La construction paille lance une alerte auprès des candidats à la présidentielle afin de mieux asseoir ce matériau bio-sourcé vertueux.
Batiment paille : la solution de demain ? C’est avec cette formule que les acteurs de la construction paille, réunis au sein du Réseau Français de la Construction Paille (RFCP), veulent interpeller les candidats à la présidentielle. Leur constat : la paille est de moins en moins encouragée aujourd’hui…
« Pour trouver des aides publiques, il faut passer par la Région car ces aides sont de plus en plus bloquées au niveau national, ce qui rend très difficile l’obtention d’un financement, constate Gabriel Martinez, co-Président du RFCP.
« Auparavant, le maximum de subventions octroyées par l’Etat se montait à 80% d’un budget, les 20% restants étant en auto-financement de la part du RFPC. Mais aujourd’hui, on nous demande de plus en plus un auto-financement à hauteur de 50%. En bref, on nous demande de trouver de l’argent (ce qui est très énergivore), alors que nous faisons du bien public ».
Un programme en six points
C’est l’une des raisons pour lesquelles les professionnels de la construction paille ont mis au point un programme d’action qui s’adresse directement aux politiques. Ambitieux, il se résume en six points : fournir, former, promouvoir, inciter, sécuriser et innover.
Concernant la fourniture du matériau, le programme appelle à la nationalisation, l’Etat garantissant le stockage et l’approvisionnement, ainsi que le prix des bottes de paille. « Ceux-ci varient en effet d’un fournisseur à l’autre et ont tendance à grimper en flèche lorsque ces fournisseurs savent que leur paille est destinée au secteur de la construction, allant parfois jusqu’à doubler, précise Gabriel Martinez.
Ces pratiques ne sont pas encore généralisées mais sont susceptibles de s’étendre, d’où la nécessité de faire appel à un service public ». Par ailleurs, si le RFCP a mis en place une formation « Pro-Paille » sur l’ensemble du territoire, qui donne lieu à une attestation de réussite, il veut aller plus loin et travaille sur un référentiel de formation longue.
Vers un référentiel de formation longue
« Il est encore compliqué de faire financer une formation à la construction à la paille, regrette Gabriel Martinez. Il faut donc que la formation soit bien cadrée et que tous les centres Pôle Emploi, par exemple, connaissent nos formations, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. »
De son côté, la promotion de la paille dans la construction doit être aidée par des subventions. « Le gouvernement pourrait ainsi financer des campagnes nationales d’information, non seulement à l’adresse des entreprises, mais aussi du grand public, poursuit Gabriel Martinez.
D’autant que la paille ouvre la voie et l’horizon à d’autres matériaux bio-sourcés comme la ouate ou la laine de bois ». Le RFCP souhaite également qu’une incitation voit le jour via des aides publiques et du Crédit d’impôt, à la fois dans le neuf et la rénovation, afin de favoriser le développement de la paille dans la construction.
La paille généralisée dans les commandes publiques
Le réseau demande aussi une taxation sur les produits créateurs de carbone afin de financer ceux qui en stockent, ce qui permettrait d’orienter et de généraliser l’usage de la paille dans les commandes publiques.
Autre point du programme : la sécurisation du marché grâce à un label imposant aux professionnels d’être formés pour être en mesure de répondre au marché et aux aides publiques. Un label qui devrait aussi prendre en compte des critères d’intensité sociale, en plus de la qualité de mise en oeuvre.
« Les labels professionnels que l’on trouve déjà, tels que Qualibat, par exemple, ne traitent pas du sort des travailleurs, explique Gabriel Martinez. Or, le bio-sourcé est lié à l’humain et nous souhaitons que les entreprises emploient une main d’œuvre locale, qualifiée et suffisamment rémunérée, ce qui n’est pas souvent le cas dans d’autres secteurs de la construction.
Dynamiser la recherche
« Il faut innover et étendre le périmètre de la botte de paille, souligne Gabriel Martinez. L’association Approche-Paille a ainsi travaillé avec le Cerib sur la technique qu’elle développe, la technique du GREB*.
Les tests ont porté sur la conductivité thermique et la compression et se sont révélés très favorables. Mais ces tests de laboratoire permettant l’amélioration des produits et des techniques sont très coûteux. ».
Rappelons que le Réseau Français de la Construction en Paille (RFCP) a publié en 2012 les “Règles professionnelles de construction en paille” afin d'accompagner ce nouvel engouement pour ce mode constructif.
* la technique du GREB allie une structure bois, un isolant botte de paille et un enduit coulé pour la construction de parois isolantes.
Source : batirama.com / M. Fourret