Utilisées pour les planchers chauffants, ainsi que sur les planchers avec isolants thermiques ou acoustiques, les chapes fluides se développent.
Mise en place pour créer un support dans une construction neuve, pour ragréer ou niveler le sol en rénovation, la chape liquide permet aussi de couvrir la mise en place d'un chauffage au sol performant.
La chape fluide a considérablement amélioré les conditions de travail des applicateurs : le mélange réalisé en centrale est mis en œuvre debout, sans vibrations et sans avoir à tirer la chape.
Cette couche de mortier à base de ciment ou d’anhydrite, d’une épaisseur variant entre 2 et 8 cm selon les applications, permet en outre de niveler la surface des sols des bâtiments neufs ou en cours de rénovation et d’obtenir une planéité et une horizontalité parfaites.
Elle permet aussi un meilleur enrobage des tuyaux des planchers chauffants et améliore la mise en œuvre sur les isolants thermiques et/ou acoustiques des sols des bâtiments.
Convenant à tous les revêtements sols, elles peuvent bloquer les remontées d’humidité, si elles sont réalisées sur polyane, ce qui convient particulièrement pour les collages de sols souples.
Toutefois, elles présentent des inconvénients. Ainsi, la chape anhydrite, masse compacte à base de dérivés du plâtre, nécessite un temps de séchage beaucoup plus long qu'une chape traditionnelle, pouvant aller jusqu'à deux mois pour les grandes superficies.
Le problème du temps de séchage
L’exigence de séchage est en effet de 1% d’humidité pour l’anhydrite (et même de 0,5% en cas de sols souples), alors qu’elle n’est que de 4,5% pour le ciment. En outre, sa sensibilité à l’humidité limite leur prescription à certains locaux.
Elle impose également une mise en œuvre rigoureuse, notamment dans la pose du revêtement. Mais elle est très stable et offre peu de retrait, à la différence du ciment qui sèche plus vite, mais présente des retraits plus ou moins importants, pouvant provoquer des fissurations.
L’obligation de joints de retrait est ainsi de 50 m2 pour le ciment (comparable à celui des chapes traditionnelles), alors qu’elle n’est que de 500 m2 environ pour l’anhydrite : le gain de temps pour le metteur en œuvre est loin d’être négligeable.
La plupart des chapes nécessitent la réalisation d'un ponçage pour éliminer le produit de cure ou la pellicule de surface de la chape. Ainsi, si les chapes traditionnelles conservent encore des parts de marché, les chapes fluides ont des atouts qui leur font envisager un avenir de croissance, malgré deux années consécutives de baisse due à une conjoncture défavorable.
Les professionnels demandent la traçabilité des produits
En termes de traçabilité, la chape fluide est très particulière puisque, une fois la toupie vidée, le produit devient totalement anonyme. Face à des produits de qualités diverses, le GS13 demande donc une traçabilité des chapes afin de mieux les identifier une fois coulées.
Plusieurs solutions ont été proposées, telle qu’une différenciation par la couleur. Finalement, à l’image des engins de chantier, la profession demande que soit appliquée une puce RFID indiquant plusieurs informations sur le produit, telles que sa provenance.
Le problème : si certains industriels sont de bonne volonté et vont de l’avant, tels que Vendée Matériaux, le premier à s’être lancé sur cette voie, bientôt suivi de Lafarge, d’autres sont particulièrement réticents. « Le problème est le fait que les industriels ne répondent pas tous de la même façon à leurs obligations d’Avis Technique.
Certains, et non des moindres, sont même très éloignés des exigences auxquelles ils se sont engagés de répondre et freinent des quatre fers…Une exigence de traçabilité qui milite en faveur de la qualité.
*groupe spécialisé 13, dédié aux procédés pour la mise en oeuvre des revêtements
L’AVIS D’EXPERT
Michel DROIN Président du GS13 témoigne d'un marché en croissance constante
« La qualité des produits et leur facilité de mise en œuvre est en constante amélioration »
Bâtirama : Comment peut-on définir l’évolution du marché des chapes fluides ?
Michel Droin : On trouve encore des chapes traditionnelles, dans l’Est de la France notamment, réalisées par des entreprises qui pratiquent des coûts extrêmement bas, ce qui leur permet de perdurer. Cependant, le marché des chapes fluides est en croissance constante depuis une dizaine d’année, les premières chapes anhydrites ayant fait leur apparition dans les années 80.
En revanche, il est impossible d’obtenir le moindre chiffre sur les volumes de chapes et les industriels ne communiquent pas sur ce point : c’est un vrai secret ! On sait tout de même qu’il existe plus de 40 Avis Techniques du CSTB, soit une quinzaine d’acteurs, dont certains sont strictement régionaux.
Comment se répartissent les différentes familles de chapes ?
Les deux grandes familles sont les chapes anhydrite (à base de sulfate de calcium) et les chapes ciment. On voit également une troisième petite famille, celle des chapes à base ciments spéciaux.
Mais ces produits sont plus coûteux et, face à un marché de la construction encore contraint, les industriels sont peu enclins à poursuivre leur développement. Par ailleurs, le marché se satisfait pleinement du ciment et de l’anhydrite.
