Bouygues Immobilier cède Ossabois à GA Smart Building

Pas vraiment à sa place chez Bouygues Immobilier, Ossabois rejoint à présent un promoteur toulousain, tandis que se pose la question de l'implication des majors dans la construction bois en France (1).

Les comptes de 2016 affichent pour Ossabois un chiffre d'affaires de près de 38 millions d'euros réalisés avec 180 salariés, ce qui en fait l'un des leaders de la construction bois en France, et désormais, après la cessation d'activité du groupe Beneteau dans le modulaire bois, le leader de fait de cette spécialité. En 2016, le résultat net était encore dans le rouge à hauteur d'un demi-million d'euros.

 

GA, rebaptisé récemment GA Smart Building, est dirigé par un ancien cadre de Bouygues, Sébastien Matty qui vient de restructurer le capital. Depuis l'an dernier, il est détenu à 60% par les salariés, qui auraient mobilisé des capitaux propres à hauteur de 34 millions d'euros.

 

GA Smart Building se définit comme un concepteur, constructeur, promoteur et gestionnaire d’immeubles tertiaire. Avec 300 000 m2 en cours de réalisation pour 2017, le promoteur indique avoir livré plusieurs siège sociaux en France, dont Luminem, siège social de la CCMSA à Bobigny (en photo)

 

Le marché du tertiaire en bois, encore une niche

 

Le montant de la transaction et son mode de financement n'ont pas été explicités. Il n'empêche que l'acquisition d'Ossabois demeure un pari un peu fou. Le marché du tertiaire en bois est certes actuellement bien orienté mais il reste une niche. Faut-il voir dans cette transaction un effet AdivBois ? Mais quel genre d'effet justement ?

 

Car la multiplication de projets français de tours en bois de moyenne hauteur semblait convenir parfaitement au major, conscient de la mixité de fait de nombreux projets in fine. De même, Bouygues s'est vraiment cassé la tête pour mener à bien le projet actuel de R+11 à Strasbourg, qui sort de terre. Quant à Bouygues Immobilier, l'opération résidentielle livrée en bois l'an dernier dans le périmètre d'Epamarne s'est révélée déficitaire. 


L'une des clés est peut-être l'intervention récente de GA Smart Building dans un projet de construction d'hôtels Moxy, même si, jusqu'à nouvel ordre, la construction des Moxy semblaient réservée au constructeur italien Wood Beton.Sur le site internet Moxy, on voit apparaître les prochains hôtels avec les dates de livraison, mais rien pour l'instant concernant la France. Il existe déjà une quinzaine d'hôtels Moxy en Europe (une quarantaine au total pour 2018 selon les prévisions), et le concept est implanté sur trois continents.

 

Ouverture sur le résidentiel

 

Un pari un peu fou ? Chez GA Smart Building, le risque est calculé. Premièrement, cette entité ne se cantonne pas à la promotion immobilière courante, mais intègre d'ores et déjà des composants comme le béton préfa, de façon verticale. Par ailleurs, GA touche déjà du bois en étant partie prenante du projet de tour Silva à Bordeaux.

 

GA Smart Building avance trois arguments classiques en faveur de l’utilisation du bois : l'impact carbone et la nécessité de développer des structures mixtes, dont le bois-béton. Deuxième argument présenté : la réduction des délais de livraison, notamment via l'approche modulaire d'Ossabois. Enfin, la société évoque l’'ouverture de GA Smart Building via ossabois sur d'autres marché et notamment le résidentiel.

 

Il reste que GA Smart Building se positionne sur plusieurs métiers à la fois. Cela existait déjà sur le segment des bâtiments d'activité. Et aux USA, en ce moment, on rencontre le même type d'aventure, en grand, avec un acteur de l'immobilier qui se dote de sa propre ligne de production de CLT.

 

Du côté de Bouygues Immobilier, la cession est justifiée par d'autres priorités stratégiques, qui cependant ne remettent pas en cause l'engagement de Bouygues Immobilier dans le secteur de la construction bois, exemplifié naguère par la résidence Les Lodges à Chanteloup en Brie, et actuellement par deux opérations multiétages notables, Enjoy à Paris et le R+11 Sensation à Strasbourg. 

 

(1) Avec Arbonis, Vinci occupe désormais une situation unique, si l'on excepte la création d'une structure dédiée mais non industrielle par Eiffage l'an passé.



Source : batirama.com / Jonas Tophoven

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