La RT 2012 impose un plafond annuel de consommation, à l?image des exigences de la basse consommation. Une évolution indispensable, mais non sans contraintes. Explications.
Face à l’urgence d’agir contre la dégradation de notre planète, les Pouvoirs Publics proposent, à travers les lois “Grenelle 1 et 2”, des mesures radicales. Elles visent notamment à lutter contre le changement climatique, mieux protéger la biodiversité et les milieux naturels et prévenir les risques pour l’environnement et la santé.
La loi “Grenelle 1”
Avec 21 % des émissions nationales de gaz à effet de serre et une consommation d’énergie finale de plus de 40 %, le secteur du Bâtiment représente le principal gisement d’économie d’énergie exploitable immédiatement par le Gouvernement. De fait, l’article 4 de la loi “Grenelle 1”, publiée au Journal Officiel le 3 août 2009, prévoit des objectifs pour la réglementation thermique des bâtiments neufs.
Cette dernière s’attachera à susciter une évolution technologique et industrielle significative dans les domaines de la conception et l’isolation des bâtiments, et pour chacune des filières énergétiques, dans le cadre d’un bouquet énergétique équilibré, faiblement émetteur de gaz à effet de serre et contribuant à l’indépendance énergétique nationale.
50 kWh/m2.an en moyenne
C’est ainsi que les bâtiments résidentiels neufs, faisant l’objet d’une demande de permis de construire déposée à compter du 1er janvier 2013, ne devront pas présenter une consommation d’énergie primaire supérieure à 50 kWh par mètre carré et par an en moyenne.
Cette exigence est reprise de l’arrêté ministériel du 3 mai 2007 définissant les valeurs minimales à atteindre dans le cadre de la labellisation de niveau 5 “Haute Performance Energétique”, le label BBC 2005.
L’échéance est portée au 1er juillet 2011 pour les bâtiments publics, ceux affectés au secteur tertiaire et les logements réalisés en zone d’aménagement et de rénovation urbaine (ANRU), neufs.
Des compléments dans la future “RT 2012”
Les objectifs de la future “RT 2012”, dont la publication est prévue pour novembre prochain, complèteront ceux de la loi “Grenelle1”, en précisant les points suivants :
- les exigences de consommation et de critères techniques (localisation géographique, caractéristiques et usage des bâtiments) seront modulées ;
- un seuil de besoin maximal en énergie de chauffage des bâtiments sera ajouté afin de garantir la qualité de conception énergétique du bâti.
Ces objectifs sont basés sur 3 exigences majeures de résultats :
- une exigence d’efficacité énergétique minimale du bâti (besoin climatique ou “Bbiomax”) ;
- une exigence de consommation maximale d’énergie primaire (“Cmax”) ;
- une exigence de confort en été.
Elles sont associées à des exigences complémentaires de moyens afin de garantir la qualité de mise en œuvre et le confort d’habitation, accélérer le développement des énergies renouvelables ou, tout simplement, pour le bon usage du bâtiment.
Cette nouvelle réglementation se veut donc plus simple et plus lisible, avec des exigences qui se concentrent principalement sur la performance globale du bâtiment, permettant ainsi une plus grande liberté dans la conception des bâtiments.
Bien réussir une maison BBC
Réussir un Bâtiment Basse Consommation s’obtient par l’addition d’un choix spécifique en termes de conception et d’équipements connus. La réalisation d’un tel bâtiment ne génère pas de véritable révolution dans les solutions à mettre en œuvre. Il s’agit, avant tout, de savoir associer de manière harmonieuse et intelligente, les meilleures techniques et technologies déjà présentes sur le marché.
Une enveloppe étanche
Le but premier est de réduire les besoins de chauffage l’hiver et de climatisation l’été, en limitant les déperditions au niveau de l’enveloppe du bâtiment. Outre le choix de matériaux possédant de bons coefficients thermiques, il faudra penser, par exemple, à privilégier la pose de menuiseries à rupture de ponts thermiques, prendre grand soin dans la mise en place des boîtiers électriques (pieuvres étanches, pose au silicone…), etc.
Traiter les ponts thermiques revient à agir directement sur les fuites de chaleur, génératrices d’un gaspillage d’énergie non négligeable et, ainsi, permettre la création d’une enveloppe étanche.
Une conception bioclimatique
La démarche bioclimatique cherche à composer avec le climat environnant. L’enveloppe du bâtiment devra ainsi tirer profit du climat afin de rapprocher au maximum ses occupants des conditions de confort en toutes saisons, et de réduire les besoins énergétiques, aussi bien ceux liés à la construction du bâtiment que ceux liés à son exploitation.
Ainsi, tout aura son importance :
- l’implantation et l’orientation du bâtiment, dont le choix reposera sur les caractéristiques du site telles l’ensoleillement, les variations de températures, les vents, la topologie du terrain et les éventuels obstacles proches (bâtiment, végétation, etc.). C’est ainsi qu’une orientation des baies vitrées Sud-Est/Sud-Ouest sera privilégiée. Elle pourra assurer une économie de chauffage pouvant aller jusqu’à 30 % de la consommation moyenne et pourra limiter efficacement l’inconfort résultant d’une surchauffe estivale ;
- la distribution et l’orientation des espaces. En effet, le cloisonnement permettra de répondre aux ambiances thermiques différentes des espaces afin de répartir et conserver au mieux la chaleur. La création d’espaces tampons (espaces non chauffés tels garage, cellier ou peu chauffés tels cuisine, couloir, etc.) jouera un rôle de zone intermédiaire entre l’intérieur et l’extérieur ;
- etc.
