ExpoBiogaz (3) : des usages plus locaux et diversifiés

 Du traitement de déchets au transport, le biogaz suscite la création de solutions innovantes. Petit tour d'horizon...

Certes, la politique de développement du gaz vert oriente les professionnels vers des solutions centralisées capables de traiter d’importantes quantités de déchets et produire autant de combustible.

 

Cependant, ExpoBiogaz fait aussi une place – petite – aux installations plus modestes. Bee&Co, une entreprise bordelaise, était nominée au concours de l’innovation du salon avec son conteneur BioBeeBox.

 

Mis au point avec les ateliers aquitains de Zhendre, ce module au standard de 20 pieds répond à l’obligation réglementaire applicable aux sites producteurs annuellement de plus de 10 t de déchets organiques (hypermarchés, industries agro-alimentaires, restauration collective, voire en pied immeubles collectifs…).

 

Proposée prête à fonctionner, cette unité complète intègre les outils de broyage, de pasteurisation du mélange, de cogénération ainsi que de traitement du digestat – séparation du liquide et séchage de la matière solide.

 

 

Ce conteneur de 20 pieds rassemble tous les composants nécessaires pour méthaniser quotidiennement 250 à 650 kg de matière organique. Le biogaz est valorisé par une petite cogénération.

 

Mini-méthaniseur pour mini-cogénération

 

Déposé sur site, ce conteneur est autonome. L’utilisateur y apporte régulièrement le gisement à traiter ; le digestat traité (conforme à la norme NF U 44-051) peut-être valorisé comme fertilisant, et, au pire, orienté en déchetteries. Les eaux refroidies partent à l’égout.

 

Le biogaz produit est valorisé par un groupe électrogène. Bee&Co a particulièrement travaillé sur le dimensionnement des alternateurs. Son objectif à terme est de proposer un choix de puissances de 2 à 10 kW, un éventail actuellement inexistant en cogénération.

 

Une installation à suivre à Bordeaux

 

Quant à la chaleur produite par le moteur – une eau d’une température de 70 à 80 °C –, elle peut être utilisée sur le site pour la production d’eau chaude de process interne (pour maintenir la pasteurisation), pour la production d’eau chaude sanitaire, ou renvoyée sur un réseau de chaleur.

 

Une première installation sera inaugurée le 15 juin prochain sur le marché de gros (MIN) de Bordeaux. Ce pilote d’une capacité de 250 kg de fermentescibles par jour sera équipé d’un générateur de 10 kW.

 

Son intérêt premier est de traiter les déchets d’activités et de bénéficier en retour d’une énergie : l’électricité sera autoconsommée ou revendue. Bee&Co envisage de produire des unités d’une capacité maximale de 650 kg/j et d’un coût de l’ordre de 140 000 €. Des formules de location ou de leasing seront aussi proposées.

 

L’ORC pour doper la chaleur

 

Comment doper la production d’électricité en aval d’un cogénérateur ? Ce type de concept peut être mis en œuvre sur un site industriel ou de collectivités locales pour alimenter un réseau autonome d’énergie.

 

D’où l’innovation lancée par le marseillais Enogia avec ses « petites » unités à cycle de Rankine ou ORC. Les modules de 5 à 100 kWe exploitent des eaux chaudes de 80 à 90 °C. A noter qu’une puissance thermique de 10 kW permet de produire 1 kW électrique ; ces équipements sont donc ouverts aux systèmes de disposant de 50 à 1 000 kW thermiques…

 

Certes ce type d’équipement est adapté aux grands sites de cogénération, mais il a pour avantage de rendre la production d’électricité très flexible, la vitesse de rotation de la turbine étant pilotable. Enogia dispose déjà d’un parc de seize unités en France, et devrait en compter vingt en janvier prochain. La fourchette de prix s’étend de 35 000 à 200 000 € par unité.

 

Vers la mobilité au bioGNV

 

Impossible de penser aux biogaz sans se soucier des biocarburants. L’isérois Prodeval a remporté le premier prix du concours de l’innovation d’ExpoBiogaz avec son épurateur AgriGnv, à connecter en dérivation de la canalisation d’injection. Cet appareil compact permet d’alimenter un véhicule ou un tracteur agricole avec ce combustible. Reste à régler le problème de l’application incontournable de la fiscalité sur les carburants (TICPE)…

 

Pour autant, ce dossier sur l’usage du gaz naturel, et spécifiquement des biogaz, est clairement posé au sommet de la pile. Pour absorber des pics de production estivaux, une période où la consommation peut être très réduite et très handicapante pour le montage des projets, cet usage en transport est d’actualité chez les logisticiens.

 

 

Alexandre Glémot et Yann Pierre, de l’entreprise Prodeval, ont mis au point l’épurateur compact AgriGNV. Il permet d’utiliser le biométhane dans les moteurs thermiques des véhicules et tracteurs en sortie de méthaniseur.

 

Des références chez les constructeurs de véhicules utilitaires

 

Le moteur GNV de 400 CV annoncé par Scania l’an passé vient de sortir – la mise au point a été plus longue que prévu. Par ailleurs, pratiquement tous les constructeurs d’utilitaires disposent d’ores et déjà de références pour ce carburant dans leur catalogue. Une offre qui intéresse les municipalités intéressées par le sujet de la qualité de l’air extérieur.

 

Si le territoire français ne compte actuellement que 230 stations GNV privées et environ 60 publics – ouvertes aux flottes d’entreprises et de collectivités pour alimenter des camions et des bus – le projet est d’actuellement d’en ouvrir un millier à moyen terme.

 

Source : batirama.com / Bernard Reinteau

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