Le promoteur coopératif exploite en Ille-et-Vilaine la technologie Dhomino pour construire des logements à ossature bois à partir de modules préfabriqués en atelier... avec du bois local si possible !
Coop de Construction est née au lendemain de la guerre pour participer à l’effort de reconstruction sur le bassin rennais. Sa mission première est de favoriser l’accession à la propriété en respectant les valeurs de l’économie sociale et solidaire.
Ses administrateurs sont bénévoles et les gains éventuels sont systématiquement réinvestis dans de nouveaux projets puisqu’il n’y a pas d’actionnaires à rétribuer en dividendes. Pour produire et vendre à prix raisonnable des logements qualitatifs, respectueux du développement durable, le statut de coopérative est une aide mais ne fait pas tout…
Les arbitrages technologiques sont également décisifs. Le promoteur rennais va démarrer au second trimestre un chantier de 11 maisons à Saint-Gilles (35) en exploitant la solution de modules à ossature bois brevetée par le bureau d’études montpelliérain Dhomino.
Selon sa taille (T4 ou T5), une maison se compose de trois ou quatre modules, lesquels sont entièrement achevés en atelier, à l’abri des intempéries, avant d’être agencés sur site.
Des cadres en bois plutôt que des panneaux
L’innovation majeure tient au fait que chaque module est constitué par l’assemblage, non de panneaux, mais de cadres en bois rigides. « Tout est donc manuportable, souligne Yvan Cormier, directeur de Coop de Construction. Cela facilite le travail des hommes et on peut fonctionner avec des stocks réduits. Cette technologie permet de travailler directement en trois dimensions et offre une grande rigidité de construction ».
Elle a déjà été utilisée pour divers projets en France (logements collectifs, CROUS de Strasbourg, collège de Clisson en Loire-Atlantique) et se prête à la construction d’immeubles jusqu’à R+9. Le promoteur coopératif rennais en détient l’exclusivité sur l’Ille et Vilaine.
Un atelier éphémère
Pour le projet de Saint-Gilles, il va organiser un atelier éphémère à proximité de la ZAC où seront implantées les maisons. Les modules seront assemblés dans cet atelier provisoire, conformément au cahier des charges fourni par Dhomino.
Ils seront entièrement équipés (cuisines, sanitaires) avant leur transfert en camion, puis fixés sur les fondations en béton et entre eux. « Ce process correspond bien à notre philosophie qui est de toujours favoriser les circuits courts pour optimiser les délais, les coûts et réduire l’empreinte carbone » commente Yvan Cormier.
Le bois utilisé sera français et si possible breton. Historiquement, la Bretagne n’est pas une grande région pour le bois de construction (on y a surtout privilégié le bois de très gros œuvre pour les bateaux et le bois d’énergie) mais les choses changent ».
Il faut compter 175 000 euros pour une maison de 86 m2, et de 190 000 euros pour une maison de 103 m2, selon Yvan Cormier, directeur de Coop de Construction
Des maisons qui déménagent
Les modules sont réalisés sur mesure pour chaque projet, avec diverses options pour l’habillage des façades : aluminium, ciment, bardage bois… De même qu’elles peuvent dans un deuxième temps accueillir un module supplémentaire pour agrandir un logement, les constructions Dhomino peuvent être entièrement démontées pour resurgir à un autre endroit…
Avec une chaudière gaz, une toiture bois couverte de panneaux solaires et un isolant en laine minérale, les maisons de Saint-Gilles auront une performance énergétique légèrement supérieure à la norme RT 2012.
« Pour les développements futurs, nous travaillons à la conception d’habitations passives avec cette technologie, souligne le directeur de Coop de Construction. Et nous avons déjà prévu de l’utiliser dans deux autres programmes immobiliers : 8 maisons à Orgères ; 6 maisons + 12 logements collectifs dans le nouveau quartier ViaSilva, à Rennes ».
Retour sur un promoteur chercheur
Le promoteur coopératif rennais n’en est pas à son coup d’essai en termes d’innovation. En 2001, il réalisa un immeuble « passif » de 43 logements collectifs en utilisant notamment la bauge (terre et paille).
Avec l’université de Rennes, des bailleurs sociaux et des architectes, il est aujourd’hui associé au programme de recherche appliquée Ecomaterre qui travaille sur la conception d’un nouveau matériau à base de terre pour la construction contemporaine.
« Dès que nous pouvons, nous privilégions les matériaux écologiques mais ce n’est pas toujours possible pour des raisons économiques, admet Yvan Cormier. Nous travaillons donc aussi en construction classique ».
En savoir plus
Coop de Construction est constituée d’une équipe de 14 personnes et produit environ 150 logements annuels. Pour chaque nouveau programme de construction, elle crée une association qui regroupe les acquéreurs : une manière de les fédérer autour du projet et de faciliter la communication entre futurs voisins.
Source : batirama.com / Corinne Chérigny