Comment aider les propriétaires et exploitants à être plus performants lors de la rénovation énergétique de leurs bâtiments ? La filière électrique* a créé un nouveau référentiel.
« Afin de mieux répondre aux clients investisseurs et aux maîtres d’ouvrage, l’ambition de ce nouveau référentiel est de rassembler les métiers qui contribuent à l’efficacité énergétique, la sécurité et le confort, en un mot à la gestion active d’un bâtiment », explique Jean-Marc Molina délégué général adjoint du Gimélec. « Il s’agit en effet d’expliquer et d’organiser les possibilités d’action sur la performance énergétique, de passer du système sanguin au système nerveux qui contrôle les actions, renchérit Jean-Claude Guillot, président de la FFIE. Les professionnels du bâtiment doivent travailler ensemble et non côte à côte : c’est une révolution pour tous ».
Un vide dans la réglementation
Au départ, deux constats. D’une part, le plus gros gisement d’économies d’énergie réside dans les bâtiments existants, d’autre part, il existe un vide dans la réglementation car il semblerait qu’aucun référentiel pour la rénovation ne voit le jour avant 2013. « Il s’agissait donc de répondre aux questions de nos clients pour atteindre une bonne performance énergétique : quelles sont les solutions existantes ? Laquelle est celle qui est le mieux adaptée à mon problème ? Pour quel coût et pour quel retour sur investissement ? renchérit Jean-Daniel Napar, président de l’ACR.
Eviter les tableaux de bord et déceler les problèmes
Pour améliorer la performance énergétique, trois étapes différentes sont impératives : savoir contrôler avec la mesure et le comptage, analyser pour comprendre et enfin corriger sur le bâti comme sur les équipements. C’est ainsi que, pour correspondre aux contrats d’exploitation P1, P2 et P3, une classification en trois échelons a été mise en place : EE1, EE2 et EE3, chacune intégrant la précédente et permettant d’éviter les tableaux de bord et de comprendre plus rapidement les dysfonctionnements majeurs.
- Le niveau EE1, est axé sur la mesure des consommations d’énergie, qui permet de savoir où et comment agir, de vérifier la conformité aux réglementations en vigueur et de répondre aux normes 14001 et 16001 (environnement et développement durable). Les données primaires sont récupérées à partir de compteurs tarifaires. Ensuite, un comptage divisionnaire permet de séparer les consommations et les usages. Communiquant entre eux, les compteurs doivent être très résistants (par rapport aux harmoniques, par exemple) afin de donner les données les plus exactes possibles. Le contenu de ces informations est ensuite adapté à chaque personne concernée, du gestionnaire de patrimoine à l’usager (notons au passage que cette démarche donne lieu à la création d’un nouveau métier : le gestionnaire d’énergie ou Energy Manager).
- Le niveau EE2 s’appuie sur deux types d’actions : les actions par usage (chauffage, rafraichissement, ECS, éclairage et auxiliaires) et l’action globale pour tous les usages, sachant que « 50% des économies d’énergie pour un usage (le chauffage par exemple) apporte 10 % sur un plan globale », précise Jean-Daniel Napar. On s’appuie ici sur la norme NF EN 15232 qui compte 4 niveaux : de A, le plus efficace (régulation et GTB à fort rendement énergétique) à D (régulation et GTB peu rentables, voire inexistantes). La simple utilisation de cette norme permet des économies qui peuvent aller jusqu’à plus de 50 %.
- Quant au niveau EE3, il est au carrefour de l’optimisation de l’enveloppe et de l’action sur les équipements du bâtiment (actions sur le bâti comme avec l’automatisation des occultants, par exemple).
Et les installateurs dans tout ça ?
Comme l’a conclut Jean-Claude Guillot, les électriciens connaissent et installent déjà tous les systèmes qui augmentent l’efficacité énergétique. « Mais ils doivent être spécialisés dans la gestion active des bâtiments, martèlent-il. Si les équipements en matière de performance énergétique ne sont pas nouveaux, les nouveaux objectifs dans ce domaine nous obligent à aller plus loin. Le métier de l’électricité doit s’élargir à d’autres compétences que la technique pure. Le chantier est vaste mais notre profession a toujours su montrer que nous nous adaptions facilement aux évolutions… »
Source : batirama.com / Michèle Fourret
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Gimélec
- Groupement des industries de l’équipement électrique, du contrôle-commande et des services associés
ACR
– Syndicat des Automatismes du génie Climatique et de la Régulation pour l’efficacité énergétique des bâtiments
FFIE
– Fédération Française des entreprises de génie électrique et énergétique