Les ventes de maisons individuelles pourraient baisser de près de 10 % en 2018, estime LCA FFB, qui pointe du doigt la disparition du Prêt à taux zéro dans certains territoires.
Légende photo : Dominique Duperret, délégué général et Patrick Vandromme (à droite), président de LCA-FFB . L'organisation vise 1000 adhérents à la fin de l’année 2018.
Après avoir connu deux années de croissance à deux chiffres en 2015 (+ 13,7 %) et en 2016 (+ 20 %), le marché de la maison individuelle commence à s’essouffler. En 2017, les ventes brutes de maisons individuelles en secteur diffus (hors lotissement) progressent de 1% à 135.000 unités, constate Patrick Vandromme, président Constructeurs et aménageurs de la Fédération française du Bâtiment (LCA-FFB).
Et les perspectives pour 2018 ne sont pas de bon augure, reprend l’organisation professionnelle. Outre les inondations en début d’année dans le nord de la France, les perspectives commerciales sont plus qu’incertaines, malgré la stabilité relative des taux d’emprunt immobilier (1,50 % en moyenne en 2017 et une perspective de 1,65 % en fin d’année 2018, selon le Crédit Foncier).
Une perte de 8500 logements en 2018 par rapport à 2017
Pour les constructeurs, l’épine dans le pied demeure avant tout la réforme des aides au logement mise en place par le gouvernement fin 2017 et applicable dès janvier 2018.
Elle se traduit aujourd’hui par la suppression d’une aide publique, l’APL succession (qui concerne un millier de maisons, indique Patrick Vandromme) et par la disparition programmée du Prêt à taux zéro sur des pans entiers du territoire comme les villes moyennes et les zones rurales ("B2" et "C"), "terres d'élection de la maison individuelle neuve".
Précisons que le PTZ sera maintenu pour deux ans dans les zones B2 et C, mais que sa quotité est réduite de 40 à 20 %. Résultat, Patrick Vandromme pronostique que le premier semestre de l’année 2018 devrait afficher de bons résultats, en raison des ventes accumulées jusqu’en décembre 2017* mais que les ouvertures de chantier commenceront à plonger à la mi-année et se traduiront par une baisse de production en 2019.
LCA-FFB avance donc une prévision pour 2018 de 124 000 à 125 000 ventes de maisons neuves en secteur diffus, et donc une perte de 8500 logements par rapport à 2017.
Des propositions pour la Loi Logement
Dans le cadre de la prochaine Loi Logement (1), l’organisation demande par conséquent le rétablissement de l’APL Accession et souhaite une révision du zonage des aides au Logement : « Un rapport sera remis aux parlementaires sur la pertinence du zonage actuel car nous craignons d’assister à un dépeçage supplémentaire de la zone B1 » indique Dominique Duperret, délégué général de LCA-FFB.
L’objectif de LCA étant de revoir plus finement les zonages « de façon chirurgicale », afin de mettre en adéquation la demande et l’offre de logements selon les besoins particuliers recensés dans les territoires. Enfin, une réforme du Code de construction et de l’habitation est toujours dans l’esprit des responsables qui souhaitent favoriser une logique de résultat sur la logique de moyens.
Et pour accentuer la simplification normative et réglementaire, les constructeurs demandent à nouveau de supprimer l’obligation d’installer un conduit d’évacuation de fumée dans l’individuel neuf, même dans les habitations chauffées à l’électricité. Ou encore de reprendre de fond en comble le zonage sismique et les règles afférentes…
*Il faut environ 8 mois avant qu’un chantier ne sorte de terre après la signature du contrat.
(1) dans le cadre de la conférence de Consensus sur le logement initiée par le Sénat en amont du projet de loi Elan (Evolution du logement, aménagement et numérique), LCA a déposé une contribution de concert avec la FFB
Quelles tendances régionales ?
Sur l’année 2017, l’analyse révèle des disparités entre les régions. L’an dernier, seules cinq régions ont connu un taux de croissance positif : l’Ouest avec la Bretagne (+ 7 %) et les Pays de Loire (+5 %), le Sud-Est avec Auvergne-Rhône-Alpes (+ 6 %) et PACA (+ 6 %), ainsi que le Grand Est (+ 3 %). L’activité commerciale reste stable en Nouvelle -Aquitaine.
Selon le marché LPI-SeLoger des prix immobiliers, le prix moyen des maisons neuves (secteur diffus et groupé) a progressé de 5,2 % en 2017 (après 3,5 % en 2016), à près de 2 700 euros le m2 (foncier compris). Dans le même temps, la hausse du prix moyen des appartements neufs affiche 2,6 % à un peu moins de 4800 euros le m2.
Source : batirama.com / Fabienne Leroy