Limiter les bruits d?impact entre deux logements ou deux étages, c?est le rôle dévolu aux sous-couches acoustiques minces (Scam).
©Parex Lanko
Elles sont Indispensables dans le neuf pour répondre à la réglementation. Que ce soit en neuf ou en rénovation, il n’existe pas de solutions toutes faites pour traiter l’acoustique, chaque cas est particulier. Bien traiter cette problématique, c’est d’abord bien comprendre les phénomènes acoustiques et les solutions techniques à mettre en place pour les corriger.
Sachant que l’efficacité du procédé retenu dépend de nombreux paramètres : niveaux des bruits extérieurs et intérieurs, nature des matériaux, qualité de la construction, possibilité de désolidarisation à l’aide de matériaux résilients… Il est aussi plus facile d’intervenir à la conception qu’en rénovation de l’existant – où les solutions mises en œuvre sont souvent néanmoins des adaptations des techniques utilisées dans la construction neuve.
Diminuer les transmissions
Pour répondre à ces problématiques, s’est développé tout un ensemble de solutions techniques dont les sous-couches acoustiques minces, appelées aussi Scam, des procédés reconnus et sous certification CSTBat.
Eléments constitutifs quasi-incontournables des planchers dans la construction résidentielle neuve, elles sont utilisées comme « complément » d’isolation acoustique pour diminuer les transmissions des ondes sonores d’un local à un autre et/ou d’un étage à un autre.
Dans un bâtiment de logements collectifs, il est aujourd’hui difficilement envisageable de poser un revêtement – carrelé, parquet ou stratifié – entre deux étages sans ladite sous-couche pour répondre à la réglementation acoustique ou aux différents labels.
Ainsi le label Qualitel et le label confort acoustique exigent respectivement 55 et 52 dB, soit une exigence supérieure à celle de la réglementation européenne 58 dB. Du coup, le marché des Scam est directement lié à celui du résidentiel collectif et comme l’heure est à la reprise…
Mise en œuvre sensible
Au plan technique et mise en œuvre, ces systèmes sont regroupés en deux grandes familles : Scam 1 : fibres de verre ou polyester + bitume ; Scam2 : fibres de verre ou polyester + film polyéthylène. Ils sont à la fois simples et sensibles à mettre en œuvre.
Comme leur nom l’indique, il s’agit de produits minces (moins de 5 mm), dont la fonction consiste, une fois en place, à dissocier la chape ou le revêtement qui reçoit les impacts (marche avec talon, chute d’objets, billes…), du support.
Limitant ainsi la propagation des vibrations d’un local à un autre, via ledit support. A noter, elles peuvent être associées à un isolant thermique.
Désolidarisation de l’ouvrage obligatoire
En plus de la qualité des produits, la performance acoustique de l’ouvrage est totalement conditionnée par celle de la mise en œuvre. Le meilleur des produits n’aura aucune efficacité s’il n’est pas bien mis en œuvre.
Outre un support propre et plan – conditions de planéités définies dans les DTU ou avis technique des ouvrages –, il est notamment indispensable de désolidariser l’ouvrage en périphérie et au droit de tous les points singuliers, à l’aide d’une bande de désolidarisation.
Dans tous les cas, le sol sur lequel on marche doit être découplé acoustiquement de son support. Autre point sensible, le risque de passage de mortier – donc de laitance – entre l’ouvrage acoustique et le support. Et comme le diable se cache dans les détails : prévoir la désolidarisation de la plinthe du revêtement en rabattant la Scam ou la bande résiliente sous la plinthe.
SOLUTIONS
Solution 1 : Sous carrelage collé, parquet ou stratifié
Cette technique consiste à interposer un matériau résilient, sous couche acoustique mince, entre la dalle support et le revêtement de sol.
La plus économique, elle est aussi la plus simple en rénovation. Présentée en rouleaux ou plaques, elle est posée en continu, bord à bord et sans chevauchement, entre la dalle support et le revêtement de sol (carrelage, parquet, stratifié…). Et ce, sur toute la surface.
Sous carrelage collé, les joints de la sous-couche en plaques seront décalés de ceux du carrelage. Collé au ras du plancher et rabattu sous la plinthe, un joint mousse périphérique permet la désolidarisation du revêtement et des plinthes, qui détermine l’efficacité du système.
De l’élasticité et de l’épaisseur (3 à 7 mm) de la sous-couche dépend le degré d’isolation acoustique, qui augmente avec l’épaisseur. Sous avis technique, ces systèmes sont fournis en kit avec tous les éléments nécessaires à leur mise en œuvre (colle sous-couche, mortier-colle carrelage, mortier de jointoiement, joint mousse…).
