Les bâtiments du patrimoine présentent tous des façades dont les qualités architecturales exigent des solutions adaptées pour leur restauration.
La tradition associée à la haute technologie. Ce pourrait être le slogan des produits et techniques dédiés à la rénovation des façades des bâtiments patrimoniaux, historiques ou non.
Tradition parce qu’ici le métier, le geste, la connaissance des supports et des produits par le compagnon ont encore, ou de nouveau, tout leur sens. Haute technologie parce que les produits – certains sont de véritables systèmes – ont profondément évolué. Les mortiers, chaux ou plâtres dédiés à la façade, commercialisés par les industriels n’ont plus rien à voir avec ceux qui étaient proposés, ne serait-ce qu’il y a vingt ans.
Réponse aux besoins
On pense immédiatement à la chaux ou plutôt devrait-on dire aux chaux. Qu’elles soient à prise aérienne ou hydraulique, leurs caractéristiques d’ouvrabilité et de souplesse font qu’elles sont totalement adaptées au bâti ancien.
Qu’il s’agisse des bâtiments en briques, en pierres, à pans de bois, de torchis, de constructions en terre (pisée adobe), le professionnel trouvera toujours une chaux adaptée au support pour fabriquer son enduit. Avec un principe : plus le support est tendre, moins la chaux sera hydraulique.
Dans ce domaine, les fabricants ont consenti des efforts considérables pour cerner davantage les besoins des entreprises et adapter leur outil industriel en conséquence, le but étant de fabriquer des chaux plus régulières et de meilleure qualité. Ils ont également étudié de près le marché pour répondre plus précisément aux attentes des maîtres d’ouvrage et des professionnels.
Cette démarche a conduit, par exemple, à la fabrication de chaux très blanches, qui mettent en évidence les teintes des sables locaux et leurs nuances dans les enduits. Enduits couvrant un champ impressionnant de finitions – plus de 200 ont été recensés sur l’ensemble du territoire.
Produits prêts à l’emploi
Parallèlement, des produits prêts à l’emploi ont également été développés. Ils offrent une qualité constante car précisément dosés, adjuvantés, mélangés en usine, prêts à gâcher.
Sachant que ces enduits sont proposés avec un mélange comprenant le plus souvent de la chaux hydraulique pour des raisons de rentabilité et aussi, de plus en plus souvent, de la chaux aérienne dont le rendu esthétique est apprécié des maîtres d’ouvrage exigeants.
Du côté des façades enduites au plâtre notamment à Paris et en région parisienne, les plâtres dédiés à la façade ont également beaucoup évolué et les produits prêts à l’emploi sont légion. Notamment des enduits créés à partir de l’analyse des existants.
Ainsi certains mélanges intègrent du plâtre grossier de fabrication rurale qui présente des impuretés – impuretés qui étaient dues à la cuisson en four à culées –, notamment le charbon de bois, des incuits, des imbroyés calcaires, de façon à coller au plus près des enduits traditionnels préparés auparavant sur chantier.
DTU 26.1 : l’incontournable à connaître !
Du côté des normes DTU, c’est la stabilité. En avril 2008, le DTU consacré aux « enduits, aux mortiers de ciment, de chaux et de mélange plâtre et chaux aérienne » est remplacé. Depuis, le DTU 26.1 (créer lien hypertexte avec le DTU mis en ligne sur le site STP) « travaux d’enduits de mortiers minéraux » intègre les règles de préparation des enduits épais en mortier de ciment, de chaux hydraulique, de chaux aérienne et de mélange plâtre et chaux aérienne. Et, depuis le 1er juillet 2012, « les enduits sur support contenant de la terre » ont leur règle professionnelle.
Gérer les écoulements d’eau
Pour éviter les désordres, il convient de respecter et faire respecter quelques règles simples décrites dans le DTU 26.1, comme de soigner les points singuliers : éviter les rejaillissements d'eau au moyen d'accessoires tels que bavettes en zinc ou solins sur relief ; empêcher les remontées capillaires ; recouper les façades par des bandeaux, corniches pour éloigner les eaux de ruissellement ; appliquer l'enduit sur un mur sain et sec…
Quel plâtre utiliser ?
Façade patrimoine et ITE le débat est clos…
Ce fut la polémique de la fin de l’année dernière, à savoir la fronde des associations de défense du patrimoine suite à la publication du décret du 30 mai 2016 qui imposait aux 1er janvier 2017 des travaux d’isolation à partir d’un certain seuil de travaux, notamment de ravalement. Leurs craintes ? Que les façades de bâtiments patrimoniaux soient recouvertes de systèmes d’ITE non compatibles avec les supports et peu qualitatifs au plan esthétique.
Devant cette levée de boucliers, le Gouvernement a publié un décret modificatif et l’Ademe a travaillé sur un guide – Ravalement, rénovation de toiture, rénovation de toiture, aménagement de pièces, quand devez-vous isoler ? – qui vient de paraître. Lequel précise de manière très claire dans quel cas il est possible ou pas de mettre en place une ITE.
Sachant que de leurs côtés, les industriels de l’ITE expliquent par la voix de Philippe Boussemart, président du Groupement du mur manteau, « qu’on ne va pas tout isoler par l'extérieur, ce n'est pas notre ambition. Les maîtres d'ouvrage, les maîtres d'œuvre et les entrepreneurs savent que sur certains bâtiments, l’ITE n'est pas conseillée ». Tout en précisant, exemple à l’appui,« qu’une ITE peut être très qualitative sur le plan esthétique et patrimonial ».
