La performance énergétique du nouveau bâtiment sera au rendez-vous grâce au principe de la façade légère F4. Objectif : respecter le label BBC Rénovation, soit moins de 80 kWh/m2/ an.
Ce chantier de réhabilitation d’un ensemble immobilier datant des années 60 à Paris (14e) concentre toutes les difficultés d’une telle opération en ville : problème d’acheminement de matériaux et d’acoustique pour les riverains et occupants… confrontés au bruit pendant 2 ans, soit la durée du chantier !
La configuration des lieux réhabilités appartenant à une congrégation religieuse ne simplifie pas en effet la gestion du chantier. Situé au 80 rue de la Tombe Issoire, l’ensemble abrite deux copropriétés distinctes, celles du n°80 dit « bâtiment A1 » qui fait l’objet des travaux en question, et celle du n° 78, dit « bâtiment A2 » qui est habitée.
Précisons que la division physique du bâtiment est parallèle à la rue de la Tombe Issoire : en clair, le Bâtiment A1, objet des travaux prend place à l’arrière de l’ensemble, côté cour, qui abritait une petite chapelle détruite pour laisser place à un espace planté. Et pour parvenir sur le lieu du chantier, un seul porche de 2,5 m x 2,5 m par lequel doit transiter hommes et matériels ! Donc pas de grue possible ! Rappelons qu’une façade d’ampleur, soit 1300 m2 sur 10 niveaux, doit être rénovée.
Côté rue, un immeuble habité et qui devra supporter les nuisances du chantier qui se déroule côté cour. Des réunions régulières sont organisées avec les riverains par le maître d’ouvrage pour les informer de l’état d’avancement du chantier. ©PP
Côté cour, un chantier pour réhabiliter l’intégralité de la façade et rénover 80 logement. En bas à droite, le petit porche par lequel doivent être acheminés matériels et matériaux. Le coût total du chantier s’élève à 10 350 000 euros ©FL
Une rénovation en milieu semi occupé
Alors que 110 logements sont actuellement occupés, Demathieu Bard, le maître d’ouvrage représenté par Claire Bertrand, doit rénover 80 logements avant le 1er janvier 2019 : 54 logements familiaux desservis par une seule cage d’escalier, sur 10 niveaux depuis le rez-de-chaussée, et 20 logements étudiants desservis par une cage d’escalier comprenant 8 niveaux su RDC.
Autre problématique liée à la configuration des lieux : la trame porteuse du bâtiment s’organise autour de multiples poteaux en place tous les 2,35 m correspondant aux chambres des religieuses (ex propriétaires de l’ensemble réhabilité). « Ceci a nécessité un peu de réflexion de la part des architectes pour redistribuer les appartements et gérer les contraintes au niveau des finitions intérieures », explique Claire Bertrand.
Quant à la performance du futur bâtiment, elle doit être conforme aux objectifs du Plan Climat Energie de la ville de Paris. L’opération doit faire l’objet d’une certification patrimoine Habitat et Environnement associé au label BBC Rénovation. En clair, le bâtiment ne devra pas excéder une consommation de 80 kWh/m2/ an.
80 logements doivent être rénovés avant le 1er janvier prochain. Avec une particularité de l’ancienne structure à prendre en compte par les architectes : des poteaux distribués tous les 2,35 m sur tout le long de la façade du bâtiment. ©PP
F4, une solution de façade performante et légère
Les maîtres d’oeuvre et d’ouvrage ont choisi la solution de Façade légère F4 qui combine pour cette opération une vêture en ciment fibré, mise en oeuvre par l’intermédiaire d’une ossature métallique et d’une interposition d’une isolation en laine de verre.
« La solution bois n’était pas envisageable car il n’était pas possible de monter des panneaux de bois préfabriqués sans grue » explique Tristan Bouillot, chef de groupe de l’entreprise de Demathieu Bard qui a piloté les travaux.
La façade rapportée a en effet permis d’augmenter la profondeur du bâtiment, après le ferraillage du nez de dalle et donc du renforcement des balcons. Cette façade F4 se compose d’un lot extérieur (avec 120 mm d’isolant R = 3,40) et d’un lot intérieur (avec 85 mm de laine en rouleau GR 32 ; R = 2,65) intégrant un système d’étanchéité à l’air et à l’eau et évitant tout pont thermique. L’association de deux plaques de plâtre BA13 (Placoflam) vissées termine le parement intérieur du complexe.
Le ferraillage du nez de dalle et le renforcement des balcons ont permis d’augmenter la profondeur du bâtiment qui était jalonné de coursives en façade ©PP
Plan en coupe du système de la Facade F4 développée par Isover et Placoplâtre
Un gain de 20 à 30 % d’épaisseur de mur
Prédécoupés, les divers éléments du système (platines, montants métalliques) sont livrés en kit sur le chantier et s’assemblent comme un mécano, limitant ainsi les déchets sur chantier. Et le poids total de l’ensemble ne dépasse pas 40 kg/m2.
« Cette façade sous avis technique peut supporter des bardages jusqu’à 53 kg/m2 » précise Olivier Servant, directeur de la prescription chez Isover (Isover et Placoplatre sont les deux industriels co-développeurs de la solution)
Par rapport à une façade traditionnelle isolée par l’intérieur ou l’extérieur, cette solution permet de gagner 20 à 30 % d’épaisseur de mur, ajoute Olivier Servant. Un argument de poids quand on sait que le prix de vente au m2 à Paris s’établit en moyenne à 9000 euros.
A noter que la nouvelle génération du système sous avis technique utilise des profilés deux fois moins épais et donc deux fois moins lourds et l’intégration de liernes reliant deux à deux les profilés, ce qui réduit le poids de la façade de 5 kg/m2. Un poids également réduit grâce à l’utilisation d’isolants plus performants qui répondent aux exigences thermiques (Up = 0,2.W/m2.K) et améliorent l’isolation acoustique : Rw (C ; Ctr) > 57 Db (-4 ;11)
Le système est livré en kit et sous forme d’un mécano à assembler avec platines, montants métalliques, plaques de plâtre et laine de verre ainsi que membrane d’étanchéité. ©FL
Claire Bertrand, maître d’ouvrage technique chez Demathieu-Bard, dont les locaux sont basés à Metz et Tristan Bouillot, chef de groupe pour l’entreprise de construction Demathieu-Bard Bâtiment Ile-de-France. ©PP
L’entreprise plaquiste LPP (à Emerainville, -77-, 25 personnes) gérée par José Da Silva est présente sur le chantier pour assurer la mise en oeuvre des plaques de plâtre. Les équipes sur place (2 à 3 équipes de 2 personnes) passent un mois complet pour réaliser chaque étage de l’ensemble réhabilité. ©FL
Source : batirama.com / Fabienne Leroy