Le numérique est le sujet actuel, partagé par David Morales et Jean-Jacques Chatelain, respectivement président de l?UNA des métiers du Plâtre et de l?Isolation et de l?UNA peinture.
Face à l’évolution des clients, les artisans vont devoir s’adapter. Cela passera par le numérique, un thème qui sera largement développé lors des Journées Professionnelles de la Construction (JPC) à Strasbourg les 20 et 21 avril.
Notamment le BIM pour David Morales. Et pour cause, le président de l’UNA métiers du Plâtre et de l’Isolation est pilote du dossier à la Capeb et membre du comité de pilotage du Plan de transition numérique dans le bâtiment (PTNB), présidé par Bertrand Delcambre.
Le BIM au stade du balbutiement
« Si cette méthode de travail collaborative autour d’une maquette numérique se fait sur certains chantiers, on en est encore au stade expérimental », souligne David Morales, s’appuyant d’ailleurs sur une étude du PTNB, qui devrait être publiée dans les prochaines semaines.
« Cette dernière montre que les entreprises qui déclarent avoir fait du BIM, sont celles de plus de 50 salariés et à 80% ne savent pas ce qu’est l’IFC, le format de fichier destiné à assurer l’interopérabilité entre les différents logiciels de maquette numérique.
Pour autant, les artisans devront savoir lire une maquette 3D, via une plateforme collaborative, outil en développement, sur lequel travaillent actuellement la filière et le CSTB ». Et le président de UNA d’espérer que les outils de cette plateforme seront gratuits pour les artisans.
David Morales, président de l’UNA métiers du Plâtre et de l’Isolation
Devenir techno-peintre
Reste que si le BIM fait son chemin dans la construction neuve, ce n’est pas le cas dans la rénovation. C’est une des raisons pour lesquelles, l’UNA Peinture-Vitrerie-Revêtement et son président Jean-Jacques Chatelain ont décidé de prendre une autre voie, celle du numérique, même s’ils sont convaincus de l’intérêt du BIM, qu’ils utiliseront dans 5 à 10 ans « quand nos collègues des autres métiers auront essuyé les plâtres et que le système sera abouti en rénovation », précise-t-il avec malice.
« Parce que tout le monde veut prendre la place du peintre, selon lui, il faut se démarquer. Nous avons choisi d’aborder des sujets qui peuvent sembler futuristes, mais qui déjà font partie de notre quotidien ». En quelque sorte faire du peintre, un « techno-peintre ».
Plusieurs outils seront ainsi présentés lors des JPC : un robot qui permet la projection de peinture, en test actuellement dans un lycée professionnel en Auvergne Rhône-Alpes ; des lunettes 3D pour apprendre le geste du peintre et un logiciel de simulation qui donnera la possibilité aux clients de visualiser les propositions du professionnel.
Jean-Jacques Chatelain, président de l’UNA Peinture-Vitrerie-Revêtement
Se développer sur le « home staging », un nouveau marché
Jean-Jacques Chatelain en est convaincu, « il y aura toujours du travail, mais le travail va évoluer ». Cette évolution passera aussi par le « home staging ». Cette pratique de plus en plus répandue consiste à relooker un bien immobilier pour faciliter sa location ou sa vente. « Les peintres devront se rapprocher des agents immobiliers qui font de plus en plus appel aux services de home stagers ».
Une petite révolution pour les peintres plutôt habitués à personnaliser les intérieurs et qui refusaient les « coups de propre » en rénovation et les petits travaux d’un ou deux jours. « Cette volonté de s’accaparer une niche de marché est rendue possible grâce aux outils numériques mis à notre disposition », argumente le président de l’UNA peinture.
Une actualité forte sur la rénovation énergétique
Avec une actualité réglementaire très présente ces dernières semaines concernant l’isolation, David Morales s’est réjoui de la publication des décrets ou arrêtés, mais a soulevé quelques questions.
Tout d’abord, l’arrêté du 22 mars, tant attendu, sur la RT existant « élément par élément » qui rehausse les niveauxde performance thermique et énergétique à atteindre lors de l'installation ou du remplacement des éléments du bâtiment.
« Contrairement à certaines associations qui estiment que les objectifs sont insuffisants, nous considérons qu’avec un niveau minimal et évolutif, cela va nous permettre de nous projeter d’ici 2020 et de répondre à des ménages qui n’ont pas toujours les moyens financiers suffisants pour engager de gros travaux ».
Les travaux embarqués posent question
Sur l’obligation d’embarquer l’isolation thermique à l'occasion de gros travaux de rénovation de bâtiment (décret du 30 mai 2016), l’avis est plus nuancé.
« Quand un client refuse de faire des travaux d’isolation dans le cadre d’autres travaux, que fait-on ? On ne peut pas refuser du travail. Si on accepte, sans réaliser ces travaux embarqués, on peut être suivi juridiquement », s’interroge le président de l’UNA des métiers du plâtre et de l’isolation. La question reste posée.
Un coup de pouce pour inciter à faire faire des travaux
Toujours dans le domaine de la rénovation énergétique, l’initiative lancée le 23 février dernier par le ministère de l’Environnement concernant la mise en place du dispositif « Coup de pouce économies d’énergie » est la bienvenue.
Il va permettre aux ménages en situation de précarité énergétique, de bénéficier d’une prime exceptionnelle dans le cadre des certificats d’économie d’énergie (CEE), pour les aider à financer certains travaux d’économie d’énergie réalisés (arrêté du 15 février )
« Les artisans RGE qui réalisent ces travaux pourront en faire profiter leurs clients. Toutes les aides d’incitation sont essentielles pour développer le marché qui peine à décoller », souligne David Morales. « Un marché qui a été abandonné par les peintres, à part les ravaleurs », conclut Jean-Jacques Chatelain.
Source : batirama.com / F. Vergne