La verrière restaurée du Palais de la Découverte enfin dévoilée

Les Fondations Velux ont co-financé la restauration d?une verrière elliptique datant de 1900. L'ouvrage restauré a été dévoilé le 30 octobre lors d'une cérémonie officielle.

Le Palais d’Antin est l’une des trois parties du Grand Palais. Construit à partir de 1897 pour abriter l’Exposition Universelle de 1900, l’ensemble Grand Palais et Petit Palais a été l’œuvre conjointe de quatre architectes : Henri Deglane, Albert Louvet, Albert-Félix-Théophile Thomas et Charles Girault.

 

L’aile ouest du Grand Palais, dite Palais d’Antin, est l’œuvre d’Albert Thomas. Sa façade se trouve sur l’avenue Franklin Roosevelt. Pour respecter l’alignement de l’avenue Franklin Roosevelt, la façade du Palais d’Antin, à l’Ouest, n’est pas parallèle à celle du Grand Palais, à l’Est. Depuis 1937, le Palais d’Antin est occupé par le Palais de la Découverte.

 

 

 

L’élément décoratif au centre du plafond verrier intérieur est en métal doré. Outre son aspect esthétique, il apporte une puissante diffusion de lumière. ©PP

 

Phase Zéro : restauration de la verrière

 

La rotonde du Palais d’Antin, couronnée par une verrière elliptique, formait l’entrée principale de l’axe Est-Ouest lors de l’exposition universelle de 1900. Cet ensemble de bâtiment a été le dernier construit avant l’avènement de l’éclairage électrique. Les architectes ont donc soigné l’apport de lumière naturelle.

 

La verrière de la rotonde d’Antin est formée de deux verrière successives : la verrière extérieure et un plafond verrier intérieur. Depuis la construction, l’usage du bâtiment et le temps ont fait leur œuvre : corrosion des charpentes métalliques, défauts d’étanchéité, verre fendus ou brisés, etc. Il devenait urgent de rénover la structure charpente métallique + verrières.

 

D’autant que le Grand Palais doit accueillir les épreuves d’escrime et de Taekwondo lors des Jeux Olympiques de 2024. Soutenus financièrement par les Fondations Velux – il y en a deux depuis 1971, de droit danois, elles sont actionnaires du groupe Velux – à hauteur de 850 000 € sur un total de 6 millions d’Euros budgétés, les travaux ont été confiés en Maîtrise d’œuvre à l’Agence François Chatillon, architecte en Chef des Monuments Historiques.

 

La phase Zéro, qui se termine le 2 décembre a porté sur la rénovation intérieure et extérieure des ensembles vitrés, de leurs charpentes et de leurs décors.

 

 

 

Le Palais d’Antin possède une structure mixte : piliers de pierre, surmontés d’une structure métallique. Au-dessus des chapiteaux des piliers de pierre, toutes les parties voutées et jusqu’au plafond verrier sont en structure métallique. Ce que nous voyons n’est qu’un décor de staff et de stuc qui habille la charpente métallique. Les sculptures des Allégories des Arts en Staff sur les piliers de la rotonde et les décors ornementaux en stuc ont été nettoyés et restaurés avec reprise des fissures. ©PP

 

Le Plafond Verrier

 

Lorsque les visiteurs entrent dans la rotonde d’Antin, la principale des trois rotondes de ce bâtiment, ce qu’ils aperçoivent au plafond n’est pas la verrière extérieure, mais un plafond verrier, séparé de la verrière par des combles. Les deux ensembles constituaient un système de diffusion de la lumière naturelle. Translucide, le verre du plafond verrier de 20 x 17 m, diffusait une lumière indirecte.

 

Sous ce plafond verrier, Albert Thomas avait conçu un décor métallique dont la fonction était double : esthétique d’abord, mais aussi puissant réflecteur de lumière. Pour des raisons sans doute budgétaires, lors de la construction, seul le soleil et ses rayons au centre ont été dorés à la feuille. Les décors latéraux étant simplement revêtus d’une dorure à la bronzine, moins lumineuse.

 

La restauration de cet ensemble a requis une longue période d’études commencée en 2014. Il a fallu explorer l’ouvrage pour comprendre quels techniques de construction étaient utilisées, rechercher les plans et dessins d’origine de tous les décors, etc. Les travaux proprement dits ont commencé en août 2016 et seront livrés le 1er décembre 2017.

 

 

 

Les fondations Velux co-financent la restauration de la verrière du Palais d’Antin. C’est leur 5e opération de mécénat sur des bâtiments historiques en France, dont la restauration des vitraux de la Sainte-Chapelle à Paris, la rénovation du Parlement de Bretagne, ravagé par un incendie en 1994 ou du Couvent de la Tourette conçu par Le Corbusier. ©PP

 

Des échafaudages monumentaux

 

Pour les mener à bien, deux ensembles d’échafaudages ont été édifiés. Par l’intérieur, d’abord, d’août à septembre 2016, un platelage – un plafond accessible, étanche, pour travaux en site occupé – a été monté à 11 m de haut sous la rotonde, jusqu’au chapiteaux des colonnes. Ce platelage a permis de maintenir le Palais de la Découverte en exploitation, le public circulant librement en dessous.

 

Le platelage repose sur quatre piliers, eux-mêmes posés sur des micropieux. Posés sur le platelage, des échafaudages parviennent jusqu’au plafond verrier, trois mètres plus haut. À l’extérieur, d’octobre à décembre 2016, un échafaudage parapluie a été édifié en trois week-ends au-dessus de la verrière. Il fallait en effet barrer l’avenue Franklin Roosevelt pour permettre aux grues de monter les éléments d’échafaudage, dont les deux poutres qui servent d’assise principale à l’échafaudage parapluie de 44 m de portée, de 42,5 m de largeur pour une surface totale de 1870 m².

