mise en place de la carte d’identité dans le BTP, même si cet outil ne permettra pas de répondre à la problématique du dépassement d’heures " conclut le président de la fédératon française du Bâtiment.