L?ergonomie et la lutte contre les maladies musculo-squelétiques ont permis de faire évoluer les matériels à disposition des opérateurs. Parallèlement, leurs capacités s?améliorent.
Si le thème de la pénibilité a, ces derniers temps, beaucoup agacé les entrepreneurs du bâtiment, il a en revanche suscité la créativité et l’innovation chez les industriels fournisseurs de matériels et d’équipements.
Le détail des arguments des prétendants au concours du Trophée de l’innovation du prochain Mondial du Bâtiment, catégorie « matériels, outillage et équipements » est éclairant : un quart d’entre eux ont choisi de prendre ce sujet à bras le corps !
Il faut ajouter les nombreux autres exposants des halls 5 et 6 du parc de Villepinte, non candidats aux faveurs du jury, qui affichent aussi des innovations du même registre.
Lever sans risques
Lever des charges, manier des outils encombrants dans des positions éprouvantes à longueur de journées… Autant de points durs qui limitent la productivité sur chantier, occasionnent des troubles musculo-squelétiques (TMS), peuvent être à l’origine d’accidents et éloignent les candidats aux divers métiers jugés trop éprouvants.
Beaucoup de secteurs d’activités ont déjà fait leur révolution ergonomique ; le bâtiment s’apprête-t-il à en faire tout autant ? Pour y parvenir, tous les moyens sont explorés. Les solutions mécaniques tout d’abord.
Pour lever les plaques de plâtre, Edma améliore la démultiplication de la crémaillère de son lève-plaques. Ce système autorise aussi l’animation du mouvement avec une visseuse-dévisseuse. Alphi va plus loin lorsqu’il s’agit de hisser les banches pour coffrer une dalle : le support de levage composé d’un mât pneumatique est animé par une bouteille d’air comprimé. Gonflé !
Comment éviter aux artisans de s’épuiser à manier les engins et outils rangés dans les utilitaires ? Rolide fournit une solution avec un plancher coulissant d’une capacité de 1 t qui évitera de nombreuses contorsions.
Changer de matériau pour alléger les outils
Autre voie de simplification : alléger. Parmi les solutions, changer de matériau. Peri, qui dans les années 90 avait fait évoluer les parois de banches en proposant des surfaces composites, fournit des éléments de coffrage en plastique fibré : chacun pèse 25 kg. Leur montage et leur réglage à l’aide d’une clé se révélera moins bruyant qu’au marteau.
Quant au spécialiste des outils de ponçage Mirka, il a mis au point la ponçeuse orbitale pour murs et plafonds Leros d’un poids de 3,5 kg. À ceux qui jugeraient cela insuffisant, rappelons que la version actuelle Miro accuse 4,7 kg. I
Il faut noter que ce fabricant finlandais peut aller encore plus loin : l’une de ses ponceuses pour l’industrie, la Deros, dispose de capteurs de vibrations et d’une connexion Bluetooth pour suivre l’exposition aux vibrations en temps réel et cumulé… Qui a dit qu’il était impossible de mesurer la pénibilité ?
Cobot est arrivé…
Les visiteurs du Mondial s’apercevront que certaines solutions industrielles trouvent un écho favorable dans le bâtiment. C’est ce qui conduit le vendéen MZR, fournisseur de tables « monte/baisse » ou basculantes pour les ateliers, à présenter son outil de levage Polylev.
Ce chariot capable de reprendre des charges jusqu’à 150 kg peut être équipé de ventouses, pinces… Il s’agit clairement de ce que les ergonomes appellent un « cobot ».
À la différence d’un robot, autonome et programmable, le cobot collabore avec l’opérateur, l’accompagne en lui épargnant la fatigue et les risques liés aux mouvements, aux levages…
Avec ses joysticks, le chariot de MZR aide à prendre une menuiserie ou une chaudière murale pour la hisser à son emplacement final. En version simple, seul le levage est motorisé, pas le déplacement qui sera produit par l’opérateur en le poussant ; en option, il peut recevoir une roue motorisée. Feignants !
Autonomie et précision connectée !
Quant aux outillages, leurs évolutions se concentrent sur les thèmes de la maniabilité, de l’autonomie et de la précision. En témoigne les efforts des constructeurs d’électroportatif pour développer leur gamme sans fil en puissance élevée : 18 V en 5 ou 6 Ah pour des perceuses-visseuses, des scies-sabre et des marteaux perforateurs d’une force de frappe jusqu’à 1,7 J, voire 36 V ou 54 V pour certains marteaux perforateurs d’une force de frappe de plus de 3 J, et même 6 J !