 

 

 

La Phase Zéro des travaux de restauration portait sur la verrière extérieure, sur les combles à charpente métallique qui la soutiennent et sur le plafond verrier qui diffuse la lumière naturelle en second jour vers l’intérieur du bâtiment. ©PP

 

Dans les combles

 

Dans les combles, entre le plafond verrier et la verrière extérieure, le bâtiment a été mis hors d’eau, la charpente métallique d’origine a été renforcée. Les combles ont été thermiquement isolés. Un système de ventilation naturelle, conservant les ventelles extérieures en zinc, a été mis en œuvre. En effet, par temps ensoleillé, la température de combles montait dangereusement et se diffusait dans la rotonde en dessous.

 

Depuis le mise en place de la ventilation naturelle, par 40°C extérieurs, la température de la rotonde ne dépasse pas 28°C, selon Delfim Caseiro, l’architecte chargé du projet au sein de l’Agence François Chatillon. Les architectes ont « restitué la visibilité de la trame mois support des ardoises ».

 

La charpente métallique dans les combles était revêtue de plusieurs couches de peintures au plomb qui s’écaillaient. L’ensemble des combles a été hermétiquement isolés, grâce à des bâches posées de manière étanche sur toutes parois.

 

Dans ce volume étanche, la charpente métallique a été grattée pour faire tomber les écailles de peinture, sans tenter d’enlever la peinture au plomb adhérente. Puis, la charpente a été revêtue de deux couches de peintures pour contenir le plomb en place et l’isoler des combles.

 

 

 

L’ancien verre armé en 25 x 25 mm de la verrière extérieure a été remplacé par un double vitrage avec remplissage à l’argon. Le verre extérieur feuilleté strié résiste à 1200 Joules de pression, tout en restituant l’aspect extérieur du verre d’origine. ©Antoine Mercusot

 

A l’extérieur

 

A l’extérieur, à l’abri d’un échafaudage parapluie, les ardoises ont été remplacées. Les ardoises d’Angers, qui équipaient la toiture à l’origine, ne sont plus disponibles. Les ardoisières ont fermé. Les architectes sont donc allés jusqu’en Galice pour trouver des ardoises présentant le même aspect et des caractéristiques mécaniques très proches que les ardoises d’origine.

 

Les verres ont été changés et leur forme d’origine avec une queue débordante a été restaurée. L’ensemble des ornements en zinc et en plomb ont été nettoyés et remplacés à l’identique lorsque c’était nécessaire. L’ornement central en plomb sur la verrière extérieure a été sablé et maintenu en place.

 

 

 

Pour supporter le poids du platelage – un plancher étanche – construit à 11 m de hauteur sous la rotonde principale, le sous-sol a été renforcé de manière à ce que l’échafaudage ne s’appuie pas sur le la structure du Palais d’Antin. Il repose sur 4 piliers. Sur ce plancher, un autre échafaudage est construit de manière à atteindre le plafond verrier intérieur. ©PP

 

Des travaux jusqu’en 2024

 

Après cette phase Zéro, la phase un portera sur la restauration des deux ailes du palais d’Antin et de leurs verrières respectives. Mais ce n’est que le début d’un vaste programme de restauration du Grand Palais dans son ensemble. L’établissement public Réunion des Musées Nationaux (RMN) - Grand Palais est en effet engagé dans un programme devant duré jusqu’en 2024 pour un coût total de 456 millions d’Euros.

 

Les travaux seront répartis entre l’Agence François Chatillon pour la restauration de la partie historique et Lan Architecture pour le réaménagement intérieur. Ils devraient commencer l’an prochain pour une livraison à temps pour les jeux olympiques de 2024.

 

 

 

Un échafaudage parapluie extérieur enveloppait le dôme de la verrière pour permettre les travaux d’étanchéité de la rotonde, de remplacement des ardoises et de restauration des ornements. ©PP

 

 

Dans les combles, la structure métallique présentait un aspect grisâtre, avec plusieurs couches de peinture au plomb s’écaillant en mains endroits. ©PP

 

 

Après avoir rendu étanche à l’air l’espace des combles, la structure métallique a été grattée et revêtue d’une double couche de peinture qui empêche désormais la migration de la peinture au plomb et restitue l’aspect vert initial.©PP

 

 

Le chantier est bientôt achevé, l’échafaudage parapluie est démonté. 72 éléments du plafond verrier ont été remplacés sur 632. Ce sont des éléments de verre simple armé. ©PP

 

 

Les ventelles de zinc ont été conservées et restaurées. Elles constituent un élément clef de la nouvelle stratégie de ventilation naturelle des combles. ©PP

 

 

Les éléments décoratifs extérieurs en zinc ont été restaurés ou remplacés par des reproductions à l’identique. UTB a été chargé de la réfection de la toiture. ©PP

 

 

Au centre de la verrière extérieure, l’élément décoratif monumental en plomb et en zinc a été sablé pour lui redonner son aspect original. Sa forte épaisseur et son caractère massif avaient permis sa conservation dans le temps. ©PP

 

 

La phase 1 des travaux portera sur la restauration des autres verrières du Palais d’Antin : les deux verrières octogonales aux extrémités du bâtiment, les verrières rectangulaires dans les halls. Des dalles de verres dans les circulations à l’étage transmettaient la lumière naturelle de ces verrières vers le rez-de-chaussée. ©PP



Source : batirama.com / Pascal Poggi

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