- Intérêt : Pose simplifiée et rapide. Adapté à la rénovation
- Limite : Rien à signaler
Solution 2 Sous chape flottante ou carrelage scellé
La sous-couche acoustique, posée sur le plancher, reçoit une chape flottante de 5 ou 6 cm d’épaisseur. Pour une épaisseur inférieure à 5 mm, les lés de la sous-couche sont relevés en angles droits sur les parois verticales, ce qui désolidarise la chape et évite les ponts phoniques entre plancher et murs.
Si l’épaisseur de l’isolant en plaques excède 5 mm, un bandeau périphérique de désolidarisation de 3 mm – 5 mm en cas de plancher chauffant – doit être posé au niveau des plinthes et déborder d’au moins 2 cm – il est arasé après la pose du revêtement final.
Dans le cas d’une sous-couche imperméable, des bandes adhésives de 5 cm de large minimum recouvrent les joints entre panneaux ou lés, afin d’éviter les laitances dans l’isolant lors du coulage de la chape. Pour une sous-couche perméable, c’est un film de polyéthylène d’au moins 150 µm qui est déroulé sur toute la surface et relevé en périphérie.
- Intérêt : Compatible plancher chauffant. Limite la transmission acoustique de la chape au plancher porteur et évite la transmission des bruits extérieurs vers la chape.
- Limite :Travaux lourds en rénovation
3 domaines d’emploi
Les Scam sont destinées à être mises en œuvre soit :
- Sous chape ou dalle flottante selon le DTU 26-2 et Avis technique du CSTB ou sous carrelage scellé selon le DTU 52.1 ;
- Sous carrelage collé avec des procédés sous avis technique du CSTB ;
- Sous parquet flottant selon les DTU 51.11 et DTU.3 et sous revêtement de sol stratifié flottant (CPT CSTB n° 3642)
Caractérisation des Scam
Les sous-couches acoustiques minces (Scam) d’épaisseur inférieure ou égale à 10 mm répondent aux exigences techniques de la norme NF P 61-203, parue fin 2003. Cette norme, partie commune aux DTU 26.2 et 52.1, définit aussi la mise en œuvre des sous-couches isolantes sous chape ou dalles flottantes et sous carrelage scellé.
- Performance acoustique : réduction du bruit de choc pondéré Lw ≥ à 15 dB et augmentation de la raideur dynamique après fluage < 60%.
- Classe d’application : le comportement sous charge de la Scam définit sa classe d’application. Deux classes sont définies :
- SC1 : pose directe de carrelage scellé avec mortier de pose non armé de 6 cm d’épaisseur nominale ou mortier armé de 5 cm d’épaisseur. La variation d'épaisseur entre 50 Kpa et 2 Kpa doit être inférieure à 1,5 mm.
- SC2 pose sous chape armée de 6 cm.
- Charge d'exploitation admissible
- a = 500 kg/m² pour le tertiaire, bureaux, salles de classe, halls de réception.
- b = 200 kg/m² pour l'habitat.
- Indice 1 à 4 : en cas de superposition de deux sous-couches, acoustiques ou thermiques, la somme des indices des deux sous-couches superposées doit rester inférieure à 4.
- A : sous-couche acoustique aux bruits de chocs.
- Ch : sous-couche compatible avec les sols chauffants.
- L’ensemble de ces informations doit figurer sur l’étiquette du produit.
Une association pour les Scam
Dans le but de valoriser les produits de qualité, l'Association française des sous-couches acoustiques minces (AFSCAM) a été créée en 2001. Elle regroupe les principaux industriels des Scam à base de fibres minérales ou organiques. C’est à son initiative que le Cstb a créé une certification dédiée aux Scam. Ses missions :
- Contribuer à la qualité acoustique des bâtiments et au confort de leurs occupants.
- Promouvoir des produits répondant à des performances acoustiques réelles et durables.
- Valoriser les solutions minces d’insonorisation, conformes aux exigences de la réglementation.
Responsabilité
La qualité de la mise en œuvre des sous-couches acoustiques minces est d’autant plus importante que la responsabilité des entreprises, carreleur ou chapiste, vis-à-vis de la garantie décennale est engagée. En effet, cette dernière concerne l'ensemble du support gros œuvre, isolation, chape, carrelage.
Prescription thermique et acoustique
Pour peu qu’ils respectent les règles de superposition de la norme NF 61-303, les Scam sont aptes à répondre aux ¬prescriptions réglementaires thermiques et acoustiques :
- pour les planchers bas, avec une Scam associée à un isolant thermique,
- pour les planchers intermédiaires, avec une Scam associée à un isolant thermique R=1 mini en cas de plancher chauffant ou, s’il n’y en a pas, une Scam sous chape avec bande de relevés, combinée à des rupteurs thermiques en about de dalles.
PRODUITS
Source : batirama.com / Stéphane Miget