Les industriels du béton veulent frapper un grand coup avec leur nouveau bloc à base de mousse Airium. Leur objectif : récupérer les parts de marché perdues, face à la montée en force de la brique?
D’un côté, ils sont une centaine d’industriels du béton en France (des PME majoritairement) et comptent quelque 200 usines de blocs béton (ou parpaings) réparties sur le territoire, soit une usine de blocs près de chaque chantier de construction. De l’autre côté, ils sont beaucoup moins nombreux avec trois groupes industriels leaders qui dominent le marché de la brique en France et en Europe : Bouyer Leroux, Terreal et Wiennerberger.
Leur avantage concurrentiel : la brique affiche un pouvoir isolant supérieur à celui du bloc béton classique, un atout dont elle a su tirer parti pour s’imposer depuis 2012 (année de la RT2012), dans le logement neuf, notamment dans le collectif (avec un système classique d’isolation par l’intérieur dans les deux cas, bloc béton et brique).
« Nous perdions des parts de marché depuis quelques années, mais cela va un peu mieux depuis deux ans, constate Jérôme de Mauroy, président du GIE France Bloc qui regroupe 3 industriels majeurs du bloc béton (Alkern, basé dans le Nord, Fabemi, dans la Drôme, et Seac, à Toulouse). « Face à ce constat, nous avons décidé de partager depuis un peu plus de 5 ans nos travaux en Recherche et Développement pour récupérer ces parts de marché » explique le responsable.
Une meilleure résistance thermique que la brique
La réflexion des industriels du béton a porté sur la mise au point d’un bloc de nouvelle génération doté d’un meilleur pouvoir isolant apte à concurrencer la brique. Idée retenue : introduire une mousse isolante à base de ciment dans les alvéoles du bloc. La mousse Airium de Lafarge s’est finalement imposée auprès du GIE qui avait consulté d’autres cimentiers.
Avantage de la mousse : elle procure à un bloc béton doté de 4 alvéoles (ex : FabTherm Air 1.1) une résistance thermique de 1,12 m2.K/W contre 0,23 pour le parpaing sans isolation. Et elle permet au bloc avec isolant intégré d’afficher une meilleure résistance thermique que la brique alvéolée de 20 cm dont la résistance varie de 0,75 à 1 m2.K/W.
« Cette solution est intéressante car on ne modifie pas le processus de fabrication des blocs : on l’adapte » explique Jérôme de Maury. Le bloc composé d’agrégats à 87 %, de 6% de ciment et de 7% d’eau est ainsi moulé de façon traditionnelle et est ensuite placé en étuve où il sèche et se solidifie naturellement. Avec pour conséquence, un bon bilan carbone".
Trois usines avec des lignes de fabrication adaptées
« Pour la fabrication de ce type de blocs, le produit est étuvé pendant 3 à 5 heures. Ensuite, nous injectons la mousse isolante et le bloc peut repartir en étuve durant 19 à 21 heures » reprend Jérôme de Mauroy. Un processus qui a permis d’adapter récemment les lignes de fabrication dans les trois usines appartenant respectivement aux membres du GIE : Rouen pour Alkern, Béziers pour Seac et Valence pour Fabemi.
« Le groupe Fabemi dont je fais partie, a investi environ 1,8 million d’euros à Valence dans une usine existante, indique Jérôme de Mauroy. Nous l’avons optimisée afin qu’elle produise 15 000 tonnes de blocs avec isolation intégrée en 2018 sur les 200 000 tonnes de blocs fabriquées annuellement. Sur nos 14 sites de production, le groupe Fabemi produit 1 million de tonnes d’éléments en béton" (la profession produit environ 6,5 millions de tonnes sur le plan national).
Pose au mortier ou pose collée au choix
Ces nouveaux blocs pourront être mis en œuvre soit de manière classique (au mortier) soit en pose collée, ce qui diminue la pénibilité sur chantier : « Le gain de temps est assuré avec les blocs dotés de bords rectifiés qui permettent la pose collée » assure le responsable.
Quant au GIE, il a bien l’intention de poursuivre son travail afin d’optimiser le nouveau système de bloc isolant. « Nous continuons les recherches afin d’obtenir une mousse plus dure en surface qui pourra être protégée par un voile » confie Jérôme de Mauroy. Par ailleurs, les industriels du GIE cherchent à développer une colle qui pourra être appliquée au pistolet avec un système à cartouche et qu’ils pourront commercialiser avec leurs blocs…
La gamme Fabemi compte trois solutions à base de mousse Airium qui affichent les résistances thermiques suivantes : 0,6 pour le bloc mousse à maçonner au mortier ; 1,1 pour le bloc à coller à 4 alvéoles (sur la photo) et enfin, 1,8 pour le bloc haute performance à base de pierre ponce à deux alvéoles en pose collé.
Quel prix pour le nouveau bloc ?
Les blocs classiques de 50 cm de long (20 x 20 x 50) soit 10 au m2 sont vendus en fonction des régions entre 0,80 à 1 euros l’unité. Le nouveau bloc R 1,1 coûtera environ 1,70 euros.
« Au lieu de débourser de 800 à 1000 euros de maçonnerie sur une maison de 100 m2 de plain-pied, il en coûtera 1700 euros au maître d’ouvrage pour un mur qui tiendra dans le temps et qui sera doté d’une meilleure acoustique grâce à la mousse. Quoi de plus important que le mur dans la construction ? » termine le président du GIE.
Source : batirama.com / Fabienne Leroy