Le Cerib* inaugure sur son site à Epernon, Energé, un bâtiment à énergie positive de 400 m², en béton préfabriqué. Ce nouveau laboratoire fait office de show room et de vitrine pour l?industrie du béton. Paul Sauvage, responsable du pôle Bâtiment au Cerib répond à nos questions.
Quel est le principal message délivré par ce bâtiment ?
Il est simple : on sait faire des bâtiment à énergie positive avec des produits en béton existants. On le fait en ajoutant des systèmes de chauffage performants qui existent également sur le marché. C’est important car le béton souffre à tort d’une mauvaise réputation sur le plan environnemental.
Quelles solutions ou produits innovants ont été retenus pour sa construction ?
On a retenu un système de poteau poutre avec des panneaux de façade en béton librement dilatables. Ces panneaux double peau d’épaisseur 30 cm intègrent une isolation et fonctionnent selon le principe de l’isolation thermique par l’extérieur. Ce sont des panneaux peu utilisés pourtant très performants : ils répondent à la réglementation 2020 qui systématisera les bâtiments à énergie positive. Autre produit innovant utilisé pour les façades au Sud : les résilles en béton fibré ultra haute performance coiffées de cellules photovoltaïques.
Comment avez vous traité le problème des ponts thermiques ?
Le traitement des ponts thermiques est en effet beaucoup plus exigeant avec la réglementation 2020. Nous n’avons pas utilisé de rupteurs de ponts thermiques. Nous avons essentiellement travaillé à partir du dessin du bâtiment puisque les panneaux matricés répondent à des formes précises afin de s’emboîter avec les planchers et la dalle de sous-toiture. Le but étant d’obtenir la continuité complète de l’isolation thermique. Il y a des astuces de conception que les fabricants des produits ont intégrées dans leur processus de fabrication.
Comment avez vous pu réduire la consommation énergétique du Bâtiment ?
Le bâtiment est le plus isolé possible, avec un voile béton, côté intérieur afin de faire jouer l’inertie thermique du matériau. On obtient ainsi une consommation d’énergie primaire de 37 kW/m²/an. Il s’agit d’une consommation très réduite mais que l’on doit compenser pour avoir un bilan nul ou positif*. On le compense grâce aux énergies renouvelables. Ainsi, la production d’électricité est obtenue par des capteurs photovoltaïques cristallins posés sur le fronton de la façade Sud. Le bâtiment utilise également d’autres types de capteurs PV, dits amorphes, intégrés à la membrane d’étanchéité de la toiture. L’ensemble des capteurs PV permet de produire 50 kW d’électricité /m²/an. Conclusion : la production énergétique du bâtiment est supérieure à sa consommation.
*c’est le principe du bâtiment à énergie positive
Comment s’est déroulé le test à l’étanchéité, précieux sésame pour le Bepos ?
Il fallait être sûr en effet que le bâtiment soit parfaitement étanche à l’air. Nous avons fait un premier essai de contrôle avant la réception du bâtiment (après la réalisation du gros œuvre) et avons obtenu de très bons résultats avec une perméabilité de 1,3 (contre 3 pour les meilleurs référentiels aujourd’hui). On a demandé aux entreprises de peaufiner l’excellent travail qu’elles avaient fait et le résultat final est de 0,9 !
Comment vont évoluer les produits préfabriqués en béton dans l’avenir ?
Nous nous intéressons à la fabrication de produits en béton intégrant les ENR, ce qui conduira à des conceptions d’ouvrages assez différentes. Ainsi, le panneau en béton intègrera toutes les fonctions, mécaniques, thermiques et de production énergétique. Il s’agit de nouveaux produits que l’on développe dans des recherches expérimentales. Mais il faudra plusieurs années pour les mettre au point !
* Centre d’Études et de Recherches de l’Industrie du Béton créé à l’initiative de la Fédération de l’Industrie du Béton
Quel coût ?
Ce bâtiment a un prix de revient supérieur à 700 000 euros dont 150 000 euros de produits photovoltaïques. C’était en effet la condition pour obtenir le sésame du Bepos. Ce qui revient à un coût de 1600€ par m2 incluant le photovoltaïque.
Source : batirama.com / Fabienne Leroy