La restauration du rempart nord-ouest du château de Caen donne lieu à un important travail d?injection de coulis à base de chaux, de manière mécanique. But de l?opération : redonner de l?homogénéité à la muraille.
Base de la civilisation anglo-normande, le château de Caen a été construit sur un terrain triangulaire qui surplombe la ville d’une vingtaine de mètres. Ce grand terrain (environ 5 hectares) clos de remparts, doit devenir un lieu culturel et touristique intégrant notamment deux musées. Dominant le site et la ville, le rempart nord-ouest s’offre comme le belvédère logique, à condition d’être renforcé et mis aux normes de sécurité.Il offrira l’accès aux personnes en fauteuil roulant grâce à un ascenseur.
Reprendre l’assise du rempart
Le premier travail concernant le rempart a consisté à reprendre son assise. Le talus est constitué par un conglomérat de pierres calcaires non maçonnées que le temps avait rendu instable. La campagne d’étude a montré l’absence de liant. La consolidation a consisté à injecter environ 1 400 m3 d’un coulis de ciment
Trois liants différents
Trois liants différents sont utilisés. La chaux de Saint-Astier sert à maçonner les pierres de parement. La chaux de Balthazar et Cotte est utilisée à des fins de garnissage de la maçonnerie. Enfin, le Tradical 80 de Stasservil permet de maçonner par temps de gel, utilisé avec des additifs. La troisième phase des travaux consiste à remplir l’intérieur du mur afin de l’homogénéiser et de créer une liaison avec le talus et le coulis dont il a bénéficié. On réalise ainsi 3 500 percements des deux côtés de la paroi et au tiers de l’épaisseur du mur. En effet, les études ont montré que l’intérieur du mur du rempart est constitué de moellons calcaires hourdés à la chaux mais dans lequel les petits vides sont nombreux.
Injection d'un coulis au coeur du mur. Un échafaudage facilite le travail des maçons : déplacement et stockage des pierres, approvisionnement en mortier.
Mortier industriel prêt à l’emploi
Dans le but de les combler, on injecte un mortier industriel prêt à l’emploi et mis au point pour ce type de circonstances. Le Mape-Antique I possède des caractéristiques mécaniques proches du matériau d’origine.
Source: batirama.com / Pascal Graindorge
Le talus de la terrasse de Cavalier recouvrait des constructions anciennes qui ont donné lieu à des fouilles
Les fondations du rempart nord-ouest reposent sur une amoncellement de pierres. On a effectué des injections de bentonite comportant du ciment afin de solidariser les différentes pierres.
L'intérieur des murs du rempart est constitué des moellons calcaires hourdés à la chaux mais comprenant de nombreux vides. 3 500 percements permettent d'injecter un coulis comportant du Mape-Antique I au coeur du mur.
Les pierres sont débitées sur place à la scie dans un atelier monté sur le chantier.
Les faces visibles des pierres sont travaillées afin d'avoir le même aspect que celles mises en oeuvre au cours des siècles précédents.
La célèbre Pierre de Caen
La pierre de Caen est une célébrité parmi les calcaires : cathédrales de Saint-Paul, Westminster et Canterbury, château de Buckingham, cathédrale Saint-Patrick de New-York ; en Normandie, le château et les grandes églises de Caen… L’intérêt de la pierre est triple : grain extrêmement fin, dépourvu de coquille d’animaux marins ; sa teinte blanc crème et sa façon de se patiner sont autant rares que charmants. Ses caractéristiques particulières et très appréciées rejettent toute cohabitation avec d’autres pierres. La carrière souterraine de Cintheaux, exploitée depuis 2003, fournit les pierres utilisées pour le rempart nord-ouest du château de Caen.