Quand les jeunes pousses bousculent les acteurs historiques de l'immobilier

Quelque 250 jeunes pousses du secteur de l?immobilier surfent aujourd?hui sur la vague numérique. Les acteurs traditionnels vont devoir réinventer leur métier, selon Xerfi*

La vague technologique déferle sur la filière de l’immobilier : Crowdfunding, BIM, réalité virtuelle ou big data trouvent en effet des applications naturelles dans l’immobilier (numérisation 3D, outils d’aide à la transaction, services aux particuliers) viennent enrichir l’offre à destination des foncières, agences, constructeurs et autres administrateurs de biens.

 

Ces derniers doivent également composer avec les offres potentiellement très disruptives portées par des start-up, les fameuses PropTech. Les experts de Xerfi ont ainsi recensé un peu plus de 250 jeunes pousses du secteur de l’immobilier en décembre 2017, soit plus d’une centaine de sociétés créées depuis 2014.

 

Avec 77 entreprises répertoriées, les services numériques BtoB et BtoC forment le gros du bataillon des ProTech. Et si tous les segments ont progressé, certains ont encore mieux tiré leur épingle du jeu, à l’image du crowdfunding immobilier. En ligne avec cette vitalité, les montants levés par ces start-up ont quintuplé en deux ans pour dépasser 60 millions d’euros en 2017, soit un montant moyen de 2,4 millions par jeune pousse.

 

Rupture sur le marché de l’achat/vente de logement

 

Au-delà de l’apport de la technologie, le succès de certaines PropTech tient également aux acteurs traditionnels eux-mêmes. En effet, le marché immobilier se caractérise par un certain conservatisme dans les pratiques et les business models.

 

Les spécialistes de la photo et du home staging (comme Meero, Outflash ou Rhinov) complètent ainsi utilement l’offre des agences. Quant à ChouetteCopro ou Meilleure Copro, tous deux proposent des solutions aux syndics pour accroître leur efficacité opérationnelle. D’autres PropTech portent néanmoins en elles les germes d’une véritable révolution, fragilisant les modèles existants. Homeloop est à ce titre l’exemple le plus emblématique.

 

Il réplique en réalité le principe de l’Américain Opendoor qui achète directement, et en quelques jours, un bien immobilier à partir d’un questionnaire et d’une visite. Bref, le modèle Opendoor/Homeloop est une réelle rupture sur le marché de l’achat/vente de logements, compte tenu de l’extrême simplification du processus immobilier.

 

Une bulle sur le point d’éclater ?

 

Face à une telle effervescence se pose la question de la pérennité des PropTech. Plusieurs de ces jeunes pousses risquent en effet de disparaître à plus ou moins brève échéance. Les experts de Xerfi estiment toutefois qu’il n’y a pas de bulle des PropTech et que l’évolution est profonde.

 

En réalité, le grand défi de ces nouveaux entrants réside dans leur capacité à s’imposer dans le paysage de l’immobilier. Pour faire simple, on peut distinguer deux grandes catégories de PropTech.

 

D’un côté figurent les complémenteurs qui s’efforcent de se rendre indispensables aux yeux des professionnels. Il s’agit par exemple des spécialistes de la photo et du home staging, des acteurs de la numérisation 3D et de la visite virtuelle, les fournisseurs de bases de données immobilières et spécialistes de la data, les plateformes spécialisées dans la vente de biens neufs, les apporteurs de solutions aux syndics, les services de marketing digital et tous les opérateurs intervenant dans le processus de conception/construction/exploitation pour faciliter l’utilisation du BIM, etc.

 

Ces complémenteurs misent en général sur une plateforme technologique performante pour améliorer le service rendu aux professionnels. Si le rapport de forces est aujourd’hui en faveur des acteurs traditionnels, il pourrait bien s’inverser ces prochaines années.

 

Les disrupteurs passent à l’attaque

 

De l’autre côté se trouvent les « disrupteurs » revendiqués, positionnés dans la location et la transaction. Pour déloger les acteurs en place, plusieurs modèles coexistent parmi ces nouveaux entrants : l’offre à bas coût qui fait intervenir le client, l’offre de matching promettant de revisiter le parcours client, les plateformes qui valorisent les espaces inoccupés des particuliers ou des professionnels (parkings, bureaux, stockage) et l’offre d’achat cash de biens résidentiels.

 

Certains d’entre eux commencent à faire leurs preuves, à l’image des plateformes de mise à disposition d’espaces de travail. Pour les autres, les perspectives sont plus incertaines. Les services de matching, par exemple, vont devoir démontrer leur réelle valeur ajoutée et prouver la pertinence des algorithmes développés.

 

Les grands-groupes doivent réinventer leur métier

 

Pour les acteurs en place, l’enjeu consiste à intégrer pleinement la révolution numérique, dont ils ont plutôt été préservés jusque-là, et bien sûr à défendre leurs positions, en particulier dans les transactions et la gestion locative.

 

Pour les grands groupes immobiliers, l’heure est désormais à la mise en place d’expérimentations et de projets pilotes avec des start-up. Certains ont compris la nécessité de réinventer leur métier et de le faire évoluer, comme les property managers ou les acteurs de l’asset et du facility management. Des partenariats aux prises de participation, en passant par les investissements en interne, ils explorent plusieurs pistes pour ne pas laisser le champ libre aux PropTech.

 

*Xerfi-Precepta vient de publier une étude de Vincent Desruelles sous le titre : « La filière de l’immobilier face au défi des PropTech – Nouveaux usages et business models des start-up, stratégies de riposte des acteurs traditionnels »


Source : batirama.com

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