En attendant l?application effective des Eurocodes pour les planchers et ossatures en béton, les méthodes de calculs actuelles restent en vigueur.
Dans l’univers des planchers et ossatures, deux familles de produits peuvent d’ores et déjà être dimensionnées selon les Eurocodes. Les NF DTU des planchers à dalles alvéolées préfabriquées en béton et des ossatures en éléments industrialisés en béton sont publiées. Le texte relatif aux planchers à prédalles industrialisées en béton est en cours de rédaction.
L’application des Eurocodes serait-elle donc effective ? Théoriquement oui, mais en pratique, les méthodes de calcul actuelles sont encore utilisées. Les Eurocodes définissent les règles de conception et de dimensionnement des ouvrages. Ils doivent remplacer les méthodes “ nationales ” utilisées encore maintenant. Ils commencent à être mis en place dans le domaine du bâtiment. Et ils se substituent progressivement aux méthodes pratiquées.
Dans le but d’éclairer cette situation transitoire, nous nous sommes entretenus avec Jean-Paul Py, président de la commission technique Planchers Ossatures de la FIB, Fédération de l'Industrie du Béton.
Bâtirama : Quelles familles de produits en béton sont concernées par la transition en cours ?
Jean-Paul Py :
Trois familles d’éléments préfabriqués en béton sont actuellement concernées par la transition entre les méthodes “ anciennes ” et les méthodes “ futures ” : les planchers à dalles alvéolées préfabriquées en béton, les ossatures en éléments industrialisés en béton (poteaux et poutres) et les planchers à prédalles industrialisées en béton.
Le changement est-il imminent ?
J-P Py :
Non, pour des raisons de fond et des raisons de circonstances. Les raisons de fond concernent la nécessaire homogénéité des textes avec les Eurocodes. Sur le plan réglementaire, les décrets et arrêté relatifs à la réglementation parasismique ont été publiés récemment. Nous sommes en attente des textes relatifs à la sécurité incendie. Des normes nationales, nécessaires au calcul des fondations, sont toujours en préparation. Les raisons de circonstances sont relatives à la difficulté, pour l’ensemble des acteurs, d’intégrer ces nouvelles approches. Tous les intervenants doivent utiliser le même référentiel pour concevoir l’ouvrage. La perte de productivité liée à l’utilisation de nouveaux logiciels et les besoins en formation constituent un frein au changement.
Comment se déroule la période transitoire avant l’application des Eurocodes ?
J-P Py :
L’application obligatoire des Eurocodes est différée, même si leur utilisation est possible dans une démarche volontaire. Aujourd’hui et pour quelque temps encore, les ouvrages sont majoritairement dimensionnés suivant les règles BAEL et BPEL (béton armé ou précontraint aux états limites).
En prévision de ces évolutions, les industriels de la Fédération de l'Industrie du Béton (FIB) se sont engagés dans la mise en place de marques de qualité NF pour des procédés relevant jusqu’alors de la procédure d’Avis Technique et bénéficiant d’un long retour d’expérience, et dans la rédaction de DTU :
- NF DTU 23.2, Planchers à dalles alvéolées préfabriquées en béton ;
- NF DTU 23.3, Ossatures en éléments industrialisés en béton (poteaux et poutres) ;
- NF DTU 23.4, Planchers à prédalles industrialisées en béton, n’est pas encore achevé.
Comment doit-on passer les marchés ?
J-P Py :
La totalité d’un ouvrage, (fondations, poteaux et poutres), doit être calculée de façon homogène. Le maître d’ouvrage se doit de définir les règles à appliquer pour chaque bâtiment à construire : soit les Eurocodes, soit les méthodes actuellement en vigueur. Durant cette période transitoire, dans le cas où les Eurocodes ne sont pas explicitement prescrits, les industriels de la FIB proposent à leurs clients des produits conçus suivant les référentiels existants. Ces produits, conformes aux normes européennes, bénéficient de la marque NF, et sont dimensionnés selon le Cahier des Prescriptions Techniques communes au procédé élaboré par le GS3.
Source : batirama.com / Pascal Graindorge