Il existe des plaques spéciales pour de nombreux usages spécifiques, depuis la décoration jusqu?à l?épuration de l?air intérieur. Mais aucune n?est en mesure de couvrir tous les usages.
©Placo Phonique
Les plaques de plâtre classiques sont des produits massivement utilisés. On ne construit plus un seul bâtiment, quelle que soit sa nature, sans y poser des plaques de plâtre.
A côté de ces plaques standardisées, difficilement différentiables entre-elles, apparaissent quantité de plaques de plâtre spéciales, hautement techniques, conçues pour répondre à des objectifs très précis de tenue au feu, de résistance sismique, de protection acoustique, de résistance à l’eau et aux atmosphères humides, de conduction ou de stockage de chaleur, de qualité de l’air intérieur, de résistance mécanique élevée pour une pose au sol, de protection contre les rayons X, …
L’univers de ces plaques spécialisées est largement plus ouvert que celui des plaques standard.
Des fabricants plus nombreux
En plus des grands ténors que sont Placoplâtre, Knauf et Siniat, on trouve aussi Fermacell, Jakon Insulation, Promat, Isolava, Cellumat, Geostaff, Arts Béton Design, … Les matières utilisées sont plus diverses.
On trouve du plâtre bien sûr, mais souvent largement mélangé à des ingrédients spécifiques, à propos desquels les fabricants demeurent discrets. On rencontre aussi de la lave pulvérisée et agglomérée, de la pierre, du ciment, etc.
Chaque matière répond à un objectif précis. Aucune plaque n’est en mesure de couvrir tous les usages spécifiques. Mais de manière croissante, les fabricants proposent des plaques capables d’assurer deux ou trois missions à la fois : résistance à l’humidité + acoustique + décoration, par exemple.
CE QU'EN DIT LA RÉGLEMENTATION
Les plaques spéciales couvrent des secteurs très hétérogènes et sont donc régies par des règlements différents. Un domaine cependant les contraint à une approche commune.
Les émissions dans l’air intérieur
Depuis le 1er janvier 2012, les produits de construction et de décoration sont munis d’une étiquette qui indique leur niveau d’émission en polluants volatils. Les cloisons sont concernées dans la mesure où elles sont destinées à un usage intérieur. Ce qui est clairement le cas de nos plaques spéciales.
Le niveau d’émission du produit est indiqué par une classe allant de A+ (très faibles émissions) à C (fortes émissions), selon le principe déjà utilisé pour l’électroménager ou les véhicules. Depuis le 1er septembre 2013, tous les produits visés vendus en France doivent posséder une étiquette. L’absence d’étiquette constitue une infraction.
L‘exemple des solutions coupe-feu
Tous les fabricants de plaques spécifiques le soulignent : leurs plaques font partie d’un système. La plaque peut être coupe-feu, mais elle ne suffit pas à réaliser une cloison coupe-feu.
Il faut en plus que les autres composants du système – ossatures, bandes, colles, vis, agrafes, etc. - soient en cohérence avec l’objectif poursuivi. Et que le système dans sa globalité, soit mis en œuvre de manière cohérente, notamment en respectant le nombre de vis ou d’agrafes nécessaires et leur écartement maximum.
Tout ceci est contenu en grand détail, soit dans les documents techniques disponibles sur le site internet des fabricants, soit dans les Avis Techniques (ATec) ou autre Documents Techniques d’Application (DTA) qu’il a obtenus.
Par exemple, le DTA portant la référence d’Avis Technique 9/15-1015 « Cloisons séparatives Pladur Métal SA 900 et Pladur Métal SD 900 », obtenu par Yesos Ibericos (www.pladur.com), indique que ces cloisons ont fait l’objet d’essais et de classement de résistance au feu, joints au DTA.
Chaque fabricant peut demander des essais et obtenir des classements de résistance au feu pour les configurations – hauteur maximale, nombre et nature de plaques, types d’ossature, etc. – qu’il a choisies et qui ne seront pas nécessairement similaires à celles retenues par ses concurrents.
Bref, il faut lire tous les ATec, FTA et PV d’Essais pour se faire une idée précise des configurations retenues lorsqu’un fabricant met en avant la résistance au feu de telle ou telle solution. Cela vaut pour chaque mission spécifique : écran aux rayons X, tenue à l’eau, etc.