Le « connecté » devient aussi plus remarquable : chez Dewalt, cette fonction sous Bluetooth permet d’afficher, sur portable ou tablette, la charge des accus des différents outils dans le périmètre proche. Un moyen d’anticiper les changements et les recharges pour gagner en productivité.
À noter aussi les efforts constants des fabricants pour améliorer et développer les usages des outils de mesure laser. Plus petits – de 10 à 13 cm de côté –, d’une portée standard jusqu’à 50 m, dotés de nombreux accessoires de fixation, connectés pour reporter l’information sur un smartphone et résistants aux chutes et aux chocs, ils s’imposent désormais dans la caisse à outils basique des compagnons en lieu et place des élémentaires fil à plomb et niveau. Pour mieux buller ?
Réglementation : les standards sur l’électroportatif en pleine mutation
Les normes internationales sur l’ensemble des outils électroportatifs ont subi une véritable cure depuis 2014. Ce paquet de textes, dont la rédaction a été piloté par la Commission Électrotechnique Internationale (IEC – voir le site https://webstore.iec.ch/publication/7448) porte désormais la référence NF EN 62841.
Applicable intégralement à partir de 2018, il renforce les caractéristiques de résistance et de sécurité de tous les appareils.
Des marchés en pleine progression
La reprise des marchés du bâtiment impacte fortement sur ceux des outillages et des équipements. Fin mai dernier, le Secimpac, syndicat des entreprises de l’outillage électroportatif, confirmait une croissance de 8 % en circuits professionnels (machines et consommables).
Une progression quasi identique à celle de 2016/2015, alors que la période 2015/2014 avait connu une situation étale. Les perspectives des adhérents pour les mois à venir sont du même ordre.
Ce syndicat relève aussi la forte évolution des ventes des outils sur batterie (+22 % en 2016) et le maintien des filaires (+4 % en 2016). Pour ce qui concerne les équipements de chantier (chargeuses, pelles…), le Seimat, syndicat des matériels de bâtiment et de travaux publics, présente un profil de données relativement proche.
Après la dépression de l’année 2015 (-17 %, sauf pour les chariots télescopiques qui enregistraient +6 %, dopés par les usages agricoles), les marchés se sont redressés à partir de 2016 (+31 %).
Les derniers chiffres font état de la poursuite du rebond, avec +20 % par rapport à 2016, voire 21 % pour le segment des matériels compacts tels que les minipelles (+26 %) ou les chargeuses. Cette progression devrait se poursuivre dans les années à venir.
Confort et sécurité sur les chantiers
Interview de Pascal Petit-Jean, Secrétaire général du Seimat (photo) « Les tendances techniques sont prioritairement portées par la normalisation sur les moteurs, la réduction des pollutions sonores et de rejets gazeux – donc des consommations d’énergie.
Mais elles améliorent aussi la sécurité des utilisateurs et des compagnons sur le chantier. Désormais, les mots d’ordre des constructeurs sont : plus de confort et de sécurité dans l’environnement des machines.
Par ailleurs, comme dans le domaine automobile, les fabricants commencent à proposer et développer des machines à motorisations hybrides, par exemple diesel et électrohydraulique, voire uniquement sur batterie.
Ce qui permet de les utiliser à l’intérieur des constructions sans émission de gaz de combustion. À terme, à la faveur du BIM, il faut aussi s’attendre au développement d’équipements et matériels qui amélioreront le confort, le rendement et la qualité des chantiers.
Du sans-fil plus puissant et un service plus efficace
Interview de Jan Demharter, membre du bureau du Secimpac et directeur commercial de la distribution Bosch Électroportatif professionnel
« Je m’attends cette année à voir arriver sur le marché de très nombreuses nouveautés en matière d’équipement sans fil. Et dans ce domaine, les artisans vont découvrir des outils dotés de batteries constituées de cellules de nouvelles technologies, très compactes et d’une puissance de 6 à 9 Ah.
Il faut aussi savoir que les versions de 6 Ah équivalent à celles de 9 Ah de génération précédente. La seconde grande innovation s’appréciera en termes de service. Pour répondre à la demande des grands comptes, les fournisseurs développent des solutions de leasing et de service sur chantier.
Elles répondent aux questions classiques : choisir les outillages, les approvisionner, les faire réparer, les récupérer sur le chantier… Elles s'accompagnent des solutions de financement qui conviennent aux responsables financiers des entreprises de bâtiment. »
Source : batirama.com / B. Reinteau