Bénéficiant d?un net regain d?activité, le secteur est pénalisé par la pénurie de main d??uvre et réagit en multipliant les actions de communication. Focus sur la Bretagne qui n?a pas dit ni écrit son dernier mot.
Depuis 2016, le bâtiment enregistre une réelle embellie en Bretagne. Soutenu par une croissance de 4,2% l’an dernier, il surfe actuellement sur la mise en chantier de 25 000 logements neufs.
Mais il peine à recruter. Il faut dire qu’il a perdu 10 000 emplois entre 2008 et 2016 ! Impossible de reconstituer les effectifs du jour au lendemain car la main d’œuvre requise doit être qualifiée.
7500 postes vacants
« Un tiers des entreprises bretonnes ont des projets de recrutement en 2018. 7500 sont postes sont à pourvoir », souligna Hugues Vanel, président de la FFB Bretagne, en ouverture des 4e Assises de la construction organisées à Rennes le 31 mai dernier.
Pour promouvoir ses métiers, la fédération régionale projette de créer une bourse de l’emploi en ligne et elle a d’ores et déjà lancé une campagne de publicité sous l’accroche « J’ai choisi le bâtiment ».
Par voie d’affichage ou sur les réseaux sociaux, celle-ci décline des slogans dont l’humour décalé entend clairement séduire les jeunes : « Au bout du rouleau…je m’éclate ! », ; « Inventer l’eau chaude…non, mais je vous l’apporte. » ; « Des heures de colle…j’en ai quelques-unes derrière moi ! ».
Il s’agit de susciter des vocations en valorisant les atouts de métiers qui ne font pas forcément rêver les élèves ni même leurs parents : sur les 3500 places d’apprentis en bâtiment disponibles cette année dans la région, 2500 seulement ont trouvé preneurs…
La campagne veut donc lutter contre les préjugés, montrer que les professions du bâtiment sont modernes, valorisantes, non délocalisables et qu’elles mènent à de belles carrières, en tant que salariés ou en tant que patrons.
Hugues Vanel, président de la FFB Bretagne ©Fred PIEAU
La réforme de la formation en question
La réforme de la formation mise en branle par le gouvernement est un autre motif d’inquiétude pour Hugues Vanel : « Elle intervient au pire moment, estime-t-il, parce que nous sommes en période de tensions, et si nous perdons un an, c’est dur ! ».
« La formation est la mère des batailles, renchérissait à son tour le président du conseil régional, Loïg Chesnais-Girard, lors des Assises rennaises. Avant, la question était de savoir s’il fallait continuer à former autant de jeunes dans un secteur en récession, aujourd’hui nous connaissons une crise de compétences et de vocations.
La réforme de l’apprentissage suscite des inquiétudes sur la chaîne de financement et quant à l’équilibre des territoires entre le système national et les régions, mais aussi à l’intérieur de chaque région. Il ne faudrait pas qu’elle aboutisse à centraliser toutes les formations à Rennes ».
Multiplication des initiatives locales
En Bretagne, tous les métiers du bâtiment sont touchés par la pénurie de candidats : plaquistes, couvreurs, maçons, peintres… Le secteur est confronté à un double problème -trouver du personnel qualifié, former des jeunes- dont l’enjeu est de taille. Car démographie oblige, les départs à la retraite des ouvriers sont légion et de nombreuses entreprises vont changer de main.
Mais le territoire n’est guère enclin à la résignation. Au-delà de la campagne de publicité lancée à l’échelle régionale, les entreprises n’hésitent pas à se mobiliser activement au plan local pour promouvoir leurs métiers.
Les initiatives en ce sens se multiplient. A Brest, par exemple, la première édition du forum Bati’job s’est tenue au mois d’avril : la présence d’un BIM Center a permis de mettre en exergue la modernisation des process pour séduire à la fois des jeunes et des moins jeunes tentés par un projet de reconversion professionnelle.
Des forums, des journées portes ouvertes et des plans de com’ locaux
En Ille-et-Vilaine, une quinzaine d’entreprises du pays de Vitré ont participé au forum des métiers en multipliant les animations (démonstrations de maquette numérique, ateliers de peinture et de carrelage) et en mettant en avant les offres d’emploi en alternance.
Elles ont aussi organisé des journées portes ouvertes sur le chantier d’extension d’une école à l’intention des élèves de 3ème et de 4ème, afin de leur faire découvrir in situ et très concrètement la nature de leurs activités.
La fédération du bâtiment du pays de Fougères (qui réunit 121 adhérents) a lancé son propre plan de com’ pour convaincre que la construction est une voie royale vers l’emploi et fait efficacement fonctionner l’ascenseur social.
Relayée par les journaux, les panneaux d’affichage, les media online, cette campagne qui met en scène de vrais artisans est conçue pour durer 4 ans. Elle représente un budget de 73000 euros, dont 30% sont pris en charge par la ville et l’agglomération.
Un peu partout en Bretagne, la profession fourbit ses armes pour renflouer ses troupes et gagner la bataille de l’emploi.
Le bâtiment breton en chiffres
Avec 22 700 entreprises, 69 000 actifs dont 55 000 salariés, le bâtiment est l’un des principaux secteurs d’activité en région Bretagne et pèse quelque 7,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel.
Source : batirama.com/ Coline Gady