Solution 1 : Des plaques cintrées, anti-feu et hydrofuges
Voici des plaques trois-en-un, cintrées, anti-feu et hydrofuges. L’intérêt des plaques spéciales est leur possibilité d’additionner les performances.
Pour cette concession BMW Mini à Lattes, près de Montpellier, l’architecte François Fontès a conçu deux halls de verre et d’acier, recouverts d’une toiture en forme de vague. Ce qui se traduit par un plafond extérieur suspendu sous abri de 2500 m².
L’entreprise Sodac, adjudicataire du marché, cherchait donc des plaques de grandes dimensions, très résistantes, faciles à mettre en œuvre, cintrables, dotées d’une bonne tenue au feu et hydrofuges. Son choix s’est porté sur des plaques Promat Masterimpact-RH de 2600 x 1200 x 9 mm.
Ce sont des plaques autoclavées, en silicate de calcium renforcé de fibres cellulosiques. Elles bénéficient de l’ATec 9/16-1044 jusqu’au 30/04/2023. Le sous-plafond est constitué d’une ossature métallique Donn DX Rapid’Fix MC, directement fixée à la structure de la toiture en bac acier par des tiges filetées de 10 cm.
Chaque plaque à bords amincis est fixée à l’aide de vis Hi Low. Le joint entre les plaques est traité par une bande portant une grille en fibre de verre, complétée par un enduit Masterjoint pour une plus grande élasticité. L’ensemble apporte une résistance au feu EI 60 (classement au feu A2-s1, d0), une tenue au vent jusqu’à 130 km/h et une résistance hydrofuge importante.
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Intérêt
: 400 m² de plaques ont été cintrés sur le chantier. Ces plaques peuvent être posées en toutes zones de sismicité (1 à 5) en France Métropolitaine et Dom-Tom -
Limite
: rayon de cintrage de 9 m
Solution 2 : Traiter l’acoustique entre deux pièces
Les plaques acoustiques ne suffisent pas toujours, il faut un système cohérent et complet
La réduction de la transmission du bruit entre deux pièces adjacentes est prise en charge par une ou plusieurs plaques de plâtre vissée sur une ossature métallique. Cette ossature se compose de rails hauts et bas, d’un ensemble de montants verticaux, simple ou doubles selon la hauteur visée.
Les montants sont communs aux deux faces des cloisons. L’épaisseur, le nombre de parements, les caractéristiques de l’ossature métallique et l’ajout éventuel d’une isolation en fibres minérales dans l’épaisseur de l’ouvrage, déterminent ses performances thermiques, acoustiques et de résistance au feu.
Les principaux industriels proposent des solutions courantes pour des cloisons jusqu’à 7 m de haut, une résistance au feu jusqu’à EI 120 (coupe-feu deux heures) et des performances acoustiques élevées. La plupart des fabricants proposent des plaques cumulant au moins deux propriétés : les plaques KA 25 Phonik + Feu chez Knauf, per exemple.
Des configurations types testées
Pour faciliter votre tâche, les fabricants ont conçu des configurations de cloisons acoustiques spécifiques, les ont fait tester en laboratoire et peuvent attester de leurs performances grâce à un PV d’essai clairement identifié.
Chacune de ces configurations est décrite précisément avec la nomenclature des produits utilisés, les quantitatifs, les conditions d’emplois et les performances obtenues. Si vous respectez l’ensemble de ces prescriptions, le résultat attendu sera obtenu.
Dans leurs documents, les fabricants soulignent des points importants dans la mise en œuvre. Par exemple, pour un bon résultat acoustique, il faut assurer l’étanchéité à l’air du pied et du sommet de la cloison par un calfeutrement du jeu sous la plaque à l’aide d’un mastic, dont ils fournissent en général la référence précise.
Tous ces systèmes de cloisons relèvent des Règles de l’Art traditionnelles, décrites dans le DTU 25.41 révisé « Ouvrages en plaques de plâtre » et de leurs DTA (Documents Techniques d’Application) respectifs.
PRODUITS
Source : batirama.com / Pascal Poggi