Passer par l?extérieur pour isoler les toitures n?est pas encore une habitude. Pourtant les solutions techniques existent et offrent quantité d?avantages.
Pour la mise en œuvre, une bonne préparation reste essentielle.
On ne le répétera jamais assez : 30% des déperditions de chaleur d’un bâtiment passent par le toit. Autrement dit dans le cadre d’une construction ou d’une rénovation visant l’excellence énergétique, l’isolation du toit est primordiale.
Traditionnellement, cette isolation est, comme pour les parois, réalisée le plus souvent depuis l’intérieur. Or il existe de nombreuses solutions techniques par l’extérieur. La plus connue, le sarking, est très ancienne ; elle est très utilisée en climat de montagne parce qu’elle autorise une isolation des toitures en continu sans pont thermique. Mais ce n’est pas la seule.
Depuis une bonne vingtaine d’années, voire plus, des industriels du secteur développent des systèmes tels que caissons chevronnés ou panneaux sandwichs qui sont trois en un : support de couverture, isolation (thermique et acoustique) et finition intérieure.
Adaptabilité
Si les panneaux sandwichs sont appréciés depuis longtemps pour les bâtiments industriels – dans ce cas, le bac acier assure aussi la finition extérieure de la couverture –, ils n’ont encore qu’un succès d’estime dans le secteur résidentiel, à l’instar des caissons chevronnés.
Ce qui est étonnant, car outre une isolation thermique et acoustique performante, ces procédés apportent en plus des gains en termes de volume habitable sous les combles et permettent de laisser une charpente apparente, le tout sans intervention à l’intérieur du bâtiment. De même l’intégration à un même produit du chevronnage et du parement en sous-face de l’isolation peut générer une économie substantielle.
Ils présentent également une bonne adaptabilité à tout type de toitures et ce, quel que soit le type de matériaux de couverture. La seule véritable difficulté, notamment pour les caissons chevronnés et les panneaux sandwichs, réside dans l’adaptation aux toitures qui multiplient les points singuliers tels que chiens assis, noues ou arêtiers. Dans ce cas, le sarking est probablement le plus adapté. Mais l’ensemble des fabricants ont développé des solutions adaptées à chaque configuration.
Préparation du chantier
Le bon déroulement des travaux est conditionné par un travail préparatoire sur la charpente de manière à obtenir une planéité parfaite. Les panneaux sont rectilignes et plans, ils demandent donc un support qui le soit également. Ce n’est normalement pas un problème dans le neuf.
Dans l’ancien en revanche, en fonction de l’état de la charpente, un recalage des fermes et des chevrons sera nécessaire dans le cas du sarking. Il est essentiel aussi de soigner la jonction entre les éléments afin de garantir l’étanchéité à l’air. Celle-ci est renforcée par un pontage des joints à l’aide d’une bande butyle-aluminium par exemple.
Sachant que la plupart des produits sont proposés avec emboîtement. De même à l’instar d’un procédé d’ITE dédié à la façade, les points singuliers ne doivent pas se transformer en ponts thermiques. Aussi tous les accidents de toiture – chiens assis, fenêtres de toit, conduits de fumées, etc. – doivent-ils être soigneusement traités.
Solution 1 : Caissons chevronnés
© Unilin
Les caissons chevronnés intègrent un isolant, une sous-face intérieure et le chevronnage utile à la couverture.
Suivant les fabricants, l’isolant sera réalisé avec une mousse polyuréthanne projetée en continu entre les chevrons, des panneaux de polystyrène, des panneaux de fibres bois ou de laine minérale rigide. Il existe aussi des produits qui, en fonction des propriétés recherchées, mixent les types d’isolant.
La finition intérieure (le plafond), est maintenue sur l’isolant et parfois sur le chevronnage. La nature des matériaux est variable : plaques de plâtre, lambris, panneaux de particules... Les chevrons remplacent ceux d’une toiture traditionnelle, tout en raidissant le panneau.
L’épaisseur de l’isolant alliée au chevronnage garantit la rigidité et la solidité du caisson, ce qui permet de circuler en toute sécurité. Leur conception autorise la ventilation de l’ensemble de la sous-toiture (lame d’air de 2 cm au minimum). Leur mise en œuvre est réalisée à l’avancement, directement sur la charpente.
- Intérêt
- Support de couverture 3 en 1
- Système autoportant
- Limite
- Toiture très complexe
Solution 2 : Panneaux sandwichs
© STM
Comme leur nom l’indique, ces panneaux autoportants sont constitués d’un isolant pris en sandwich entre le parement intérieur et la sous-toiture.
A l’instar des caissons chevronnés, les finitions intérieures des panneaux sandwichs sont multiples : panneaux de particules de bois hydrofuge, plaques de plâtre, lambris, bois rainuré, panneaux acoustiques perforés…
Côté sous-toiture, le parement peut être constitué d’un panneau de particules d’épaisseur variable (3 à 10 mm), de planche de bois (volige) assemblées ou non et ou de l’isolant lui-même. Pour les toitures ventilées, des contre-liteaux, fixés au-dessus de l’élément de sous-toiture, servent de supports aux liteaux. Les panneaux reposent sur trois appuis.
