Organisme paritaire, l?OPPBTP a contribué à diviser par deux le nombre d?accidents du travail sur les chantiers et à baisser de 80% les décès. De nouveaux challenges se profilent.
Photo d'ouverture : De droite à gauche, Patrick Bernasconi, le Président du Conseil économique, social et environnemental, Alain Rébé, président de l’OPPBTP, et Frédéric Reynier, vice-président de l’OPPBTP, ont ouvert les débats du 70e anniversaire de l’OPPBTP, animés jeudi 12 octobre dans la belle salle du Palais d’Iéna à Paris. ©PP
L’ Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publicsest né en 1947. Dès l’origine, c’était un organisme paritaire consacré à la prévention des accidents du travail. Son action a été efficace.
Entre 1950 et 2016, le nombre de salariés dans le BTP a augmenté de 37% pour atteindre 1 482 966 personnes. Mais dans le même temps, les accidents avec arrêt de travail ont baissé de 55 ,8% (91 783 en 2016) et les décès de 79% (138 en 2016).
Amélioration des équipements et des conditions de travail
Rassemblés au Palais d’Iéna pour le 70e anniversaire de l’OPPBTP, les forces vives de la prévention – les préventeurs, comme ils se désignent eux-mêmes – ont dressé le bilan des actions de prévention et esquissé les chantiers nouveaux qui se profilent.
Il est certain, de nombreux participants l’ont rappelé, que l’amélioration des équipements de chantier – l’arrivée des garde-corps, par exemple -, des engins de levage de toutes sortes et la généralisation des EPI (Equipements de Protection Individuelle) comme les casques, gants, lunettes, protections acoustiques, vêtements spécifiques, chaussures de sécurité, etc. ont largement contribué à la réduction des accidents et des décès.
Déjà les drones permettent d’accomplir, en toute sécurité et les deux pieds solidement au sol, des tâches d’inspection et de traitement, qui impliquaient auparavant des travaux en hauteur sur échafaudages ou nacelles. Ils sont encore peu utilisés, mais leurs prix baissent rapidement, l’offre se multiplie et leur facilité d’emploi croît.
Alain Rébé, à gauche, Président de l’OPPBTP et chauffeur de poids lourds chez Colas, et Frédéric Reynier, à droite, Vice-Président de l’OPPBTB et chef d’une entreprise de gros-œuvre dans la Drôme, sont attachés au caractère paritaire de l’OPPBTP qui rassemble les salariés et les responsables des entreprises de toutes tailles et dans tous les métiers du BTP, dans le but de développer la prévention sur les chantiers pour réduire sans cesse accidents et décès. ©PP
Une vue synthétique grâce au document unique
Créé en 2005, le « Document Unique d’évaluation des risques » a permis aux entreprises d’acquérir une vue globale et synthétique. Plusieurs des intervenants lors des tables rondes en ont témoigné.
Ainsi, Ghislaine Dutripon, chargée de prévention et conjointe d’artisan chez Atante Energie, et Domitile Decottegnie, responsable QSE chez Decottegnie, une entreprise familiale, l’ont souligné : l’avènement du Document Unique a poussé les entreprises à s’interroger sur l’ensemble des risques engendré par chacune de leurs activités – circulation, manutention, … - et à développer des plans d’action pour les réduire.
Les risques traités à l’issue de l’établissement d’un Document Unique dans une entreprise sont : les chutes de personnes (de hauteur ou de plain-pied) ou d’objets (42% des cas), les accidents routiers (10%), les TMS (6%). L’OPPBTP propose un outil en ligne (https://www.preventionbtp.fr/Espace-service/Espace-eprevention/Evaluation-des-risques-et-document-unique) pour évaluer les risques et établir un Document Unique.
De nouveaux outils, mais aussi de nouveaux risques
Après 70 ans, la tâche de l’OPPBTP est loin d’être terminée. Bien sûr de nouveaux outils, comme le BIM et la maquette numérique, vont permettre de mieux préparer les chantiers, de sécuriser les parcours d’approvisionnement, permettant une nouvelle réduction des risques.
Mais plusieurs intervenants ont tenu à mettre en avant de nouveaux risques qui se profilent sur les chantiers. L’emploi massif de produits chimiques divers peut présenter toutes sortes de difficultés de transport, de stockage et d’emploi.
Sans vouloir se faire prophètes malheur, certains intervenants, ont souligné combien les conséquences de l’incorporation croissante de nano-matériaux dans toutes sortes de produits du bâtiment étaient mal connues. Bref, comme le dit Alain Rébé, Président de l’OPPBTP, « il y a encore du taf ! »
Pour Philippe Villain, à gauche, Directeur de la Prévention chez Bouygues Construction, le formidable progrès des outils et des équipements de chantier, ainsi que des EPI (Equipements de Protection Individuelle) a compté, mais la formation et l’information constante des managers et des compagnons sur les chantiers a sans doute contribué encore plus à la réduction des accidents. Michel Schmitt, artisan peintre à la tête d’une entreprise de cinq personnes, énumère aussi les progrès dans les matières qu’il manipule tous les jours : les peintures contenant du plomb et du zinc ont disparu. Reste à informer les entreprises des risques que peuvent présenter les COV et les nanoparticules contenus dans les peintures et à développer des solutions pour s’en protéger. ©PP
Source : batirama.com / Pascal Poggi