La Cour des Comptes s'inquiète pour les surcoûts du métro du Grand Paris

La Cour des Comptes s'inquiète du "dérapage considérable" du coût du Grand Paris Express, un futur métro automatique qui doit irriguer la banlieue parisienne, appelant à réviser son périmètre.

Chiffré à 19 milliards d'euros lors du débat public en 2010, le super-métro était déjà évalué à 22,63 milliards lorsque le projet a été affiné en 2013. Or, note la Cour dans un rapport, les "coûts prévisionnels (...) n'ont cessé de dériver" depuis.

 

"Les évaluations initiales étaient fragiles (...), et les provisions pour aléas et imprévus qu'elles intégraient étaient très inférieures à ce qui est recommandé pour des travaux de cette nature", écrivent les sages de la rue Cambon.

 

Le coût total du Grand Paris Express serait finalement de 35,08 milliards d'euros, la facture atteignant même 38,48 milliards en ajoutant les "contributions financières" apportées par la Société du Grand Paris (SGP), l'établissement public en charge du projet, à d'autres projets franciliens.

 

Réévalutions successives des coûts du projet

 

"Ces réévaluations successives des coûts du projet pourraient remettre en cause sa pertinence socioéconomique", juge la Cour des Comptes, qui s'inquiète d'une "trajectoire financière non maîtrisée".

 

Concernant l'endettement nécessaire de la SGP pour financer ses investissements, le montant des frais financiers atteindrait selon elle "près de 134 milliards d'euros et l'échéance de remboursement complet de la dette serait reporté de 25 ans, de 2059 à 2084".

 

Et encore, des surcoûts ou des variations, "même limitées (...) du rendement des taxes fiscales, des taux d'intérêt ou de l'indice du coût de la construction (pourraient) alourdir très fortement la charge que constituent les frais financiers et reculer la dernière année de remboursement au-delà de 2100, voire faire entrer la SGP dans un système de dette perpétuelle", avance la Cour.

 

Recaler le calendrier sur des bases réalistes

 

Tout en émettant "de sérieuses interrogations sur la capacité à respecter les échéances olympiques de 2024" (l'accueil des JO à Paris), la Cour des Comptes recommande à l'Etat de renforcer la gouvernance de la SGP.

 

Elle prône aussi "une révision du périmètre du projet et de son phasage, faute de quoi il serait contraint d'affecter à l'établissement de nouvelles recettes". "Le schéma d'ensemble n'est pas remis en cause", a indiqué la ministre des Transports Elisabeth Borne au Sénat.

 

Le gouvernement a demandé au préfet de la région Ile-de-France de réfléchir à un phasage du projet, non sans susciter de fortes inquiétudes parmi les élus locaux. Il devrait donner "le calendrier recalé sur des bases réalistes" dans les prochains jours, a noté Mme Borne.

 

Le président du directoire de la SGP en sursis

 

Quant au président du directoire de la SGP, Philippe Yvin, il est en sursis et le gouvernement lui cherche un successeur, selon la lettre spécialisée Mobilettre. Le projet du Grand Paris Express comprend plusieurs lignes nouvelles de métro automatique, numérotées de 15 à 18, ainsi que des prolongements de la ligne 14.

 

L'ensemble, long de quelque 200 km, doit ouvrir par étapes entre 2019 et 2030. Sont théoriquement prévus en 2024, pour les JO, les lignes 14 jusqu'à l'aéroport d'Orly, 15 -une rocade au sud, en construction--, 16 à à l'est de l'agglomération, 17 jusqu'à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle et 18 entre Orly et le pôle de recherche de Saclay.



Source : batirama.com

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