Réutiliser les laines de verre usagées pour fabriquer des produits d?isolation neufs est désormais possible. C?est en première mondiale qu?Isover lance cette offre, en partenariat avec des recycleurs professionnels.
L’un des atouts de la laine de verre est qu’elle est recyclable indéfiniment. Fondue, elle entre dans la fabrication d’une laine de verre toute neuve, aux qualités constantes. Jusqu’à présent, seules les chutes de production étaient recyclées par Isover sous forme de calcin.
Précurseur en la matière, Isover valorise du calcin depuis plus de 20 ans. Cette matière recyclée entre dans la composition de ses produits isolants à hauteur de 40 % au moins, et jusqu’à 80 % selon les unités de production. Isover utilise 70 000 T/an de calcin issu du recyclage de produits ménagers et industriels (pare-brise, bouteilles, verres du bâtiment) ; un produit convoité car également utilisé par d’autres industries.
L’entreprise a mis au point dès 1997 un procédé original pour valoriser les chutes de laine de verre. La part de calcin issu de laine de verre recyclée est limitée car le gisement de déchets accessible est encore restreint. Ce dernier va fortement augmenter une fois que la filière de valorisation des laines usagées aura pris son essor.
Un gisement important
La laine de verre issue de la déconstruction des bâtiments représente 75 000 T/an (soit 0,2 % du total des déchets du BTP). Ce tonnage, relativement réduit du fait de la légèreté du produit, représente en fait des volumes très conséquents, qui finissent enfouis sous terre. Avec la rénovation des bâtiments des années 70 et 80, on estime que la quantité de déchets de laine de verre va doubler d’ici 2030.
Le marché de l’isolation à base de laine de verre continuant à se développer encore, les besoins en calcin augmentent. Avec l’organisation d’une filière de recyclage de la laine usagée, c’est un nouveau gisement qui se libère.
La collecte des déchets est effective sur les chantiers (quand la réglementation est bien respectée) et la valorisation de la laine usagée est au point : pour créer un cycle vertueux, il restait à mettre en place le tri des laines de verre et leur acheminement au centre de recyclage d’Orange. Le projet a été mené en partenariat avec le SRBTP (syndicat des recycleurs du BTP).
Dominica Lizarazu, directrice marketing et développement chez Isover France : « Nous sommes très fiers d’inaugurer cette offre unique de recyclage des laines de verre usagées. C’est une première mondiale ! » © E.J.
S’inscrire durablement dans une économie circulaire
Excoffier fait partie de la dizaine d’entreprises de recyclage de toutes tailles, partenaires de l’opération initiée par Isover. Actif dans le sud-est de la France, ce spécialiste du tri et de la valorisation des déchets en mélange, trie désormais la laine de verre sur 3 de ses 14 sites. La mise en balles de la laine de verre usagée qu’elle collecte sur les chantiers et dans les déchèteries a débuté il y a quelques mois.
Dans l’unité de tri d’Excoffier, à Villy-le Pelloux (74), la laine de verre arrive soit déjà triée, soit mélangée à d’autres déchets de déconstruction du bâtiment.
Les déchets de laine de verre sont comprimés à l’aide d’une presse à balles classiquement utilisée pour le carton, le papier ou le plastique. Un simple réglage permet d’adapter la presse au produit. Aucun investissement conséquent n’est donc nécessaire au niveau des centres de tri. Il suffit de dédier un silo au produit et de trouver la place de stocker les balles.
Isover collabore avec l’ensemble des acteurs de la collecte des déchets, du tri et du recyclage, afin de mettre en place une filière de traitement des déchets de laine de verre. De g à dr, Elodie Rivière (chargée de mission au SRBTP), Vincent Lamy (directeur exploitation chez Excoffier) et Dominica Lizarazu (directrice marketing et développement chez Isover France).
Un premier tri manuel permet d’éliminer les déchets non admis (bitume, métal, matériaux infusibles,…). 90 % des déchets de laine de verre sont valorisés.
Transportés près du tapis mécanique de la presse à balles, les déchets de laine de verre sont à nouveau contrôlés (des morceaux de laine de roche sont écartés).
Une valorisation à l’échelle du territoire
Dans un premier temps, deux zones géographiques sont concernées : la région Ile de France, où les nombreux grands chantiers de rénovation dits «verts» permettent de collecter de grandes quantités de laines usagées. L’idée est que le maître d’ouvrage contacte le collecteur le plus proche de son chantier et qu’il définisse les missions du cureur, en accord avec le collecteur. Celui-ci réceptionne ou va collecter les déchets préalablement triés.
Dans le Sud-est, quelques grands chantiers mais surtout les déchets de chantiers diffus pourront aisément alimenter l’unité de valorisation d’Isover, située à une distance « raisonnable ».
A terme, l’objectif est de valoriser un maximum des déchets de déconstruction récupérés dans tout l’Hexagone. Isover, présent partout en France, va développer tout un réseau de partenaires collecteurs.
La balle obtenue a une densité de 400 kg/m3. Elle est ligaturée avec des liens métalliques avant d’être filmée, pour éviter la dispersion de fibres, et stockée.
Le processus financier
Aujourd’hui, les déchets de chantier sont rarement triés sur site. L’un des objectifs est de sensibiliser les maitres d’ouvrage afin que la laine soit triée au moment de la dépose, ce qui facilite la collecte et le traitement des déchets. L’idée est d’inciter la collecte ciblée en offrant un prix à la tonne plus élevé.
A titre d’exemple, Excoffier paie aujourd’hui autour de 140 € la tonne de laine de verre triée et 90 € la tonne de déchets de chantier mélangés (l’enfouissement d’une tonne de déchets tourne autour de 110 €/T). Arrivées à Orange, les balles sont payées quelques euros par Isover.
La rentabilité de l’opération n’est pas un objectif, dans un premier temps. L’important est de mettre en place durablement cette filière de recyclage des laines usagées. Et, pour Isover, d’engager à sa suite, un nombre croissant d’acteurs dans un cercle vertueux. Le négoce va être sollicité pour participer, lui aussi, à cette aventure.
Source : batirama.com / Emmanuelle Jeanson