Trois muraillers se sont associés pour créer ce mur de clôture paysager, en pierre sèche, qui protège une piscine extérieure des assauts du mistral, dans la vallée du Rhône.
Quoi de plus esthétique qu’un mur en pierre sèche pour délimiter le jardin de ce mas situé dans le Vaucluse?? Le mur à double parement décrit un arc de cercle autour d’une piscine qu’il protège du vent du Nord. Ce chantier typique de l’activité de bâtisseur en pierre sèche est l’œuvre de trois artisans de l’association des Muraillers de Provence.
Un puzzle en 3 dimensions
Ils ont opté pour du marbre de Tavel, extrait de la carrière Lugan, située à 25?km du chantier. Après avoir empierré la tranchée de fondation avec de la grave incompressible (concassé calcaire de 8-10 cm de diamètre), sur 60 cm d’épaisseur et 80 cm de large, ils montent le premier rang. La base du mur est large de 70 cm. Le double parement consiste en l’agencement sur deux faces, de grosses pierres dont la taille avoisine la moitié de l’épaisseur du mur. Inclinées vers l’intérieur, elles matérialisent un berceau. Ces pierres de parement sont montées à joints couverts au tiers ou à la moitié et dans tous les sens. L’imbrication dans les 3 dimensions donne une cohésion d’ensemble, qui évite les faiblesses.
Pierre de calage et de blocage
Outre les pierres de parement, apparentes, le mur est constitué, dans son épaisseur, de pierres de calage, qui verrouillent les pierres de parement, et de pierres de blocage qui remplissent les interstices selon un montage bien précis. Ces dernières forment le drain. Le travail en équipe demande que chacun connaisse et respecte le style des autres. Dans le cas présent, le maître d’ouvrage ayant laissé toute liberté aux 3 artisans, ces derniers se relaient à leurs postes respectifs au cours de la journée, mélangeant leur style tout en veillant à l’harmonie de l’ensemble. Le fruit du mur, déterminé au départ, est respecté grâce aux poteaux et aux cordeaux qui guident le murailler. Celui-ci incline la pierre “au fruit”. Les deux faces de mur s’appuyant l’une sur l’autre, le fruit ne doit pas être trop réduit, pour éviter un glissement. Le fruit et l’orientation des pierres jouent sur le captage de la lumière. Ici, le mur en calcaire, orienté au sud-ouest et presque blanc, réfracte fortement le rayonnement solaire de l’après-midi vers la piscine, qu’il va contribuer à réchauffer. Un mur de pierre sèche comprend au moins 30?% de “vides”, qui permettent le drainage de l’eau. Le rythme de travail, qui est de 1,5 m2 par jour (7 h de pose) et par murailler, en moyenne. Le faîtage, constitué ici de pierres de couronnement épaisses et lourdes, pourra être habillé de jarres garnies de plantes retombantes.
Source: batirama.com / E. Jeanson
Les plus grosses pierres de fondation sont posées sur tout le linéaire.Elles forment une assise stable et solide qui supportera le poids du mur.
Le montage de l'épaisseur demande des croisements particuliers des joints, aussi bien dans la hauteur que dans l'épaisseur.
Pour empêcher une pierre de branler, il faut la caler en la stabilisant sur 3 points d'appui, la cale servant également à orienter la face de parement.
Le remplissage est primordial car il solidifie et rigidifie la structure des deux parements. En densifiant l'ouvrage, il facilite également la pose du rang suivant.
La pose de boutisses, qui traversent les 2/3 ou les 3/4 du mur, et de boutisses parpaignes, traversant toute l'épaisseur du mur, est nécessaire tous les m² afin de solidariser les parements entre eux.
Au plus haut de la "vague", à 2.2 m de hauteur, le mur est épais de 40 cm. Le fruit est de 7 des 2 côtés, soit 14 cm par m de hauteur.
La hauteur moyenne est de 1.8 m.
Le type de pose est "rustique" mais avec une taille assez prononcée de la pierre.
Les outils de taille.
• Lieu : Caderousse (84)
• Projet : 40 m2 de mur
pare-vent de clôture
• Montant des travaux :
8?000?€ TTC
• Durée des travaux : 2 mois et demi pour 2 personnes à plein temps,
soit environ 300 heures de travail.
• Artisans : La compagnie des pierres, Avignon (84) et
Gens des pierres, Moustiers Sainte Marie (04)
Un guide de bonnes pratiques
Des artisans, issus de différents territoires et pratiquant divers types de pierre ont confronté leur savoir et leur savoir-faire pour réaliser le Guide de bonne pratique de construction de mur de soutènement en pierre sèche, paru ces jours-ci (fin janvier 2008). Premier ouvrage de référence technique, il est destiné aux artisans, architectes, ingénieurs et architectes paysagistes, mais servira également de référence aux experts et assureurs. Il décrit les gestes, le choix des pierres, leur calage, leur positionnement et leur rôle dans la maçonnerie. Par ailleurs, les Artisans bâtisseurs de pierre sèche (ABPS) dirigent un travail national, en coopération avec les Muraillers de Provence et la Confrérie des bâtisseurs en pierre sèche, sur la qualification de “bâtisseur en pierre sèche”, ou de “maçon à pierre sèche”, ainsi que sur la formation de formateur.
En savoir plus?: Claire Cornu?: 04 90 80 65 61 - agent.eco@cm-avignon.fr - www.cm-avignon.fr
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Une démarche innovante de développement durable
Stabilité et drainage des sols, esthétique, faible impact sur l’environnement, les atouts de la construction à pierre sèche sont nombreux. Les multiples possibilités d’agencement des pierres entre-elles expliquent la diversité des ouvrages. L’aspect d’un mur résulte de la combinaison du choix du matériau et du savoir-faire du constructeur. Le premier influe par la forme, la couleur, la taille des pierres mises en œuvre et le second par son habileté, son sens esthétique, son inspiration.