Forte de 24 années d?expérience, l?association ADC3R, veut pratiquement tripler la réduction du CO2 émis dans l?atmosphère.
Christophe Morote, porte-parole de l’ADC3R et responsable de l’entreprise Climalife-Groupe Dehon.
« Tous les partenaires de la filière sont tombés d’accord sur la nouvelle convention. »
Soumise au règlement F-Gas européen de 2014 (UE, n° 517/2014), la filière du froid et de la climatisation se démène actuellement pour relever le défi de la réduction des usages des gaz réfrigérants et de la récupération des fluides usagés.
Appliqué depuis 2016, la F-Gas vise, d’ici 2030, à réduire de 79 % les HFC (hydrofluorocarbones) mis sur le marché. Parallèlement, des interdictions d’usages de ces gaz s’appliqueront sur les matériels neufs et en maintenance. Pour autant, ce texte dit peu de choses sur les efforts en matière de réduction des émissions, si ce n’est qu’il impose un contrôle d’étanchéité des installations.
Complétons ces éléments du contexte. Au niveau mondial, ces gaz fluorés comptent pour 2 % des gaz à effets de serre ; parmi eux, les gaz dédiés au froid et à la climatisation compte pour 60 % de ce volume. Cependant, les professionnels sont plutôt inquiets du fait que seuls 40 % de cette production soient orientés vers les chantiers neufs ; le solde – 60 % – corrige les fuites des installations existantes… En France, les taux de fuite sont limités à environ 15 %.
Tirer profit d’un quart de siècle de récupération
Créée en 1993 à l’initiative des professionnels du froid, l’Association des distributeurs, conditionneurs, récupérateurs et retraiteurs de réfrigérants – ADC3R – possède une expérience et des résultats validés en matière de traitement de ce type de fluides. Cette démarche volontaire a en particulier mis en évidence l’efficacité d’un système qui repose sur une écoparticipation au recyclage et au retraitement.
Dans un rapport commandé l’an passé à Armines sur l’impact de son activité depuis sa mise en service, cet organisme de recherches conclut à une réduction d’émission de 45 millions de tonnes équivalent de CO2 sur 24 ans.Le rendement de cette valorisation atteint aujourd’hui un palier de 70 % ; en outre, en tenant compte du cours du CO2, cette action serait valorisée par la chair économique du climat entre 2 et 3 Mds€ de gain pour la société publique, explique-t-on à l’ADC3R.
Dans le nouveau contexte, cette association a proposé à l’ensemble des organisations de la filière « thermodynamique » – Snefcca, AFF, SHD, Uniclima, Climafort et AFCE* – de renouveler et d’élargir la convention. L’objectif est d’intégrer la récupération et le traitement des gaz à la réduction programmée de leur utilisation. Tous sont tombés d’accord sur ses termes fin janvier dernier ; elle sera signée dans les prochains jours.
Objectif : +7 à +10 % de récupération
Cette convention promet une réduction moyenne des émissions dans l’atmosphère de 5,5 millions de teqCO2 par an durant 15 ans au lieu des 2 M teqCO2 proposés par la F-Gas. Parallèlement, l’ADC3R vise une amélioration de la récupération des fluides de l’ordre de 7 à 10 %.
Graph : En 20 ans, l’ADC3R a atteint un rendement de récupération de 70 %.
L’élargissement de la collecte en respectant les bonnes pratiques doit permettre de maintenir ce niveau, difficilement franchissable.
Désormais, ces modalités de récupération et de traitement volontaires sont portées au ministère de l’Écologie où une signature officielle est attendue… avant début mai ; il faut noter que la première convention a été signée par le même ministère.
« Le principe de cette démarche repose sur l’application d’un « forfait récupération » sur les fluides vendus », explique Christophe Morote, porte-parole de l’ADC3R. Visible du chargement d’un système au retraitement du fluide, le modèle contourne la pratique des contrats dits « fluides inclus » qui rend opaque cette activité concrètement très suivie par les pouvoirs publics.
Le montant de cette participation serait de l’ordre de 0,85 à 1,05 €/kg de fluide vierge vendu ; cependant, ce prix de récupération est laissé à l’appréciation des fournisseurs « et de la libre concurrence » , mais il sera suivi par le conseil d’orientation de l'ADC3R. Par ailleurs, l’élargissement du champ de la convention devrait conduire à l’augmenter. L’ADC3R estime que cette participation ira jusqu’à 10 % du prix du fluide. Dans le cas des nouveaux HFO à 30-40 €/kg, cette contribution environnementale serait au maximum de 3 à 4 €/kg.
Diffuser les messages auprès des nouveaux acteurs
Ce tarif sera aussi lié à l’investissement de la filière dans de nouveaux contenants adaptés et à l’organisation logistique du rassemblement des fluides récupérés. La première expérience de l’ADC3R a établi quelque 500 points de dépôt, et les distributeurs seront invités à participer à cette action.
Compte tenue de la démographie de la profession du froid, l’ADC3R espère aussi de cette nouvelle convention pour transmettre les bonnes pratiques des aînés aux nouveaux professionnels arrivant dans les entreprises : collecte des fluides et gestion des déchets, assurer leur traçabilité, réduire les fuites…
Surtout, à l’occasion de la grande négociation internationale à Vienne en juillet 2016 qui a conclu au bannissement des HFC d’ici 2100, l’ADC3R a pu montrer l’originalité de sa démarche et les résultats de son action unique en son genre. Parmi les 197 présents, certains États – d’Europe, du Maghreb ou d’Amérique du Sud – se sont montrés intéressés par son organisation d’un coût de fonctionnement réduit et efficace.
* Snefcca, Syndicat national des entreprises du froid, des équipements de cuisines professionnelles et du conditionnement de l’air ; AFF, Association française du froid ; SHD, Syndicat des halogènes et dérivés ; Uniclima, syndicat des industries thermiques aérauliques et frigorifiques ; Climafort, le Club des utilisateurs de machines frigorifiques de fortes puissances ; et l’AFCE, Association froid climatisation environnement.
Source : batirama.com / Bernard Reinteau