L’espacement maximal des supports est variable ; il convient, dans tous les cas, de respecter l’entraxe donné par les fabricants au risque de voir le panneau s’affaisser sous le poids de la couverture.
- Intérêt
- Tout en un
- Autoportant
- Limite
- Toiture très complexe
Solution 3 : Sarking
© Recticel
Le sarking est un assemblage de différents composants, dont la pièce maîtresse est le panneau isolant.
Le procédé est constitué de panneaux isolants rigides de différente nature selon les fabricants : polystyrène expansé, mousse polyuréthane rigide (PIR ou PUR), panneau de fibres de bois, laine minérale...
Leur mise en œuvre comporte généralement trois étapes : pose d’un support (voligeage sur chevrons mélèze ou sapin du Nord taux d’humidité 14), d’un écran d’interposition (obligatoire en climat de montagne), des panneaux isolants. Viennent ensuite les éléments habituels nécessaires à la pose du produit de couverture (DTU série 40) : contre-lattes, écran de sous-toiture, liteaux.
Les panneaux isolants sont posés en une ou plusieurs couches croisées. Leur fixation est réalisée à l’aide de pointes torsadées ou cannelées. Le type et le nombre de pointes au mètre carré dépendent de la charge de neige, du poids et de la pente de la couverture. Disposés en quinconce, les panneaux, à bords généralement rainurés, sont bloqués en bas de charpente par des cales en bois.
- Intérêt
- Isolation continue sans pont thermique
- Manuportable
- Adapté au toiture complexe
- Limite
- Nombreuses étapes de pose
Solution 4 : Spécial rénovation
© Isover
Ces procédés à base de laine minérale, sous avis techniques, sont dédiés uniquement à la rénovation sans intervention dans les combles.
Mis en œuvre à l’interface charpente-toiture, ces systèmes sont composés, de l’intérieur vers l’extérieur, d’une membrane aux propriétés hygrorégulantes –elle supprime les risques de condensation dans le complexe existant à l’intérieur et assure l’étanchéité à l’air –, d’un isolant semi-rigide d’épaisseur variable pour l’isolation thermique et acoustique, d’un système de rehausse de chevrons si nécessaire et d’un écran de sous-toiture HPV pour protéger l’ensemble, neige poudreuse et autres.
Il s’adapte aux toitures des bâtiments résidentiels ou non résidentiels, de faible et moyenne hygrométrie, et aux couvertures conformes aux DTU de la série 40 quel que soit le parement intérieur du comble.
- Intérêt :
- Isolation continue sans pont thermique
- Pas d’intervention par l’intérieur
- Limites :
- Nécessite de refaire la couverture
Etude de calepinage
Avec les caissons chevronnés et les panneaux sandwichs, il est essentiel de réaliser en amont de la pose, une étude de calepinage. Un service proposé par la plupart des fabricants, qui permet d’optimiser les longueurs des panneaux, tout en limitant le taux de chute lequel est de l’ordre de 2% si le calepinage est bien réalisé.
Les fabricants proposent également un usinage spécifique tels que débords chevrons seuls, débords caissons vides, coupes biaisées, respect de l’angle du faîtage en fonction des caractéristiques de la toiture. Et ce, pour l'obtention de panneaux prêts à poser.
Panneaux et caissons : intégration de fenêtres de toit
En général, l’intégration et la découpe des fenêtres de toit sont réalisées après la pose de la totalité des panneaux ou caissons. Il est nécessaire de prévoir un chevêtre renforcé et le rapporter, soit dans une réserve défoncée dans le panneau, soit par dessous entre pannes, le chevêtre prenant appui sur les pannes les plus proches.
Dans le cas de panneaux sandwichs, un simple chevêtre de planche positionné sur le dessus des panneaux suffira. Il est préférable de le cadrer par l’extérieur pour assurer la répartition des efforts sur les panneaux adjacents. Certains fabricants proposent des chevêtres adaptés à leur panneau ou caisson.
Sortie de cheminée
Le passage est réalisé avec un chevêtre classique, la protection feu étant assurée avec un blocage en matériau incombustible (mortier, plâtre...). Il est indispensable de respecter les préconisations de sécurité feu requise entre la charpente et le conduit de fumée selon le NF DTU 24.1 « Travaux de fumisterie ». Les sorties de toits métalliques sont fixées par des tiges filetées reprises sur des entretoises positionnées sous le cadre du chevêtre.
Réussir la prescription
Un chantier qui donne satisfaction passe d’abord par une prescription réussie. Il est important, en effet, d’identifier la destination de l’ouvrage et les besoins du maître d’ouvrage, afin de prescrire le produit qui répondra à tous les critères du cahier des charges.
Premier d’entre eux : la tenue au feu. Important lorsque les panneaux sont mis en œuvre dans un ERP. Second critère : la performance thermique. Il convient de vérifier que les produits sont bien en phase avec la réglementation et permettent de bénéficier des aides, crédits d’impôts et autres. Troisième critère, la finition en sous-face. Les options sont nombreuses et ne se limitent pas à un aspect plâtre.
Autre point important : la consultation des documents techniques : avis technique, DTU des couvertures, prescriptions des fabricants, certificat Acermi et procès-verbaux d’essai pour la réaction au feu s’il y a lieu.
Source : batirama.com / Stéphane Miget / Photo d'ouverture : © Unilin