Monolithe aérien habillé de panneaux de béton blanc

11 000 m3 de béton, 870 tonnes d'armature, 870 tonnes d'acier, 251 pieux, ? Le chantier du Pôle régional de la culture et de l'économie créative en Aquitaine, la Meca, à Bordeaux, bat son plein.

Implanté sur les quais de Paludate, à l'emplacement des anciens abattoirs au bout de la halle Debat-Ponsan, à Bordeaux, le Pôle régional de la culture et de l'économie créative, la Meca, est un ouvrage architectural ambitieux de 12 000 m².

 

Cet équipement culturel, porté par la Région Nouvelle Aquitaine et conçu par l’agence BIG (Bjarke Ingels Group) en collaboration avec les architectes Freaks Architects, partie intégrante du projet Euratlantique, regroupera à terme l’Office artistique de la région nouvelle Aquitaine (Oara), l’Ecla Aquitaine et le Frac.

 

Au plan architectural, l’édifice imposant, revêtu de panneaux de béton blanc, n’est cependant pas à considérer comme un monolithe. Au contraire, c'est un ouvrage que les architectes ont souhaité léger et dynamique avec des lignes audacieuses et biseautées.

 

A l’intérieur, un lobby central, lieu d’échanges, relie les trois pôles culturels, tandis qu’à l’extérieur un espace public de partage, zone en creux appelée « chambre urbaine », connecte le bâtiment à la Garonne et permet aux promeneurs de traverser le bâtiment, sans pour autant y pénétrer, en passant sous l’arche biseautée.

 

 

La dynamique de la Meca est renforcée par le traitement topographique de la parcelle, révélant un jeu d’escaliers et de rampes qui reprennent les lignes biseautées de l’ouvrage. © STM


Tolérance 1 cm sur 37 mètres

 

L’une des singularités du projet tient aux 7000 m2 de béton de parement qui, à terme, habilleront les supports béton et la charpente métallique du pont. Panneaux de béton blanc de 3,60 m sur 0,60 m en moyenne qui sont maintenus à la façade avec des attaches non courantes (Fixinox) qui ont fait l’objet d’une procédure d’Atex.

 

L’un des objectifs étant de s’assurer de leur pertinence quant au risque sismique. La difficulté pour le préfabricateur, Soriba, en charge de la fabrication des panneaux, comme pour l’entreprise de gros œuvre : la précision.

 

Les panneaux reprennent, en effet, la géométrie des façades et s’inscrivent dans un calepinage d’une très grande minutie, avec de nombreuses ouvertures, impliquant la même précision pour les bétons structuraux.

 

Sachant que la géométrie du bâtiment – une pile de 37 m de haut d’un côté et de 25 mètres de l’autre – ne facilitait pas la tâche, d’autant que sur chaque pile la ligne se répercute entre le pont ou la façade. Résultat : la tolérance sur la hauteur de la pile du voile est de 1 cm sur les 37 m de hauteur. Impossibilité donc de tricher pour la mise en place de la vêture.

 


Les fixations en inox ont été testées face au séisme, au vent et à la gravité. Ces essais, en simulation numérique et grandeur réelle, ont aussi permis de caractériser la douille de fixation intégrée aux panneaux au béton. Tolérance 2 mm maximum.© STM

 

Préfabrication sur mesure

 

Pour le préfabricateur, il y avait un gros risque de non qualité, tout a donc été mis en œuvre pour l’éviter. Ainsi le process habituellement dévolu à la fabrication des prémurs a été adapté, ce qui lui a permis d’obtenir un positionnement millimétrique et de robotiser au maximum la fabrication.

 

La difficulté portait notamment sur l’emplacement des douilles. Lesquelles – 12000 en tout – ont fait l’objet d'un percement dans les voiles et d’un relevé par le géomètre. Ensuite ces éléments ont été intégrés au plan de fabrication des panneaux. Un équipement spécifique a été développé de façon à pouvoir maintenir en l’air les douilles en attendant que le béton soit coulé.

 

Compte tenu de la qualité du rendu souhaitée par la maîtrise d’œuvre, le nettoyage des pistes de préfabrication – nettoyage des parements métalliques de coffrage –  a été réalisé par cryogénie de façon à supprimer tout risque d’impuretés. Enfin, les opérations de sablage ont été réalisées à l’aide d’un robot. Avantage : qualité constante et absence d’exposition des salariés aux poussières de silice.

 


L’architecte a souhaité que la couleur des panneaux de béton se rapproche de celle de la pierre de Bordeaux et que le squelette granulaire autorise une lecture lointaine sans vision des granulats et une lecture proche permettant de découvrir la texture des panneaux.© STM

 


Les panneaux, 534 modèles différents, ont une épaisseur comprise entre 8 et 10 cm. Impossible de les retravailler après préfabrication. Les pièces d’angles, tous différents, ont demandé la plus grande attention.

 


A l’intérieur, la quasi-intégralité des bétons sont apparents. De même, conformément aux vœux des architectes, tout ragréage est interdit. Un béton autoplaçant, la précision et la minutie des équipes GTM ont permis d’obtenir un rendu de qualité.© STM

 

Fiche technique

 

 

 


Source : batirama.com / Stéphane Miget

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