Evalué à 2 milliards d’euros, le marché européen des bâtiments intelligents s’apprête à décoller. Les grandes manœuvres sont en cours, chez les majors du Bâtiment, entre autres…
Les contours du smart building se précisent, selon une étude publiée par Xerfi*. Dépassant la simple gestion technique du bâtiment, ce concept s’appuie sur les avancées technologiques (objets connectés, Big Data...) pour optimiser la gestion des ressources, améliorer le confort des usagers, développer de nouveaux services pour les utilisateurs et renforcer l’intégration du bâtiment au sein des quartiers en le reliant notamment à un réseau électrique intelligent (smart grid).
Evalué à 2 milliards d’euros à l’échelle européenne en 2017, le marché des bâtiments intelligents s’apprête à décoller. Les exploitants de sites tertiaires seront en effet de plus en plus nombreux à plébisciter ces solutions pour réduire leurs coûts d’exploitation dans un contexte marqué par le durcissement de la réglementation thermique et la hausse des prix de l’énergie.
Et de l’avis des experts de Xerfi, le marché sera également porté par la structuration progressive de la filière, facilitée par la multiplication des partenariats d’affaires. Tous les éléments sont donc réunis pour un envol du marché. Mais pour transformer l’essai, les acteurs devront démontrer leur capacité à relever certains défis, à commencer par celui de l’interopérabilité.
Interopérabilité et sécurité des données, enjeux du smart Building
Mais qu’est-ce que l’interopérabilité ? Celle-ci désigne la capacité d’un produit ou d’un système à fonctionner avec d’autres solutions existantes ou en phase de lancement à partir de protocoles de communication ouverts, à l’image de KNX, LonTalk ou encore BACnet dans la gestion technique du bâtiment.
La sécurité des données constitue également un enjeu majeur pour les professionnels, soucieux de se prémunir contre les cyberattaques via des systèmes cryptés ou des protocoles de communication unidirectionnels.
Et pour diffuser les solutions de smart building, à l’instar de la maquette numérique, la formation des entreprises du bâtiment est indispensable. Seule une poignée d’organismes (Institut Léonard de Vinci, Grenoble INP...) propose actuellement de telles offres, encore largement dispensées par les équipementiers.
Les grandes manoeuvres sont en cours
Pour profiter de la tendance du smart building, les professionnels n’ont d’autre choix que de se positionner à la pointe de l’innovation (éco-construction, maquette numérique...). Ces nouveaux savoir-faire peuvent être intégrés de manière « traditionnelle », c’est-à-dire par le biais de recrutements ou d’opérations de croissance externe.
Ils peuvent également se développer depuis des plateformes ouvertes en mode projet tournées vers la transition énergétique et le digital. À ce titre, le leader de la construction Eiffage a créé Phosphore, un centre dédié à la prospective dans le domaine du développement urbain durable.
Encore en construction, le quartier Smartseille de Marseille est directement issu des travaux de Phosphore. Chaque bâtiment y disposera de pompes à chaleur et sera raccordé à une boucle de transfert qui favorisera le partage d’énergie entre les bâtiments excédentaires et déficitaires, créant ainsi un système de solidarité énergétique.
Partenariats avec des Start-up pour acquérir des compétences
Et pour acquérir de nouvelles compétences, plusieurs acteurs majeurs du bâtiment participent également à la création d’incubateurs et tissent des partenariats avec des start-up. À titre d’illustration, Bouygues Construction a lancé un programme de co-innovation baptisé Matching up.
Cette plateforme, qui se destine aux jeunes pousses et aux professionnels de la construction, vise à développer la collaboration dans les domaines de la construction durable, des technologies de rupture ou encore des quartiers connectés.
Engie a, lui aussi, choisi de s’allier à une start-up spécialisée dans les solutions de smart building, Ubiant. Ensemble, ces deux opérateurs enrichissent la plateforme de pilotage des consommations d’énergie Vertuoz by Engie en s’appuyant sur les technologies de design et de dialogue des objets connectés de la jeune pousse française.
Grâce au Luminion (l’objet connecté développé par Ubiant), les occupants seront en mesure de visualiser leurs consommations d’énergie à travers un indicateur lumineux et d’ajuster la température ou encore la luminosité de leur environnement de travail via leur smartphone.
Schneider Electric, IBM et Orange autour de LoRa
Et de l’avis des experts de Xerfi, la multiplication des partenariats participera à l’émergence de nouveaux écosystèmes d’affaires. Déjà, l’Alliance LoRa regroupe de nombreux opérateurs (Schneider Electric, IBM, Orange etc.) autour de la technologie éponyme (un protocole de radiodiffusion assis sur les connexions bas débit et à faible fréquence).
Les promoteurs immobiliers (Nexity, Icade...) et les équipementiers (Schneider Electric, Siemens, ABB...) ont une belle carte à jouer pour endosser le rôle d’opérateur pivot. Les premiers bénéficient en effet de liens étroits avec les utilisateurs finaux, en plus d’importants moyens financiers et d’un rôle de prescripteur au sein de la filière.
Les seconds profitent, pour leur part, d’une expérience ancienne et d’importantes compétences techniques. En outre, ils sont souvent dotés de marques fortes et d’une grande capacité d’innovation.
*A noter : Xerfi vient de publier une étude sous le titre : « Le marché des smart buildings - Partenariats, sécurité des données, interopérabilité : quels enjeux et perspectives pour le marché à l’horizon 2020 ? »
Source : batirama.com