Les acteurs de la famille Béton se sont réunis au sein d?une nouvelle association baptisée « la Filière béton ». Elle veut convaincre élus et décideurs... et fait des propositions.
La nouvelle association Filière Beton est constituée par 5 syndicats* représentant la filière des granulats, des carrières, du ciment, du béton préfabriqué et du béton prêt-à-l’emploi.
Cette réunification est une bonne nouvelle pour cette famille soucieuse de communiquer d'une seule voix : elle n’avait pas réussi à rassembler jusque-là, la totalité de ses membres, notamment lors des précédentes élections présidentielles, reconnaît en préambule son président Raoul de Parisot.
Quels sont les intervenants de la filière Béton précisément ? Ce sont, en amont, les producteurs de matériaux entrant dans la composition du béton : le ciment (dont les acteurs sont représentés par le Sfic*) les granulats (via l’UNPG) et les carrières dont les producteurs sont regroupés au sein de l’Unicem.
Les autres intervenants, en aval de la filière, sont bien sûr les producteurs du produit fini que l’on trouve soit sous la forme du béton prêt-à-l’emploi (défendus par le SNBPE) soit du béton préfabriqué (dont les adhérents sont réunis au sein de la FIB).
Des intérêts parfois divergents dans la famille
Si quelques tentatives ont été menées en vue de réunir ces nombreux et différents acteurs, elles n’ont pas toujours abouti. En effet, les intérêts des uns et des autres peuvent être parfois fort divergents, notamment sur le terrain, où la concurrence s’est avérée rude entre producteurs de béton prêt-à-l’emploi et fabricants de béton préfabriqué.
Les années de crise (2008-2015) ont par ailleurs exacerbé, certaines tensions entre ces producteurs de béton confrontés à une chute de leur chiffre d’affaires global (- 30 % selon Alain Plantier président du SNBPE) et dont les solutions se sont affrontées sur les chantiers.
Aujourd’hui, la nouvelle association présidée par Raoul de Parisot (président du Sfic) et co-présidée par Philippe Gruat (FIB) et Alain Plantier (SNBPE) montre qu’elle veut avancer en rangs serrés en présentant ses propositions aux candidats de l’élection présidentielle.
Convaincre la maîtrise d’ouvrage publique
Coachée depuis quelques mois par une agence de relations publiques (1), décrite comme « pionnière en communication d’influence » (ndlr : on ne dit plus lobbying), la Filière Beton, dont l’image reste déficitaire auprès du grand public, cible avant tout la maîtrise d’ouvrage publique et notamment les bailleurs sociaux.
Sensible aux goûts et aux opinions du grand public, la maîtrise d’ouvrage publique doit séduire les populations locales qui habiteront ou côtoieront les bâtiments construits. Et le béton doit encore et toujours convaincre élus, décideurs et grand public en défendant son bilan environnemental, sociétal et économique.
Alors les arguments ne manquent pas pour la nouvelle association… La filière Béton rappelle qu’elle gère 4 400 sites de production et 65 000 emplois directs répartis sur le territoire (200 000 emplois indirects). Des emplois locaux à défendre face à la menace de la désertification rurale.
Recyclage, valorisation et Green Deal du ciment
La profession rappelle également qu’elle s’est engagée sur de nombreux chantiers allant du recyclage et de la revalorisation des granulats et matériaux (notamment avec le Green Deal du ciment) en passant par des efforts importants en R&D pour améliorer les performances des produits (comme le nouveau bloc isolant rempli d'une mousse minérale isolante) et faciliter leur mise en œuvre.
Quant au ciment, dont l’empreinte carbone, est toujours pointée du doigt, il ne représente que 6 à 12 % du produit béton, selon les applications, souligne Raoul de Parisot.
La Filière Béton rappelle enfin qu’elle est ancrée « dans la nouvelle économie, numérique et de fonctionnalité », avec des produits tels que les bétons drainants ou dépolluants, qui peuvent jouer un rôle important dans les grands projets d’infrastructure comme le Grand Paris, avec ses 60 gares et 200 km de voies nouvelles.
Des espoirs de nouveaux chantiers
Enfin, la profession se dit prête à relever les grands défis du Logement en France, l’objectif officiel de 500 000 Logements par an en France n’étant pas encore atteint… La reprise de la conjoncture en France suscite ainsi, des espoirs de nouveaux chantiers et de nouvelles opportunités d’affaires que la Filière béton espère bien saisir.
Et si cette filière espère bien faire entendre sa voix aujourd’hui, c’est qu’elle sait qu’elle ne sera pas seule sur le terrain. Les producteurs de solutions concurrentes - dont la brique terre cuite qui a nettement accru ses parts de marché dans la construction de logements collectifs, et le bois, dans une moindre mesure mais toujours encouragé et soutenu par les pouvoirs publics en tant que produit biosourcé, au grand dam de la Filière béton- ne resteront pas les bras croisés…
Les 7 propositions de la filière béton
1. Libérer des espaces qui permettent une densification intelligente, en libérant davantage de réserves foncières tout en analysant et mobilisant celles des grandes entreprises publiques et en évaluant les réserves foncières souterraines pour accueillir des infrastructures de transport, de réseaux et de logistiques ;
2. Favoriser la conception des ouvrages évolutifs, modulables et durables en inscrivant leur développement dans les plans locaux d’urbanisme et en les insérant dans de futurs plans en faveur de logements étudiants et bâtiments scolaires. Pierre Laplante, directeur général de Rector a ainsi évoqué la construction d’un bâtiment innovant totalement modulaire en béton préfabriqué dans le quartier de la Cartoucherie à Toulouse ;
3. Favoriser le développement de la nature en ville en associant plus systématiquement surélévation et végétalisation et en mettant en place des dispositifs d’incitation financière ;
4 . Protéger les personnes et les biens, en engageant une réflexion sur les outils d’évaluation de résistance au feu des bâtiments, et en proposant un moratoire sur les mesures réglementaires actuelles plutôt que leur allègement ;
5. Introduire dans la commande publique un critère d’économie circulaire, en incluant un critère de recyclabilité des matériaux dans les appels d’offres publics, et en élargissant dans ces derniers la notion de clauses d’insertion aux emplois locaux ;
6 . Favoriser la complémentarité rural-urbain, en réfléchissant à la mise en place d’un plan de soutien pour la modernisation, l’adaptation et le renouvellement des infrastructures agricoles, et en soutenant la filière de production de biomasse ;
7 . Valoriser les expertises et les savoirs de la filière construction, en augmentant les crédits alloués au Centre d’études et de recherches sur les partenariats avec les entreprises et les professions (Cerpep), et en formant, en continu, les ingénieurs territoriaux aux possibilités offertes par le béton.
*Les 5 oganisations professionnelles membres de la filière béton
SFIC, Syndicat français de l’industrie cimentière
Unicem, Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction
UNPG, Union nationale des producteurs de granulats
FIB , Fédération de l’industrie du béton
SNBPE, Syndicat national du béton prêt à l’emploi
(1) Agence Rumeur Publique
Source : batirama.com / Fabienne Leroy