Les travailleurs sur cordes, exercent un métier spectaculaire mais souvent écourté par des blessures chroniques, selon une étude épidémiologique.
L'enquête est partie de "l'impression qu'il était dur de rester longtemps cordiste, malgré les qualifications nombreuses, alors que c'est un métier en tension et que les entreprises veulent garder ces professionnels", explique Bénédicte Vignal, sociologue à l'Université Lyon-1 (Laboratoire sur les vulnérabilités et l'innovation dans le sport).
Environ 8.500 cordistes sont recensés en France. Cette étude pluridisciplinaire, menée de mai à octobre 2016 auprès de 500 d'entre eux dans la région Rhône-Alpes (qui concentre 20% de ces travailleurs spécialisés), a permis d'esquisser leur profil.
Un métier varié
Ce sont à 98% des hommes, de 34 ans de moyenne d'âge, plutôt athlétiques et sportifs réguliers. Comparativement aux autres professionnels du BTP, ils sont plus diplômés : un tiers a fait des études supérieures.
Le cordiste "n'est pas un laveur de carreau, c'est un métier très varié et seuls 10% font toujours la même activité", souligne Mme Vignal : "la raclette à vitre, c'est 14% de l'activité".
Ces travailleurs peuvent ainsi faire de la peinture - "il faut bien entretenir la Tour Eiffel !", de la maçonnerie, de la pose de filets, des purges de bâtiments, de l'entretien de ponts, barrages ou éoliennes, du montage de structures pour l'événementiel ou des interventions dans des cuves, silos ou sur des plateformes pétrolières.
Un métier physique et usant
Ils entrent dans ce métier, choisi, vers 26 ans et en sortent au bout de 20, même s'ils souhaiteraient continuer, souvent très satisfaits de leurs conditions de travail et de rémunération.
Le métier n'est "pas accidentogène, on n'a pas eu de chute dans notre échantillon de plus de 300 blessures, elles sont rarissimes et les mortelles encore plus. Ces professionnels font très attention et travaillent en binôme", relève Mme Vignal.
En revanche, c'est un métier physique où "70% des blessures peuvent être associées à des troubles musculo-squelettiques (TMS), provenant de postures répétées", amplifiées par l'utilisation d'outils de percussion ou vibrants.
L'étude, en partie financée par la Fondation Petzl (fabricant de matériel), avance des pistes simples pour allonger les carrières: s'échauffer, s'hydrater davantage avec des boissons spécifiques pour contrer une fatigue chronique, et diversifier les champs d'intervention pour éviter de toujours solliciter les mêmes parties du corps.
Source : batirama.com