Après l'homologation de l'indication géographique protégeant le granit de Bretagne, la filière compte sur les élus locaux pour soutenir l?activité dans la commande publique.
Le 15 septembre, l’Association Indication Géographique Granit de Bretagne* rassemblait à la Vallée des Saints, à Carnoët (Côtes d’Armor) 45 personnes dont une vingtaine de responsables de collectivités territoriales directement concernées par l’activité granitière bretonne, essentiellement des maires.
Dans ce lieu emblématique, tant par l’usage du granit que par la représentation monumentale et contemporaine d'une centaine de statues de saints bretons, ils ont tout d’abord fêté la réussite collective que représente l’homologation par l'INPI (Institut National de la Propriété Industrielle) de l’Indication Géographique Granit Breton, première du genre pour une pierre naturelle.
Cette certification permettra de garantir la provenance du granit, en le rendant traçable de bout en bout. Elle participera ainsi à préserver l’activité des entreprises locales, voire à la développer. A ce jour, une entreprise a achevé la démarche de certification et n’attend plus que le feu vert de l’organisme certificateur, Certipaq, pour marquer ses produits.
Granit en façade de bâtiment ©D.R
Vers une « communauté granitière »
Christian Corlay, secrétaire général de l'association IGGB et de l’Unicem Bretagne, précise les enjeux de la rencontre : « L’objectif était de créer du lien entre des élus qui ont en commun sur leurs territoires une activité granitière. Nous leur avons exposé l’intérêt pour la filière de la nouvelle certification.
Nous leur avons aussi fait part de nos préoccupations et des difficultés face à la concurrence. Le but était de susciter un élan de solidarité : en tant que maîtres d’ouvrages, ces acteurs de la commande publique peuvent soutenir les entreprises bretonnes en choisissant du granit local comme matériau de référence dans leurs aménagements. Et les maires des territoires granitiers peuvent aussi inciter leurs homologues bretons à en faire autant. »
Distinguer la fourniture du matériel lors de la passation des marchés
La marge de manœuvre est relativement faible, mais rien n’empêche, lors de la passation des marchés, de distinguer dans l’appel d’offre la fourniture du matériau de la réalisation de l’ouvrage. Dès lors, le granitier est en relation directe avec le donneur d’ordre.
Dans certains cas, il est même possible de définir des spécifications techniques telles que seuls des granits bretons particuliers puissent y répondre. Un maire est venu témoigner devant ses collègues de son action. Franck Ducastel, maire de Landébia (22), a choisi du granit breton pour aménager 700 m linéaires de bordure de trottoir dans sa commune.
Preuve de leur intérêt, aucun des élus ayant accepté l’invitation n’est reparti sans signer le « manifeste de Carnoët ».
Socal, filiale des Carrières du Boulonnais, extrait du granit bleu de Lanhélin (
Une filière en souffrance... face à une concurrence puissante
La filière bretonne consiste en une centaine de TPE et PME, la plupart familiales, qui exploitent une trentaine de carrières et une centaine d’unités de façonnage (quelques-unes travaillent sur plusieurs sites et/ou ateliers). L’ensemble emploie 700 personnes (contre 4 000 trente ans auparavant) et totalise 56 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015, dont 30 % affectés au bâtiment et à la voirie (source Unicem).
Ces entreprises ont à faire face à des concurrents puissants, Chinois, Indiens, mais aussi Portugais, Espagnols, …, qui disposent d’une main d’œuvre à plus bas coût et exportent des produits finis à bas prix.
A titre indicatif, les importations en France de pierre naturelle (essentiellement du granit) destinée aux pavés, bordures et dalles de pavage étaient en 1997 de 125 507 tonnes. Elles atteignaient 305 000 tonnes en 2016. La concurrence est rude … (source : Direction Régionale des Douanes de Bretagne).
Cependant, le savoir-faire des granitiers bretons et la qualité de leur matériau bénéficient d’une réelle notoriété. Ces derniers temps, le marché connaît une légère embellie et le secteur a tendance à recruter.
*L’association Indication Géographique Granit de Bretagne a été créée en 2015, prenant le relais du Syndicat professionnel UNICEM Bretagne qui a porté la démarche IG dès 2012. Elle compte à ce jour 23 entreprises membres, exploitant 21 carrières et 18 ateliers de façonnages situés dans la zone géographique d’exploitation du granit délimitée par l’IG, soit les 4 départements bretons et la commune de St James, dans la Manche.
Source : batirama.com / Emmanuelle Jeanson