Les inscriptions au 26e concours «Un des Meilleurs Ouvriers de France» se termineront le 31 Mai prochain. Jean-Luc Chabanne nous éclaire sur cette manifestation.
L’opération « Un des Meilleurs Ouvriers de France » n’est pas seulement un concours. C’est aussi un diplôme d’État de niveau III délivré par le ministère de l’Éducation nationale. Son objectif : inciter les talentueux professionnels à tenter l’expérience et à trouver l’excellence.
Bâtirama : Jean-Luc Chabanne vous êtes secrétaire général du comité d’organisation, le COET-MOF(1). Pouvez-vous nous dire de quoi il s’agit ?
J-L Chabanne
: Association de type loi 1901 fondée en 1961, le COET-MOF a reçu délégation du ministère de l’Éducation nationale pour organiser l'examen dénommé « Concours Un des Meilleurs Ouvriers de France » (2). Cet examen conduit à l'attribution du diplôme d'Etat de niveau III et au titre d’« Un des Meilleurs Ouvriers de France ».
Le Comité a pour mission d’informer les professionnels sur les métiers, les filières existantes, les options possibles, d’orienter chaque candidat vers le meilleur moyen de valoriser son expérience professionnelle et de lui permettre de participer au concours pour devenir l’un des meilleurs ouvriers de France.
Il ouvre à la reconnaissance et à la mise en avant de l'excellence professionnelle « Made in France ». Enfin, il organise les expositions régionales ou nationales du travail, qui permettent de présenter les œuvres réalisées par les Meilleurs Ouvriers de France.
Quand, comment et pourquoi est né ce concours ?
J-LC
: En fait, l’idée remonte à 1913 en vue de sortir la France de la crise de l’apprentissage et où l’on avait des difficultés à trouver des jeunes compétents : on voit que l’histoire se répète ! D’où l’idée de créer une grande exposition du Travail où serait désigné chaque année « Le Meilleur Ouvrier de France ». Une idée que la première guerre mondiale viendra très vite reléguer en arrière-plan.
Conseiller auprès du président de la république, Lucien Klotz remet son idée en avant et propose d’élaborer un concours en 1924, en même temps que la première Exposition qui se déroule à L’Hôtel de Ville de Paris. L’idée était de mettre en avant le vrai problème qu’est la reconnaissance des métiers post-apprentissage et de prouver que la voie professionnelle est une voie de la réussite. Depuis, ce concours a eu lieu tous les trois ans, hormis, bien sûr, durant la période de la seconde guerre mondiale.
Quels sont les objectifs du concours ?
J-LC :
Il a pour but de permettre à un salarié, un indépendant, un artisan ou un formateur de montrer son savoir-faire. C’est aussi un moment d’évaluation. Ce n’est pas grave si le participant n’obtient pas tout de suite le titre de meilleur ouvrier de France. Ce qui compte, c’est qu’il soit sur la voie de l’excellence et qu’il la poursuive.
Il s’agit de remettre sans cesse son ouvrage sur le métier afin d’y parvenir, car la perfection s’inscrit dans la durée. Je tiens à ajouter que ce concours n’est pas accessible par la formation car nous tenons à ce que les talents s’expriment sur le terrain, dans leur vraie vie professionnelle.
Les métiers du bâtiment y ont-ils leur place dans ce concours ?
J-LC
: En effet. Sur les 232 métiers représentés, le bâtiment est, avec la métallurgie et les services, le fer de lance de ce concours. Pourtant, en raison de l’importance que leur accordent les médias, ce sont les métiers de bouche dont on parle le plus, alors qu’ils représentent 50% des métiers.
Nous nous attachons donc à travailler sur la reconnaissance de ces métiers, sachant que 40% de nos candidats sont des salariés d’entreprise et des formateurs, auxquels nous devons rendre service dans le cadre de la grande mutation de leurs métiers. Nous estimons qu’il est nécessaire d’apporter un éclairage sur ce public dont on ne parle jamais et valoriser le fait qu’après 5 ou 10 ans de travail, on vaut vraiment quelque chose.
A qui ce concours est-il destiné ?
J-LC
: Les candidats doivent avoir 23 ans à la fin de l’inscription. Après l’inscription (qui coûte 100 euros), les candidats doivent passer une épreuve de qualification. Ces épreuves varient, selon les métiers, entre 4 heures et deux à trois jours. Les inscriptions se dérouleront jusqu’au 31 mai 2017. Les épreuves de qualification se dérouleront de septembre à décembre 2017. Et en janvier 2018, tous les candidats qualifiés seront connus. Quant aux épreuves finales, elles se dérouleront sur le second semestre 2018.
Qu’apporte-t-il aux participants ?
J-LC
: Il leur permet d’obtenir un diplôme niveau III, ce qui équivaut à un BTS et permet à plus de 30% des lauréats de passer ainsi d’un niveau CAP (niveau V) au niveau III. Ce concours fonctionne très bien, puisqu’à la dernière session nous avions 2 500 inscrits et que nous nous dirigeons pour l’heure vers les 3 000 participants.
Il faut ajouter enfin que nous avons ouverts la notion de métiers. Ainsi, dans le BTP, le concours est aujourd’hui accessible aux frigoristes, aux charpentiers, à la couverture-métallerie ou encore aux soliers, grâce à un travail suivi avec la FFB.
(1) Comité d’organisation des expositions du travail et du concours « Un des meilleurs ouvriers de France ».
(2) Le décret 2001-599 du 5 juillet 2001 modifié par le décret n°2009-1145 du 22 septembre 2009 en fixe le règlement général
Source : batirama.com / Michèle Fourret