Selon Philippe Guillermain, expert judiciaire et spécialiste de la pathologie liée aux fondations, ce sujet fait de plus en plus peur aux assureurs.
Les raisons de la multiplication des sinistres liés aux fondations sont multiples :
- Les matériaux utilisés pendant des siècles étaient le bois et la pierre, qui s’adaptent bien aux déformations, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui où l’on emploie des systèmes très rigides.
- Les temps de construction ont changé: le sol avait le temps de s’adapter à la construction d’une cathédrale qui durait des siècles. A l’heure actuelle une construction est réalisée en quelques mois et c’est pendant la durée de service que le bâtiment réagit aux mouvements des sols, hors décennal
- La nature du sol est dégradée car les constructions se retrouvent de plus en plus sur de mauvais sols.
- L’espèce humaine est incorrigible. Comme les fondations ne se voient pas, on y met moins d’argent que pour les façades. En outre, l’économie de marché pousse à la concurrence, menant à une confusion entre optimisation et prise de risques inconsidérée.
- Les DTU de fondations accusent un grand retard, comportant même pour certains de vraies erreurs, ce qui est dangereux.
Concernant les différents types de fondations existants, Philippe Guillemain reste optimiste pour les fondations superficielles qui ne concernent vraiment que le pavillonnaire, secteur dans lequel le défaut de raideur des structures est le principal responsable : il suffit donc de rigidifier les structures.
Quant aux fondations semi-profondes, elles disparaissent peu à peu et les ouvrages sont plutôt remplacés par des mini- ou des micro-pieux. Du côté des pieux, la réglementation fonctionne bien, l’essentiel étant de choisir le bon pieu en fonction du contrôle géologique.
Enfin, concernant les techniques d’amélioration des sols, les seules qu’il soit vraiment intéressant d’évoquer selon l’expert, sont les inclusions souples ou rigides (intéressantes en zone sismique), qui permettent de densifier les sols et de renforcer les fondations.
Toutefois, on ne sait pas encore dimensionner les colonnes balastées face au tassement et le DTU est ici aussi à la traîne. « Il n’existe pas de consensus sur ce point entre les BET, le contrôle, les entreprises. Sur certains points, nous n’en sommes ici encore qu’au stade de la recherche. Il conviendrait donc de connaitre les calculs exacts avant d’inonder le marché avec certains produits de ce type » conclut-il.
Source : batirama.com/ M. Fourret
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