Pour en savoir plus : http://www.ademe.fr/
Solution 1 : Les façades plâtre
En région parisienne ou ailleurs, la technique de l’enduit extérieur plâtre renaît de ses cendres.
On les avait un peu oubliés, mais les enduits au plâtre retrouvent de leur superbe. Après des décennies d’application de produits à base de ciment non compatibles sur des maçonneries hourdies au plâtre qui ont entraîné de nombreux désordres, on en revient aux origines, mais avec des produits de qualité constante, normalisés et la plupart du temps prêts à l’emploi.
Ces façades demandent une attention particulière, notamment parce que beaucoup d’entre elles sont àpan de bois ou dotées de linteaux en bois au niveau des ouvertures. Cela implique de vérifier l’état de dégradation de ces derniers avant de les recouvrir. Plutôt que de changer les bois dégradés, de nouvelles technologies consistent à appliquer dessus une résine spécifique de stabilisation.
Certaines entreprises les recouvrent ensuite par un géotextile, afin d’éviter que le tanin du bois ne ressurgisse sur la façade. Pour le reste, c’est un travail classique de façadier avec tout de même des particularités, comme la phase de grattage à la berthelée réalisée pour uniformiser la surface et faire ressortir les grains, les charges qui sont dans le plâtre. Cette phase permet aussi au plâtre de refaire une peau.
Intérêt : Compatibilité avec les supports hourdis au plâtre.
Solution 2 : Façades à pan de bois
Dans de nombreux centres-villes historiques, les façades à pans de bois peuvent être rénovées en bénéficiant d’une isolation chanvre-chaux entre pans de bois qui ne nuit pas à leur esthétique.
Profiter de la rénovation d’une façade à pans de bois pour apporter l’isolation ou un complément d’isolation à base de chanvre et de chaux, c’est ce que permet cette méthode. Mis en œuvre entre les pans de bois après mise à nue, le béton de chanvre apporte une réponse cohérente au bâti ancien en permettant une isolation thermique, et en assurant les transferts hygrothermiques (régulation de l’humidité de l’air, changement de phase…).
Ainsi, outre ses fonctions de remplissage des pans de bois, il joue un rôle de protection de l’ossature en raison de sa forte perméance et sa capacité aux échanges hydriques (épaisseur idéale du béton de chanvre). La mise en œuvre est plus aisée à la machine à projeter, mais il est également possible de l’appliquer par banchage.
Côté intérieur, les pans de bois sont noyés dans le complexe chanvre et chaux. Résultat : absence totale de ponts thermiques et étanchéité à l’air. La surface intérieure et extérieure est grattée pour faciliter l’accroche de l’enduit de finition. Soit un enduit chanvre et chaux ou un enduit traditionnel à la chaux aérienne.
Intérêt : Isolation des parois respectueuse de la structure
Limite Travaux de rénovation lourde qui impliquent la mise à nue de la structure
Solution 3 : ITE avec finition enduit de maçonnerie épais
Conserver le caractère patrimonial tout en isolant par l’extérieur, c’est ce que permet le procédé Isothentic© développé par l’entreprise Peinteco.
Ce système d’isolation thermique par l’extérieur consiste en la projection ou l’injection en phase aqueuse d'une mousse PU isolante thermique souple à cellules ouvertes et d’un enduit conforme au DTU 26.1.
La mousse contribue à l’évacuation de la condensation (perspirance) et favorise l’assèchement des parois (coefficient de perméabilité à la vapeur d’eau : 4,6). Des travaux en plusieurs étapes, dont les incontournables : piochage des enduits en place, vérification de l’ossature bois avec remplacement et/ou consolidation, remise en état de la maçonnerie découverte.
Après cette phase préparatoire, une armature métallique est solidarisée à l’ossature bois. De 15 cm de section, elle permet de ménager une lame d’air avec l’enduit traditionnel, tout en préservant l’épaisseur nécessaire à la projection de la mousse PU. Injectée à l’état liquide, elle adhère à la paroi non dressée, pénètre dans tous les interstices de la maçonnerie et se durcit en une mousse souple qui assure l’isolation et l’étanchéité à l’air. Viennent ensuite les travaux classiques d’application du corps d’enduit et de la finition tels que décrits dans le DTU 26.1.
Intérêt : Esthétique d’origine avec des parois isolées
Limite : Rénovation lourde
Solution 4 : Enduit à la chaux traditionnel
« Restaurer ou rénover des façades anciennes demande tout d'abord une analyse précise du système constructif d’origine, précise Marlène Peret, directrice marketing Chaux de Saint Astier. L'objectif étant de remettre en état ladite façade, tout en respectant son caractère originel ».
Pour y parvenir, les chaux sont fortement recommandées : « Grâce à sa microporosité et ses qualités naturelles, la chaux permet la respiration des supports, élément essentiel dans la conservation du bâti. Suivant la nature du support à traiter, différentes chaux naturelles pourront être utilisées. (NHL 5/ NHL 3,5 / NHL 2/ chaux aérienne) ».
La solution traditionnelle consiste à réaliser deux ou trois couches : le gobetis
nécessaire à l’accrochage de l’enduit – « Cette première couche doit être riche en liant hydraulique NHL 5 ou NHL 3,5 » –, le corps d’enduit – « application par passes successives de 2 cm d’épaisseur avec attente de 48 h minimum entre 2 passes et humidification entre chaque passe » – et la couche de finition décorative.
Intérêt : Respect du support
Limite Temps de séchage
PRODUITS
Source : batirama.com / Stéphane Miget