Une isolation thermique performante
L’isolation est un des paramètres clés dans la réussite d’un Bâtiment Basse Consommation. Quel que soit le type d’isolation thermique choisi (répartie, par l’intérieur ou par l’extérieur), la performance maximale de l’isolation sera recherchée.
Pour se faire, le choix des matériaux et, bien évidemment, la qualité de leur mise en œuvre devront se faire avec rigueur.
Une perméabilité à l’air faible
La perméabilité à l’air d’un bâtiment, deuxième point clé pour la réussite de l’obtention d’un BBC, caractérise sa sensibilité vis-à-vis des écoulements aérauliques parasites causés par les défauts d’étanchéité de son enveloppe, autrement dit, la qualité de la mise en œuvre de tous les composants et des parois (voir schéma ci-dessous).
Elle se quantifie par la valeur du débit de fuite traversant l’enveloppe sous un écart de pression donné.
Pour l’obtention du label BBC, le niveau maximal de perméabilité à l’air exigé par la réglementation
est de 0,6 m3/h.m2.
La mesure, effectuée sous 4 Pa, conformément à l’arrêté du 24?mai 2006, est réalisée selon la norme NF?EN?13829 et son guide d’application GA P50-784, par des personnes respectant la procédure “d’autorisation pour les mesureurs de perméabilité à l’air” mise en place par le ministère en charge de la construction et en accord avec les organismes certificateurs.
Système de renouvellement de l’air efficace
Avec l’isolation thermique et l’étanchéité à l’air, la ventilation est le troisième point clé dans la réussite “BBC“. En effet, dans un bâtiment bien isolé et étanche à l’air, l’utilisation d’une ventilation mécanique contrôlée performante s’avère incontournable, à plusieurs niveaux, car elle permettra?:
- d’assurer la qualité de l’air intérieur en apportant un air neuf ;
- d’évacuer les pollutions dans l’air telles odeurs, produits chimiques, humidité produite, etc. ;
- de maîtriser le confort thermique et acoustique du bâtiment ;
- d’améliorer la performance énergétique du bâtiment en optimisant la qualité de l’air renouvelé ;
- de protéger le bâtiment des dégradations dues, par exemple, à l’humidité.
Des objectifs en fonction de la rigueur climatique
En France, le niveau de performance de la basse consommation correspond à celui du niveau 5 du label “Haute Performance Energétique”. Il représente une consommation énergétique du bâtiment qui ne doit pas dépasser 50 kilowattheures d’énergie primaire par mètre carré de surface hors œuvre nette et par an.
Cet objectif est modulé en fonction de la zone climatique (coefficient a) et de l’altitude (coefficient b), afin de s’adapter aux différents climats régionaux. Le coefficient de zone climatique (a), est augmenté de 0,1 lorsque l’altitude de la construction est comprise entre 400 et 800 m et de 0,2 si l’altitude est supérieure à 800?m.
La formule de la consommation d’un Bâtiment Basse Consommation s’exprime donc sous la forme :
CBBC ≤ 50 x (a+b)
De cette relation découle la carte présentée ci-contre où les valeurs de l’exigence de consommation varient entre
40 et 65 kWhep/m2.an, selon les régions.
Quels labels BBC en France ?
En France, trois labels existent en matière de BBC : Effinergie (français), Minergie (suisse) et Passivhaus (allemand). Nous nous limiterons ici à détailler le label français.
Effinergie est un label de qualité certifiant des constructions neuves ayant une très faible consommation d’énergie et offrant un confort supérieur à la moyenne.
Les bâtiment neufs ainsi labellisés consomment 4 à 5 fois moins d’énergie que la plupart des bâtiments existants et moitié moins que les constructions neuves réalisées selon la réglementation actuelle, puisque l’objectif de consommation d’énergie primaire est celui défini règlementairement, à savoir 50 kWh/m2.an en moyenne nationale, modulé selon les régions, comme vu précédemment.
La mesure de perméabilité à l’air est obligatoire pour tout logement BBC-Effinergie (< 0,6 m3/h.m2 en maison individuelle et < 1 m3/h.m2 en logements collectifs).
Ci-dessous, un tableau comparatif des 3 labels européens :
En savoir plus :
Les mesures fiscales
Construire une maison BBC n’est pas inaccessible, les Pouvoirs Publics ayant mis en place de nombreuses mesures pour aider les futurs acquéreurs. C’est ainsi que ces derniers, selon conditions, pourront prétendre :
- au crédit d’impôts sur les intérêts d’emprunt ;
- au crédit d’impôt en faveur des économies d’énergie et du développement durable ;
- au prêt à taux 0 (PTZ) ;
- à une éventuelle exonération de la taxe foncière pour les logements neufs économes en énergie ;
- au dépassement de COS de 20 % au profit des bâtiments à performance énergétique.
S’ajoutent à ces mesures, des aides complémentaires pouvant provenir de l’Ademe, Effinergie, certaines collectivités locales et voire même quelques prêts “environnement” de certaines banques.
INFOS PRATIQUES
Quelques sites internet
Textes de référence
- Arrêté du 24 mai 2006 relatif aux caractéristiques thermiques des bâtiments nouveaux et des parties nouvelles de bâtiments
- Arrêté du 8 mai 2007 relatif au contenu et aux conditions d’attribution du label “haute performance énergétique”
- Loi n° 2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre
du Grenelle de l’environnement (1)
- NF EN 13829 : Performance thermique des bâtiments - Détermination de la perméabilité à l’air des bâtiments - Méthode de pressurisation par ventilateur
- GA P50-784 : Performance thermique des bâtiments - Guide d’application de la norme NF EN 13829
Les textes réglementaires sont disponibles gratuitement sur le site www.legifrance.gouv.fr. Les normes sont disponibles dans la librairie de notre boutique.
Source : batirama.com / M.P.