Qu’en est-il de l’évolution des produits eux-mêmes ?
La qualité des produits et leur facilité de mise en œuvre est en constante amélioration. Les industriels ne cessent d’affiner leurs formules (avec des chapes sans obligation de ponçage, par exemple).
Par ailleurs, nous remettons en cause le DTU 52-1 concernant la pose scellée du carrelage en raison d’une sinistralité importante. Il faut savoir que le carrelage est malheureusement en position N°1 des sinistres dans la construction. Nous devons donc travailler autrement, avec des chapes et une pose collée et ainsi supprimer la pose scellée sur isolant.
Pour l’heure, toutes les parties prenantes n’y sont pas complètement favorables. Mais il est clair que lorsque nous parviendrons tous à un accord, le marché de la chape fluide explosera.
Ce que dit la réglementation
- NF DTU 26.2 chapes et dalles à base de liants hydrauliques.
Ce document, paru en avril 2008 a fait l'objet d'un amendement en mai 2015. Il définit les clauses pour l'exécution des chapes et dalles non structurelles adhérentes ou désolidarisées sur des supports, eux-mêmes à base de liants hydrauliques, neufs ou remis à nu en locaux intérieurs.
Les locaux visés sont les locaux à faibles sollicitations (UPEC P2 et P3), à sollicitations modérées (UPEC P4), ainsi que les cuisines collectives à fortes sollicitations (UPEC P4S). L'incorporation d'une canalisation ou d'un fourreau dans la chape ou la dalle n'est pas admise.
Il est nécessaire d'exécuter auparavant un ravoirage pour obtenir un nouveau support plan. La chape ou la dalle sera systématiquement désolidarisée en cas de support récent. En cas de mise en œuvre adhérente, l'éventuel produit de cure du support sera éliminé par grenaillage. Cette préparation est systématique en cuisine collective.
Le fractionnement est de 60 m2 en adhérente et de 40 m2 en désolidarisée. Pour l’essentiel, les principales modifications de l’amendement visent la mesure de planimétrie des supports avec un appareil de mesure électrique (et non plus sous une règle de 2 m) et l’interposition de film polyane pour les plaques à plots afin d’éviter la dispersion du polystyrène.
Ajoutons également que l’emploi de treillis soudés ou de fibres dans les chapes ou dalles n’est plus nécessaire pour celles mises en œuvre sur couche de désolidarisation, y compris ravoirage. Les chapes ou dalles ont désormais une épaisseur minimale de 6 cm. Il en est de même pour les chapes ou dalles mises en œuvre sur sous-couches isolantes.
- DTU 26.2 chapes et dalles à base de liant hydraulique,
- DTU 13.3 dallages
- DTU concernant les revêtements associés (NF DTU 51.3 planchers en bois ou en panneaux dérivés du bois, DTU 51.11 pose flottante des parquets contrecollés, DTU 52.1 sols scellés, DTU 53.1 sols textiles, DTU 53.2 sols souples PVC collé, DTU 54.1 revêtement de sols coulés à base de résine, DTU 59.3 peinture de sols).
- DTU 65.14 / NF EN 1264 planchers chauffants.
- CPT 36.06 planchers rayonnants.
- Classement UPEC des locaux.
- CCPT 3578 exécution des chapes fluides à base de sulfate de calcium, révisé le 4 décembre 2014.
- Les Avis Techniques des industriels.
En savoir plus
- Guide de la chape fluide : ce guide, édité par Lafarge, vise à répondre aux questions que se posent les professionnels lorsqu’ils réalisent un chantier de construction ou de rénovation de sol.
- Guides techniques : proposés par Sika, voici le guide SyntiChape® sur la chape anhydrite auto-nivelante, le guide Sika ViscoChape® sur la chape ciment auto-nivelante (préparation du local, nature et planéîté des supports, travaux préliminaires, coulage de la chape, pose de cloisons légères et de revêtements de sol, mise en œuvre d’une chape chauffante, réglage de la pompe à chape), ainsi que le guide Sika LevelChape® HCS sur la chape ciment auto-nivelante hors chauffage au sol.
- Chapes fluides a? base de sulfate de calcium : Cahier des Prescriptions Techniques d’exécution. Ce document a été entériné par le GS 13 le 4 décembre 2014. Il annule et remplace le CPT 3578-V2 paru dans les e-Cahiers du CSTB en mars 2012. Cahier 3578-V3 – Janvier 2015. Tel. : 01 64 68 82 82.
- « Pose collée de carrelage en travaux neufs - Carreaux céramiques ou assimilés - pierres naturelles » par Christine Gilliot. 4e édition. UNECB-FFB. Au sol ou au mur, à l'intérieur ou à l'extérieur, en local sec ou humide, ou encore sur chape fluide à base de sulfate de calcium, la pose collée de carrelage doit tenir compte de multiples paramètres pour prévenir les désordres et assurer la durabilité de l'ouvrage. Cet ouvrage donne la voie çà suivre par le professionnel. http://www.decitre.fr/livres/pose-collee-de-carrelage-en-travaux-neufs-9782868916372.html.
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Source : batirama.com / Michèle Fourret